Le jardin du Moyen Âge

Écrit par Catherine Keller, La Grande Époque
30.09.2010

  • jardin medieval(攝影: / 大紀元)

Les jardins du Moyen Âge possédaient une grande variété de plantes qui servaient à se nourrir, à se vêtir et à se soigner. Ils étaient construits de façon très structurée, marqués de symboles forts. On en connaît la composition grâce à des illustrations et des documents écrits, comme le capitulaire De Villis ordonné par Charlemagne. Il imposait de cultiver 94 plantes : 73 herbes, 16 arbres fruitiers, 5 plantes textiles et tinctoriales. Le jardin était clos et chaque carré était délimité pour le protéger du mal. Au centre se trouvait la fontaine, source de vie. Les allées étaient en forme de croix.

Dans le jardin monacal, il existait un verger, un potager, un endroit dédié aux fleurs pour l’autel, un autre pour les plantes tinctoriales – servant à la préparation de colorants et de teintures – ainsi qu’un autre dont les fibres des plantes servaient à tisser des vêtements et finalement un endroit pour les herbes médicinales. Les jardins de paysans contenaient plus d’aliments et il n’était pas rare de voir partir les paysans à la cueillette de plantes sauvages pour compléter leur alimentation. Chez les nobles, on réservait des endroits pour la détente, faits de pelouse, d’allées couvertes de verdure et de parterres fleuris. Voici quelques plantes étonnantes ou utiles encore aujourd’hui.

Les plantes médicinales et aromatiques

Les joubarbes (Sempervivum) étaient cultivées sur le toit pour protéger de la foudre. Les feuilles étaient utilisées comme émollient sur les blessures.

L’aurone (Artemisia abrotanum L.) a le goût de la citronnelle. Il est utilisé comme condiment et comme vermifuge en infusion. Il était aussi insecticide : on en faisait de petits bouquets séchés qui repoussaient les insectes, les pucerons et les mites.

L’ail est connu pour renfermer des vitamines A, B1, B2 et C, ainsi que divers antibiotiques naturels.

L’anis vert (Pimpinella anisum) parfume les viandes, le poisson et la pâtisserie. Une infusion de graines facilite la digestion.

La coloquinte est une cucurbitacée dont la chair est toxique. Elle est connue pour être un puissant laxatif.

Les plantes potagères

L’arroche (Atriplex hortensis) se mange comme les épinards mais elle peut être laxative. En cataplasme elle est émolliente et peut être utilisée comme teinture, donnant une couleur indigo ou rouge selon la variété.

La bette (Beta vulgaris L.) est issue de la betterave sauvage et est consommée comme légume, agrémentée de condiments comme l’ail et l’échalote.

Le cardon (Cynara cardunculus L.) prend de la place et ses feuilles piquent fort, mais quel délice de les manger en hiver.

La carotte (Daucus carota) poussait déjà dans les jardins du Moyen Âge, elle est issue de la carotte sauvage.

Le chou, symbole de la fécondité, était sans doute le légume le plus consommé au Moyen Âge. Il n’y avait pas de guerre sans choux, dit-on. Le concombre (Cucumis sativus) et la calebasse, ou gourde (Lagenaria siceraria) sont deux cucurbitacées venues d’Inde et d’Afrique qui étaient cultivées dans les jardins du Moyen Âge.

Le pois chiche, la mongette (Vigna unguiculata), la fève et les petits pois sont des légumineuses riches en protéines consommées à cette époque. Le pois chiche était aussi utilisé torréfié pour prévenir l’impuissance sexuelle des hommes et cuit pour arrêter les diarrhées.

Les plantes magiques

Elles sont toxiques. Il vaut mieux les éviter, surtout si des enfants jouent dans le jardin. Elles provoquent généralement des hallucinations. C’est le cas de la belladone qui pousse facilement, c’est une « mauvaise herbe » de la famille des pommes de terre. Ses petits fruits noirs sont toxiques, voire mortels. Ils étaient utilisés comme analgésiques ou pour provoquer des hallucinations.

La mandragore est connue par tous, comme plante magique utilisée dans la magie noire. Bien que toxique, la racine est analgésique et antispasmodique.

La jusquiame noire provoque des hallucinations avec une sensation de voler, elle est très toxique.

Le pavot, d’où est extrait l’opium, est analgésique et soporifique. La sève est recueillie sur le pistil du pavot.

L’hellébore fétide est sensée guérir la folie. 

Le datura stramoine de la famille des pommes de terre est la plus toxique, elle provoque un délire hallucinatoire cauchemardesque, mais elle est utile pour lutter contre les doryphores qui pondent leurs œufs. Les larves mourront empoisonnées par la plante.

 

Non toxique mais néanmoins assimilé à la magie, le bois du noisetier est utilisé comme baguette par les sourciers.

Les fleurs

Les fleurs qui poussaient dans les jardins venaient souvent des champs. On comptait le glaïeul, la nigelle, les roses, les lys et les soucis. Ces derniers sont encore  utilisés, macérés dans l’huile, comme baume cosmétique.

Les vêtements

Les plantes textiles étaient le chanvre et le lin, complémentaires de la laine. D’autres plantes utilisées pour teindre, comme la garance qui donne un rouge vif et le pastel une couleur indigo, avaient leur place dans le jardin.

Le verger

Il était souvent le lieu où les amoureux se rencontraient. Il y poussait le noyer, le noisetier, le pommier, le poirier, le prunier, le sorbier, le néflier, le châtaignier, le pêcher, le cognassier, l’amandier, le mûrier, le laurier, le pin, le figuier et le cerisier. Dans les Écritures, on le comparait au paradis.

Pour en savoir plus avec le Capitulaire de Villis