Léger, mais étoffé

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, La Grande Époque
26.08.2010

  • Rémy Girard dans une scène de Y'en aura pas de facile(攝影: / 大紀元)

Y'en aura pas de facile 

Avec une bande-annonce pourtant surchargée de stéréotypes humoristiques dont le Québec a de la difficulté à se départir, Y'en aura pas de facile stupéfait par sa candeur, par son rythme et son angle d'approche discontinu, sans oublier son ton berceur, aux antipodes du matériel promotionnel.

Après avoir gagné son pari avec prouesse pour son premier long métrage, Bluff (parmi les dix films ayant atteint le plus gros box-office québécois en 2007, en nomination au prix Génie, au Gala des Oliviers et au prix Jutra), Marc-André Lavoie reprend la chaise du scénariste et réalisateur (cette fois sans Simon-Olivier Fecteau) pour une autre comédie dramatique intitulée Y'en aura pas de facile. Certains ne pourront faire autrement que de faire un lien éclair avec cette immortelle réplique d'un ancien entraineur du Canadien de Montréal.

  • Rémy Girard dans une scène de Y'en aura pas de facile(攝影: / 大紀元)

Pour Réjean (Rémy Girard), y'en aura effectivement pas de facile. Son métier se résume à être ce que l'on pourrait définir de biographe pompeux, spécialiste pour enjoliver la réalité. Il se fait prendre à son propre jeu, alors qu'il doit écrire sa propre vie. Il tente de se concentrer sur le «vrai», mais chavire souvent malgré lui dans le «faux» qu'il sait si bien faire inventer.

On retrouve une frêle intrigue avenante qu'on cesse de considérer au bout de quelque temps puisque les personnages deviennent subitement romanesques et vibrants. Rémy Girard, narrateur à la robe de chambre, ne fait que dresser la table. Malgré cela, il continue sur la même vitesse de croisière comme acteur illustre. Célébrons le court mais combien crédible jeu de l'humoriste Rachid Badouri qui n'en est pas à sa première présence au cinéma (Le Toubib, 2006). Ayant aussi prêté sa voix à des personnages de films américains traduits, il demeure particulièrement dégourdi pour véritablement habiter un personnage.

  • Rachid Badouri(攝影: / 大紀元)

«Y a-t-il trop d'actrices et d’acteurs?», voilà une question pouvant retentir en voyant la longue liste de l'Union des artistes figurant dans la distribution de Y'en aura pas de facile.

Évidemment, le grand nombre de personnages ne permet pas une grande interprétation d’un des comédiens, cela reste certes une limite. C’est plutôt comme une invitation à un gros souper familial où tout le monde en ressort satisfait. À noter tout de même : l’interprétation de Nicolas Canuel, en voleur dénommé «Chuck», ainsi que celle d’Ève Duranceau, en Sophie, la copine de René (Emmanuel Bilodeau).

Le segment de la vie du fils de l'escorte (Susanne Clément) est singulièrement intéressant par la simplicité de l'écriture et de la transposition à l'écran. Les compositions musicales insérées dans le film valent une oreille attentive et, bien sûr, la chanson thème entraînante risque de rester dans votre tête pendant quelques jours.

Une comédie estivale bien sentie.