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Une fracture paralysante entre le Hamas et l'Autorité palestinienne

Écrit par Gidon Belmaker, La Grande Époque
17.08.2010
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  • Des Palestiniennes prient à l'extérieur de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem durant le premier vendredi du ramadan, le 13 août 2010.(Stringer: AFP / 2010 AFP)

JÉRUSALEM – Alors que la pression diplomatique s'accentue sur l'Autorité palestinienne afin qu'elle négocie un accord de paix directement avec Israël plutôt que par l'entremise de l'émissaire américain George Mitchell, les Palestiniens entre eux font face à des obstacles. Le principal est l'animosité entre les groupes rivaux Fatah et Hamas.

Le Fatah est le parti actuellement aux commandes de l'Autorité palestinienne (AP). Avec les élections tenues dans les territoires palestiniens en 2006, le parti islamiste Hamas avait remporté une majorité de sièges. Une âpre lutte de pouvoir, parfois violente, s'en était suivie entre les deux entités, alimentée par l'irritation des États-Unis et d'Israël de voir une organisation jugée terroriste diriger l'AP. Malgré l'établissement d'un gouvernement d'unité nationale Fatah-Hamas sous les auspices de l'Arabie saoudite en mars 2007, le conflit entre les deux frères s'est quand même exacerbé, menant à la prise sanglante de la bande de Gaza par le Hamas en juin 2007.

Les efforts diplomatiques pour redémarrer le processus de paix sont dirigés essentiellement vers le président de l'AP, Mahmoud Abbas, tandis que les difficultés posées par le régime du Hamas sont en grande partie ignorées.

La fracture entre l'AP et le Hamas n'est pas uniquement géographique, mais pénètre tous les niveaux de la société palestinienne. La direction de l'AP dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, et la direction du Hamas à Gaza ne communiquent que par l'entremise de la médiation égyptienne.

Selon Elias Zananiri, un conseiller principal de Muhammad Dahlan – membre bien placé du Fatah – le conflit entre les deux directions n'est pas simplement une dispute entre les deux entités, mais bien un conflit entre deux programmes pour la société palestinienne.

L'un d'eux est un programme qui reconnaît la solution à deux États et la démocratie, et l'autre consiste en un programme islamiste radical qui considère la religion comme un moyen d'exercer un contrôle sur la vie des gens. Ces deux concepts ne sont pas circonscrits au Fatah ou au Hamas, mais sont plutôt devenus le symbole d'une lutte dans la société palestinienne, estime Zananiri.

Le leadership de l'Autorité palestinienne, constitué principalement de représentants du Fatah, a déclaré à plusieurs reprises que les négociations avec Israël devraient se baser sur les frontières de 1967 et un gel de la colonisation devrait survenir avant le début de ces négociations. Il est donc essentiellement prêt à discuter avec Israël, et à le reconnaître comme État, mais refuse de reconnaître son caractère d'État juif.

La position du Hamas est basée sur un rejet absolu d'Israël. Le dirigeant du Hamas, Khaled Mechaal, a récemment expliqué la position de son organisation sur ces questions à des participants d'un camp d'été.

«Voici la voie : ces camps, cette jeune génération, ce fusil, cet entraînement, ces tentes, ces lieux d'entraînement, ces habiletés en [maniement] d'armes et le kaki des vêtements militaires. Ça c'est la voie», a déclaré Mechaal dans un discours se référant également aux négociations avec Israël.

«[Les négociations] ne vont pas mener à la Palestine. Elles peuvent mener à Washington, elles peuvent mener à la destruction, mais elles ne peuvent certainement pas mener à la Palestine.»

Le discours de Mechaal était diffusé par Al Jazeera et des extraits ont été traduits en hébreu par le Intelligence and Terrorism Information Center israélien. Dans un entretien avec le journal de la branche jordanienne des Frères musulmans, Mechaal a étalé la stratégie du Hamas : la stratégie inclut la possibilité de discuter des arrangements politiques d'un cessez-le-feu, mais seulement si c'est à l'avantage du Hamas.

Conflit profond et de longue date

Le conflit entre le Hamas et le Fatah ne se limite pas seulement à l'espace physique qui sépare la bande de Gaza et la Cisjordanie. Il pénètre la société palestinienne et Zananiri ajoute que même en Cisjordanie, les représentants du Hamas exercent un contrôle serré au niveau local.

Aux côtés des représentants politiques du Hamas qui agissent dans le cadre politique, un réseau de militants du groupe est actif. Les autorités cisjordaniennes ont procédé à de nombreuses arrestations de ces militants, parfois en collaboration avec Israël.

Le Hamas s'est toujours présenté comme une alternative aux mouvements nationalistes laïcs et ne s’est donc jamais joint à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), une coalition de mouvements palestiniens. Avec la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en 2007, le fossé s'est creusé.

Le dernier gouvernement d'unité nationale établi en 2007 n'a survécu que quelques mois et s'est effondré après la prise de Gaza par le Hamas. De nombreux pourparlers ont été tenus entre le Hamas et le Fatah depuis. Chaque ronde de négociations n'a pas été en mesure de réconcilier les parties et de rétablir l'autorité de l'AP sur la bande de Gaza.

Quel processus de paix?

«L'Autorité palestinienne est tombée dans un piège politique. Ce piège a été préparé par la nouvelle administration à Washington et par le président Obama», affirme Zananiri. Il ajoute qu'après que le président américain a exigé d'Israël le gel de toutes constructions dans les colonies, les Palestiniens ont été forcés de reconnaître ce nouveau développement.

Maintenant, affirme Zananiri, même s'il semble que les Américains et les Israéliens ont trouvé un terrain d'entente, les Palestiniens doivent recevoir un certain nombre de garanties avant d'ouvrir des pourparlers.

Il estime que, dans les conditions actuelles, le nouveau développement ne sera pas assez pour permettre au président Abbas d'amorcer des négociations directes.

«[Les Palestiniens] refusent de négocier directement; ils ont parlé pendant 20 ans et n'ont rien reçu», déplore Zananiri.

Version originale : Hamas and the Palestinian Authority: Paralyzing Rift

 

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