DUBAÏ – Le chauffeur de taxi s'est avancé sur son siège pour observer d'un peu plus près la femme blonde occidentale en minijupe qui passait devant sa voiture.

«Même il y a 15 ans, les femmes ne pouvaient pas s'habiller comme ça à Dubaï», a commenté le chauffeur, un Pakistanais d'âge moyen affirmant habiter et travailler dans la ville depuis 25 ans.

«Les gens l'auraient attrapée et l'auraient violée», a-t-il ajouté, tout en faisant la motion d'agripper quelqu'un avec ses mains.

Je ne lui ai pas demandé si c'était commun, car je n’aimais pas l'étincelle dans son regard.

Pour de nombreux habitants de longue date de Dubaï, le carrefour commercial majoritairement sunnite des Émirats arabes unis, les changements qui sont survenus ces dernières années sont bouleversants.

Depuis les dix dernières années, la superficie de la ville a littéralement doublé, s'étendant au-delà du Hard Rock Café – maintenant fermé définitivement – qui marquait la fin de la civilisation et le début du désert.

Le développement rapide de Dubaï, propulsé par une croissance économique fulgurante, a incité des milliers d'Occidentaux et de touristes, comme Paris Hilton, à affluer vers l'émirat.

Cependant, cette nouvelle richesse peut être perçue par les habitants comme créatrice de problèmes. La semaine dernière (www.theepochtimes.com/n2/content/view/40462/), j'ai écrit au sujet d'une femme émiratie vêtue de manière conservatrice qui avait approché une touriste britannique dans un centre commercial pour critiquer sa tenue qui dévoilait beaucoup.

On rapporte que la touriste, dans une démonstration d'insensibilité culturelle, a répondu à son interlocutrice de se mêler de ses affaires avant de se déshabiller pour ne garder que son bikini en guise de bravade.

Comme c'est typique dans la presse britannique, qui est prompte à souligner à quel point les autorités de Dubaï sont en apparence déraisonnables, un tabloïd a rapporté que la touriste avait été accusée d'indécence.

J'ai discuté avec des responsables de la police qui ont indiqué que bien que la touriste ait été interrogée, aucune accusation n'avait été portée et elle n'a pas été formellement mise en arrestation.

Même si l’angle de la nouvelle avait déformé les faits, ce n'était pas complètement hors contexte.

En 2008, deux Britanniques ont été condamnés à la prison après des allégations selon lesquelles le couple aurait eu des relations sexuelles sur la plage.

Selon la partie demanderesse, la femme – fortement intoxiquée par l'alcool – aurait insulté un agent de police qui lui avait poliment demandé de circuler et lui aurait lancé un soulier à la tête (une insulte majeure dans le monde arabe).

Cette affaire a fait les manchettes dans le monde et, pour plusieurs, il s'agissait d'un exemple de la crise existentielle qui afflige Dubaï.

S'agit-il d'une ville libérale, ouverte, sur le bord de la mer avec des bars et une vie nocturne trépidante? Ou s'agit-il plutôt d'un État musulman profondément conservateur qui défend un ordre moral public avec une application arbitraire de la loi?

En vérité, Dubaï est un mélange des deux. D'un côté, il est légal de servir de l'alcool, mais de l'autre côté, être intoxiqué en public est une infraction.

Tandis qu'il est techniquement illégal pour un couple non marié de vivre ensemble, la pratique est commune dans tous les districts occidentaux de la ville et les autorités ferment les yeux sur la question.

Les relations sexuelles à l'extérieur du mariage sont strictement prohibées, mais la prostitution est complètement endémique dans la majorité des hôtels cinq étoiles de la ville.

Dubaï fait de son mieux pour plaire aux deux mondes : l'occidental, afin de ne pas aliéner une main-d'œuvre étrangère talentueuse, et le traditionnel, afin de ne pas générer de dissidence au sein de la population locale.

Afin de paraître justes aux yeux de ces deux mondes irréconciliables qui cohabitent dans la ville, les autorités sont tenues d’agir comme des équilibristes dans l’application arbitraire de la loi.

Version originale : A Clash of Civilizations, in Miniature