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Recherchés par Interpol: meurtriers, terroristes... et un expert en vin

Écrit par Stephen Jones, La Grande Époque
01.08.2010
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  • L'entrée du quartier général d'Interpol à Lyon, France(Staff: JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / 2010 AFP)

DUBAÏ – La liste des personnes les plus recherchées par Interpol inclut les noms de certains terroristes et meurtriers les plus notoires. Jusqu'à tout récemment, elle contenait également un autre nom : celui d'un expert en vin de renommée internationale, Pancho Campo.

Campo, qui vient de réussir à faire retirer son nom de la liste d'Interpol, l'organisation policière internationale, a pour la première fois appris qu'il était recherché en traversant les services de l'immigration de l'aéroport Paris-Charles de Gaulle.

«C'était la première fois que j'ai pris connaissance du mandat d'arrêt d'Interpol», a-t-il déclaré l'année dernière au magazine spécialisé en vins Decanter.

«Ils m'ont gardé pendant deux heures environ et ont ensuite présenté des excuses. Ils m'ont conseillé de trouver un avocat.»

Pancho Campo a été accusé d'abus de confiance dans un conflit commercial à Dubaï en 2003. Il a été reconnu coupable et condamné par contumace.

Bien que le crime n'était à l'origine pas assez grave pour que le nom de Campo soit ajouté à la liste de personnes recherchées par Interpol, les accusations ont mystérieusement été élevées au rang de «fraude».

Le cas de Campo illustre l'utilisation grandissante des notices rouges d'Interpol (pour demander l'arrestation et l'extradition d'individus recherchés conformément à un mandat d'arrêt) par les Émirats arabes unis.

Le pays, qui considère que manquer à son obligation de rembourser une dette de carte de crédit est un crime passible d'une lourde peine de prison, fait partie des cinq principaux émetteurs de notices rouges dans le monde.

L'année dernière, les médias britanniques ont rapporté comment Roddy Bassett, un directeur commercial d'Exeter, en Grande-Bretagne, s'était lui-même retrouvé sur la liste des personnes recherchées par Interpol parce qu'il n'avait pas payé une amende de 1300 $ à une agence de location de voitures.

Roddy Bassett, dont le nom a depuis été retiré, avait décrit la situation comme étant un «cauchemar orwellien».

«Est-ce une raison pour m'ajouter à une liste de gens les plus dangereux en Grande-Bretagne ou dans le monde?», s'était-il plaint au quotidien The Independant à l'époque.

En tout, 221 personnes sont étiquetées par des notices rouges d'Interpol en raison de la soumission de leurs noms par la police des Émirats. En comparaison, les autorités australiennes ont soumis six noms et la police britannique seulement quatre.

Bien que des crimes causant de grands remous aient été commis à Dubaï ces dernières années, comme les assassinats d'un dirigeant du Hamas et d'un rebelle tchétchène, la grande majorité des notices sont émises contre des individus soupçonnés de fraude.

Il y en a actuellement 160 dans cette catégorie, en comparaison à 103 l'année dernière.

Radha Stirling, qui a mis sur pied l'œuvre caritative Detained in Dubai (Détenu à Dubaï), demande à Interpol de réviser ses liens avec les Émirats arabes unis.

Elle mentionne qu'Interpol ne passe pas en revue les soumissions effectuées par des signataires comme les Émirats et estime que leurs émissions de notices rouges sont injustes, ce qui peut affecter la réputation des personnes visées.

«Dans un système basé sur la confiance, et avec le manque de diligence convenable de la part d'Interpol, nous devons nous demander pourquoi autant d'autorité est accordé à des pays qui ont, de toute évidence, des systèmes judiciaires en développement et des cas documentés d'abus judiciaires», dénonce-t-elle dans un communiqué.

«Lorsqu'une personne est rapportée à Interpol, cela affecte sa vie d'innombrables manières. Il y a non seulement le choc et la détresse, mais aussi des dommages bien réels.»

Pancho Campo, qui a remis sa démission en tant que directeur de l'Académie du vin en Espagne afin de se dédouaner, a été incapable de visiter des membres de sa famille aux États-Unis, l'immigration lui refusant l'entrée.

«Que mon nom paraisse à côté de ceux des terroristes et des meurtriers m'a vraiment bouleversé et c'était complètement injustifié», a-t-il commenté au quotidien de Dubaï 7Days.

«Ce fut une longue bataille, mais je suis tellement content que nous ayons pu nous en sortir.»

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