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Golfe du Mexique: la vie peut-elle reprendre ses droits?

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Epoque
04.09.2010
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  • La pêche vient d’être autorisée en Louisiane sur 80 % des eaux territoriales. Les consommateurs restent sceptiques. Mira Oberman/Getty Image(攝影: / 大紀元)

La vie semble reprendre ses droits dans le golfe du Mexique. Le gouvernement se veut rassurant et le président montre l’exemple en consommant des crevettes du golfe. Ainsi le 4 août, lors de son repas d’anniversaire, Barack Obama a dégusté des fruits de mer et a fait pareillement pendant un week-end familial le 15 août. Gary Locke, ministre du Commerce, a fait savoir aux Américains que les fruits de mer sont bons à consommer, disant que des tests ont été réalisés et que, grâce à ces études, ils ont décidé d’ouvrir la pêche le 23 août. 80 % des eaux territoriales sont autorisés. Si certains pêcheurs louisianais se sont empressés d’embarquer dès l’ouverture de la pêche à la crevette blanche, les consommateurs sont par contre restés méfiants et réservés. Les restaurateurs préfèrent cuisiner des fruits de mer venant d’une provenance plus lointaine.

Le gouvernement aurait déclaré, début août que la majeure partie du brut écoulé du puits aurait été récupérée ou dissoute. Mais les experts ne s’y laissent pas prendre et des rapports contradictoires s’établissent. L’ampleur des dommages dus au déversement du pétrole dans le golfe reste pour beaucoup une énigme. Qu’est devenue cette nappe de pétrole, une fuite estimée à 780 millions de litres de brut ? Elle n’a pas pu disparaître comme par miracle. Certains pensent que la nappe naviguerait en eau profonde. Selon le centre national d’études sur l’océan et l’atmosphère, « les effets de la pollution aux hydrocarbures et aux dispersants sont inconnus particulièrement sur la reproduction des crevettes, des crabes, des poissons et surtout des huîtres ». Roy Crabtree, du centre de recherche, affirme qu’il faudra des années pour comprendre l’évolution de ce phénomène.

Grande prudence pour l’alimentaire

L’Agence américaine de l'environnement (EPA) a publié début août ses résultats sur l’étude de la toxicité des produits utilisés par BP pour disperser le pétrole dans l'eau. L’étude a été réalisée à partir de jeunes crevettes et de jeunes poissons. L’agence annonce une faible toxicité. Margaret Hamburg, responsable de la FDA, l’agence américaine de régulation du médicament et de l’alimentation, déclare : « Nous savons qu'il est important de permettre aux gens de retourner pêcher. Cette activité est la colonne vertébrale de l'économie dans la région du golfe », tout en soutenant qu'il faut parallèlement garantir les produits venant du golfe et leur non toxicité.

Les experts de l'agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA) s’assurent également de la non contamination des pêches du golfe du Mexique. C’est ainsi que le Dr Jane Lubchenco, administratrice de la NOAA, déclare : « Nous resterons vigilants et continuerons à surveiller et tester les produits de la mer dans les eaux ouvertes ». Puis d’ajouter : « Les scientifiques, les experts de la sécurité alimentaire, les membres de l'industrie de la pêche et les responsables locaux, l'État, les fonctionnaires fédéraux, travaillent ensemble journellement et s’assurent que les produits du golfe soient consommables ».

La recherche océanographique et le scepticisme

Les chercheurs de l’Institut de recherche océanographique ont observé en juin l'existence dans les profondeurs du golfe du Mexique d’une immense couche d'hydrocarbures en provenance du puits exploité par BP. Ils avaient établi selon leurs travaux que ces hydrocarbures étaient un risque pour l'écosystème. Richard Camilli, chef de l’expédition et principal auteur de l’étude parue le 20 août dans la revue américaine Science déclarait : « En juin, nous avons découvert la nappe d’hydrocarbure. Elle se déplace lentement (0,27 km/heure), allant au sud-ouest de l'endroit où se trouvait la plate-forme qui a explosé. » Puis, « si jusqu'alors cette nappe était considérée comme théorique, car elle n’est pas composée de pétrole pur, mais selon les échantillons prélevés les composants étaient sérieusement toxiques. ». Maintenant, « nous ne connaissons pas l’évolution de cette nappe d’hydrocarbure car, depuis fin juin nous ne sommes pas retournés sur les lieux », précise le chercheur lors d'une conférence de presse.

Un rapport publié par l'université de la Géorgie assure que 79 % du pétrole déversé dans le golfe du Mexique n'a pas été récupéré et qu’il reste une menace pour l’écosystème. « Une idée fausse circule disant que le pétrole s’est dissous dans l'eau, qu’il aurait ainsi disparu et par conséquent qu’il serait sans danger », déclare Charles Hopkinson, directeur et professeur des sciences de la mer à l'université de Géorgie. « Le pétrole est toujours là et il faudra probablement des années pour le dégrader complètement. Nous sommes encore loin d'une compréhension complète de l’impact d’une telle catastrophe. »

Des scientifiques optimistes, des bactéries croqueuses de pétrole

Un article prometteur vient de paraître dans la revue Science, dont l’auteur est Terry Hazen, microbiologue du Département de l’Énergie travaillant au laboratoire national Lawrence de Berkeley. Il expose précisément le contraire des rapports précédents. Les chercheurs du laboratoire de Berkeley ont constaté que des bactéries inconnues à ce jour dévorent à grande vitesse le brut du golfe. Les chercheurs ont constaté que l’abondance de pétrole brut déversé dans la mer a profondément modifié la microbiologie des eaux marines. Les bactéries des eaux profondes se sont accélérées. Elles vivent à basse température et sont étroitement liées avec des microbes bien connus pour être des dégradants du pétrole. Selon les chercheurs la nature est capable de se réguler seule.

« Cette découverte, qui fournit les premières données scientifiques de l'activité microbienne sur la dispersion d'un panache de pétrole dans les fonds marins, indique qu'il existe un grand potentiel de biodégradation naturelle d'hydrocarbures dans les grandes profondeurs océanes », explique Terry Hazen. D’après lui, la biodégradation du pétrole n’affecte pas le niveau d’oxygène dans l’eau. Les microbes observés par l’équipe de Terry Hazen ont la capacité de vivre en eau froide à - 5 °C.

« Cette recherche montre aussi que ces populations microbiennes psychrophiles – capables de vivre dans les profondeurs marines par des températures de - 5 °C – et les autres micro-organismes proches, jouent un rôle important dans le sort ultime et les conséquences environnementales des panaches de pétrole sous-marins dans le golfe du Mexique », précise M. Hazen.

L’équipe de l’université de Berkeley était jusque-là réservée. Elle craignait que l’activité de ces bactéries ne joue un rôle néfaste dans l’oxygénation de l’eau du golfe, ce qui aurait eu pour conséquence de créer des zones « mortes » dangereuses pour l’écosystème marin de la région. Il semblerait toutefois que ce doute puisse être dissipé, puisque la saturation d’oxygène à l’extérieur de la traînée de pétrole est de 67 % contre 59 % à l’intérieur.

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