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La seule issue que peut être parfois la musique

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, La Grande Époque
08.07.2010
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  • Aleksei Guskov dans son rôle d’Andrei Filipov dans le film Le Concert (攝影: / )

Après le visionnement de sa bande-annonce dévoilant un peu trop les coutures de l'œuvre, il serait justifiable de se demander si Le Concert n'est pas une réplique russe du film français Les Choristes. Est-ce seulement une impression puisque François Berléand joue un rôle similaire? Heureusement, on dépasse ce standard bien valable en soi. Devant l'émerveillement promis, cette série d'allées et venues européennes oscillant entre les zones de confort et d'inconfort russes et françaises se révèle un délice aux multiples saveurs pour la plus grande joie des spectateurs.

Dépouillé en pleine gloire de sa profession de chef d'orchestre du prestigieux Orchestre Bolchoï il y a trente ans, Andrei Filipov (Aleksei Guskov) a depuis eu ce vide abyssal en lui, jusqu'au jour où la plus improbable opportunité jaillit lors d'une journée de travail ordinaire comme homme de ménage : reprendre les rênes du Bolchoï. Vous aurez deviné que cela vient avec une grande série de risques et d'innombrables sacrifices.

Le Concert est loin d'être un film familial gai coulant autour de quelques petites pierres en guise de péripéties. Le réalisateur Radu Mihaileanu a su bien contrebalancer humour authentique et contexte historique accablant, il est arrivé à créer une œuvre à la fois corsée et mélodieuse. Il s'agit d’une des rares occasions cinématographiques contemporaines de renouer avec l'essence de la beauté, ici, à travers la musique classique (du grand Tchaïkovski) ainsi que la chaleur et la grande poésie de l'âme slave.

Le scénario est ficelé de manière à ce que les rebondissements ne se volatilisent pas aisément et nous rendent vraiment confus quant aux futurs dénouements et cela jusqu'à la dernière scène. Les personnages maculés de leur mal de vivre ne blaguent que très rarement, non seulement à cause de leur histoire et de leur vie devenue misérable, mais parce qu'ils jouent le tout pour le tout afin de réussir à se produire à Paris. À un moment donné, la femme d’Andrei Filipov lui dit amoureusement que s'il n'entreprend pas ce rêve fou, elle demandera le divorce! C'est plutôt dans leur tendresse, dans leurs qualités étonnantes et dans les quiproquos que le plaisir de suivre ces exaltés russes se trouve. Le cinéphile se fait emporter par un flot d'émotions qui ne peut le conduire qu'à développer une admiration et une sollicitude à l'endroit de la démarche téméraire du protagoniste principal.

Les passions peuvent-elles transcender les opinions politiques? Les convictions ne peuvent-elles pas devenir réalité à travers la passion de la musique? Est-ce que la musique peut pousser à l'obsession? Peut-on porter allégeance à la musique et renoncer à celle vouée au drapeau?

Radu Mihaileanu a réussi cet exploit de démontrer qu'une musique juste peut amener littéralement à apaiser, soulever et nourrir tout un chacun, peut-être pas au même degré que la finale du film/livre Le Parfum (du roman portant éponyme), adapté au grand écran par Tom Tykwer, mais tout de même.

 

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