Pakistan: le camion, la mule ou l’hélicoptère pour atteindre les victimes des inondations

Écrit par IRIN News
31.08.2010
  • Des villageois tirent leur âne surchargé à travers les eaux dans la province de Sindh, au Pakistan.(Stringer: ASIF HASSAN / 2010 AFP)

ISLAMABAD – Faire parvenir la nourriture et les autres formes d’aide humanitaire à au moins 8 millions de personnes qui en ont besoin de toute urgence est un véritable défi logistique. En se fondant sur les coûts et les délais du Programme alimentaire mondial (PAM), IRIN se penche sur les principales options disponibles pour transporter 100 tonnes de nourriture sur 100 kilomètres.

Camion : moyen de transport le plus courant pour l’aide humanitaire

Volume de nourriture : chaque camion peut transporter 10 tonnes de nourriture

Nombre nécessaire : 10 camions pour transporter 100 tonnes

Délai requis pour faire 100 km : 3 heures

Coût total : 1200 dollars

«Ce n’est pas un travail facile. Il arrive que des gens désespérés nous arrêtent pour tenter de s’emparer de la nourriture. Nous comprenons la situation des victimes des inondations, mais notre travail est d’acheminer le chargement là où on nous envoie», a raconté à IRIN Muhammad Faizan, un chauffeur de camion, à Muzaffargarh, dans la province du Punjab.

«Je dirais que la plus grosse difficulté est d’atteindre les personnes, à cause des routes démolies, des ponts arrachés, etc.», a dit à IRIN Chris Lom de l’Organisation internationale des migrations (OIM) à Islamabad.

  • Un hélicoptère afghan, venu en aide à l'armée pakistanaise, (Staff: PEDRO UGARTE / 2010 AFP)

Mule : Les dégâts causés aux routes et aux ponts par les inondations ont forcé l’armée pakistanaise, le PAM et d’autres organisations humanitaires à utiliser parfois des mules et des ânes, notamment dans les districts de Swat et Shangla, afin de porter secours aux gens isolés.

Volume de nourriture : une mule de l’armée peut porter environ 38 kg de nourriture

Nombre nécessaire : environ 2632 mules pour transporter 100 tonnes

Délai requis pour faire 100 km : deux jours

Coût total : 5000 dollars

«L’une de mes mules est morte d’épuisement. D’autres propriétaires ont perdu des bêtes quand celles-ci ont glissé sur un chemin rétréci par un éboulement. C’est très fatigant de suivre les mules et de les faire avancer, mais nous savons que c’est vital de faire parvenir la nourriture aux gens», a dit un des propriétaires de mules, Ali Hassan, à Swat.

Hélicoptère : Les zones montagneuses frappées par les inondations sont assez inaccessibles et, dans beaucoup de cas, le seul moyen d’accès est par les airs. «Nous estimons qu’environ 800 000 personnes se trouvent actuellement dans des zones qui ne sont accessibles que par hélicoptère, dans le nord, parce que les routes et les ponts principaux ont été emportés et qu’il faudra des semaines, voire des mois, avant de pouvoir rétablir les voies de communication, ou bien plus au sud, là où les inondations ont complètement isolé certaines communautés», a expliqué à IRIN Marcus Prior, porte-parole du PAM.

  • Des victimes des inondations au Pakistan se disputent les vivres que transporte ce camion.(Stringer: AFP / 2010 AFP)

Volume de nourriture : 3,5 tonnes par sortie

Nombre nécessaire : environ 30

Délai requis pour faire 100 km : 30 minutes

Avec huit hélicoptères, on peut donc livrer 100 tonnes de nourriture en une journée

Coût total : 360 000 dollars

«C’est merveilleux d’entendre le vrombissement d’un hélicoptère au-dessus de nos têtes, car nous savons que c’est synonyme de nourriture. Les hélicoptères de l’armée ont aussi sauvé des gens qui avaient besoin d’être emmenés [à l’hôpital]», a dit Azam Khan, une victime des inondations du district de Kohistan dans la province de Khyber-Pakhtunkhwa (KP).

«Nous nous efforçons de transporter la nourriture de la manière la plus viable, la plus rentable et la plus économe en temps. L’hélicoptère ne sera utilisé que s’il n’y a pas d’autre option; autrement, nous utilisons des camions, ce qui est le plus rentable.» C’est la même chose avec les mules : «Nous ne les utilisons actuellement qu’à Shangla [dans le KP], car c’est la seule option que nous avons là-bas», a ajouté M. Prior.

Source : www.irinnews.org