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Entrevue avec Frédérick Ste-Croix, président du Festival Musique du Bout du Monde

Écrit par Mathieu-Côté Desjardins, La Grande Époque
30.08.2010
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  • Même la rue s’anime lors du Festival Musique du Bout du Monde 2010(攝影: / 大紀元)

Faire découvrir la musique du monde aux Gaspésiens ainsi que valoriser la scène musicale locale, voilà ce que proposait le Festival Musique du Bout du Monde du 12 au 15 août dernier. Entrevue avec un jeune homme ayant compris que «Tous les chemins mènent à la Gaspésie», le président de l’évènement, Frédérick Ste-Croix.

Revenir aux sources de l'individu avant de soulever celles du Festival

La Grande Époque (LGÉ) : Pourriez-vous nous parler des origines du Festival Musique du Bout du Monde?

Frédérick Ste-Croix (F.Ste-C.) : Avant d'aborder les origines du Festival Musique du Bout du Monde, je ne peux passer à côté des miennes. Je suis originaire d'ici [Gaspésie], c'est-à-dire d'un petit village appelé Saint-Georges-de-Malbaie. J'ai fait une bonne partie de mon parcours scolaire à Gaspé. J'ai arrêté l'école après le cégep parce que je ne savais pas ce que je voulais faire. Je suis parti en voyage en Europe, comme plusieurs le font. Rencontrer plusieurs cultures m'a ouvert l'esprit et, en même temps, ça m'a fait comprendre que j'étais excessivement bien chez moi. Mes racines étaient peut-être plus ancrées que je ne le pensais. Je dois dire que j'ai décidé de voyager pas par désintérêt de ma région. J'ai toujours aimé la Gaspésie, je ne m'y suis jamais ennuyé. On pense toujours que c'est mieux ailleurs pour finalement réaliser que c'est extraordinaire chez nous, c'est quand tu te trouves loin que tu te rends compte à quel point c'est beau chez vous.

Si je remonte à mon enfance, les références musicales que j'avais étaient le country, le pop qu'il y avait à la radio. Une nouvelle dimension est apparue pour moi alors que j'écoutais un groupe qui mêlait à la fois la musique australienne aux rythmes africains. Les deux bras m'en sont tombés. Les émotions que ça a générées en moi... je n'avais jamais vécu quelque chose de la sorte! Les sons d'un tambour africain m'avaient profondément secoué.

Je me souviens, dans la première édition du Festival, qu’il y avait un groupe de percussions brésiliennes qui jouait dans la rue pendant le défilé. J'avais aperçu plusieurs personnes dans la foule qui pleuraient parce qu'elles n'avaient jamais entendu ça de leur vie. Pour un Montréalais, ça peut être banal. Mais pour des gens n'ayant jamais été en contact avec ça, c'est excessivement significatif. C'est littéralement la musique qui m'a amené à connaître davantage le monde. Ça a changé ma vie de façon draconienne.

LGÉ : Tout comme Boucar Diouf et d'autres gens que j'ai pu croiser au Festival, vous avez à la fois un intérêt scientifique et artistique pour ce qui vous entoure.

F.Ste-C. : Après le voyage, je suis arrivé à Montréal. Ce que je voulais faire était un peu plus clair. Je voulais étudier soit la biologie ou la musique. J'ai finalement décidé de me lancer en biologie et de garder la musique comme passe-temps. La nature et la culture sont pour moi une sorte de dualité dans mon épanouissement personnel. C'est d'abord lié parce que j'ai une passion pour le territoire sur lequel je vis ainsi qu'une curiosité : bien connaître et comprendre l'humain et l'environnement qui l'entoure.

LGÉ : Pourquoi avez-vous décidé de faire vos études à Montréal, alors que vous avez eu une réalisation sur votre coin de pays?

F.Ste-C. : J'ai choisi Montréal pour baigner dans un milieu multiculturel. C'est la variété musicale dont j'avais besoin à ce moment-là. J'ai vu tant de spectacles, j'allais chercher régulièrement des billets dans les maisons de la culture, etc.

LGÉ : Quand avez-vous eu cette prise de conscience pour partager votre passion?

F.Ste-C. : Après avoir vu un des nombreux spectacles musicaux à Montréal, je suis allé manger une soupe thaïlandaise avec des amis gaspésiens. On faisait un bilan pour prendre conscience à quel point ça nous avait transformé d'être en contact avec la musique du monde. Et je me suis dit que c'était tellement dommage que les gens en Gaspésie n'aient pas accès à des spectacles comme celui auquel on venait d'assister.

Une population prédisposée

LGÉ : Qu'est-ce qui vous faisait croire que la Gaspésie serait disposée à ce type d'évènement?

F.Ste-C. : Lorsque des gens de l'extérieur viennent en Gaspésie, la population a toujours été très curieuse de les connaître. J'ai toujours été convaincu que les gens de la Gaspésie étaient intrinsèquement curieux, mais ils n'avaient pas eu la chance d'assouvir leur curiosité. La Gaspésie demeure une région éloignée et, si on remonte à quelques décennies, il n'y avait pas tant de nouveautés.

Il faut dire qu'au départ, il y avait bel et bien des préjugés sur la musique du monde : des hippies, des drogués, des tambourineurs de tam-tam, etc. J'ai utilisé ce festival justement pour combattre cette fermeture d’esprit en proposant l’ouverture sur le monde, ce qui revient à une vertu fondamentale : le respect. Je voulais également stimuler le sentiment d’appartenance. Boucar et bien d’autres ont dit que ce projet de festival a aussi été un moteur économique. Je n’ai pas la prétention d’affirmer cela, mais c’est bon à entendre.

LGÉ : Quelle serait l’étincelle qui aurait déclenché le succès du Festival Musique du Bout du Monde?

F.Ste-C. : Les gens d'ici sont fiers de leur histoire, de leur géographie, de leur nature et surtout de leurs jeunes.

LGÉ : Selon vous, quel est l'ingrédient qui permet l'émergence de projets comme le vôtre en Gaspésie?

F.Ste-C. : En Gaspésie, tu es obligé d'être intègre et sincère puisque ce sont les mêmes visages que tu côtoies. Depuis ta naissance, les gens te voient grandir, sont témoins de ce que tu accomplis. Tu ne peux pas jouer des jeux ou un rôle que tu n'es pas. Tu peux adopter un style vestimentaire si tu le souhaites, mais on sait toujours qui tu es à la base.

Un bassin d'apprentissage pour le monde

LGÉ : Y avait-il d'autres objectifs derrière l'initiative de ce festival?

F.Ste-C. : Oui. Certainement. C'était non seulement important que les gens de la Gaspésie s'ouvrent sur le monde, mais c'était aussi crucial que le monde s'ouvre à la Gaspésie et qu'on partage notre passion pour la région.

LGÉ : Êtes-vous musicien vous-même?

F.Ste-C. : J'ai gratté d'abord de la guitare. Par la suite, j'ai été vraiment attiré par les percussions. Je suis devenu musicien avec le temps. Cette expérience m'a aussi aidé à lancer le projet du festival étant donné que j'avais moi-même fait des spectacles. C'est aussi de cette façon que j'ai rencontré et approché Boucar Diouf. C’est un de mes bons amis personnels. J’ai fait partie d’un groupe de musique à Rimouski avec lui. Boucar s'est montré bien ouvert de se faire la voix du festival, entre autres, parce qu'il avait vécu de bonnes expériences à Gaspé et que sa blonde vient aussi du coin.

LGÉ : Comment se sentent les artistes dans votre festival?

F.Ste-C. : Ils aiment le fait que les gens sentent tout l'émoi qu'ils transmettent par leur musique. C'est rare qu’un public vibre autant et la population est reconnaissante face aux artistes. La preuve, c'est que les Gaspésiens attendent le festival. Ils me croisent souvent et me demandent : «Quelle sera la programmation? Quelles seront les surprises que vous allez nous réserver?» etc. On a créé cette énergie de découverte.

LGÉ : Quel serait votre idéal pour ce festival?

F.Ste-C. : Je ne pense pas qu’il faudrait que le festival soit plus gros. On est quand même rendu à une belle liberté de choix, par exemple, dans le contenu. Je souhaiterais acquérir le genre de notoriété que le Festival de Petite-Vallée a su développer avec le temps.

Pour avoir une idée de l’évènement : www.musiqueduboutdumonde.com  

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