Taïwan: allons fouiner sous la pierre nommée EFCA

Écrit par GlobalVoicesOnline
07.09.2010
  • Les députés du parti démocrate progressif (DPP) protestant contre le passage en force de l’ECFA, qui rapproche Taiwan du régime chinois. SAM YEH/AFP/Getty Images(攝影: / 大紀元)

 

L’Economic Cooperation Framework Agreement (EFCA en anglais, ou Accord sur le Cadre de la Coopération Économique) entre Taïwan et la Chine a été signé le 29 juin 2010 par la Strait Exchange Foundation (SEF, Fondation pour les Echanges inter-Détroit) et l’Association for Relations Across the Taiwan Strait (ARATS, Association pour des relations vers le détroit de Taïwan) – des représentants semi-officiels de Taïwan et de la Chine.

En surface, le processus semble se dérouler sans heurts et être efficace mais l’histoire n’est pas si simple. Des Taiwanais ont creusé les dessous de l’EFCA et remettent en question la rationalité de cet accord. L’histoire de l’EFCA commence il y a deux ans. En 2008, Ma Ying-Jeou, le président-candidat du Kuomintang (KMT), est élu douzième président de Taiwan. Après avoir été investi dans ses fonctions de président, son cabinet propose de signer le CEPA [en anglais] (Closer Economic Partnership Arrangement - Accord pour un Partenariat Économique Rapproché) avec la Chine. Platocast explique [en mandarin] comment le CEPA s’est métamorphosé en EFCA :

« Tout d’abord, le cabinet du président Ma propose de signer le CEPA avec la Chine… puis après quelques vérifications concernant les origines de l’accord, on se rend compte que seuls Hong Kong et Macau avaient signé le CEPA avec la Chine. Par conséquent, signer la CEPA avec la Chine aurait signifié l’abandon de la souveraineté taiwanaise. La contestation pousse la cabinet de Ma à faire volte-face et à proposer à la Chine de signer le CECA. Cependant, l’opinion publique trouve le CECA similaire au CEPA et vocifère contre le cabinet de Ma une fois de plus. Finalement, le président Ma propose de signer l’EFCA en février 2009.

Alors que le gouvernement taïwanais avait commencé à travailler sur l’EFCA en février 2009, son contenu a été caché du public jusqu’à ce que le SEF et l’ARATS le signe en juin 2010. Le secret entourant cet accord a inquiété un parti d’opposition, le Parti Démocrate Progressiste (PDP), qui a appelé à ouvrir un débat sur l’ECFA avec le président. Sous la pression, un débat télévisé entre le président Ma et le président du PDP Tsai Ing-Wen a eu lieu et a été retransmis le 25 avril 2010. »

Par la suite, le PDP a mis en ligne la vidéo ci-dessous qui accuse l’ECFA, tout comme le CEPA, de causer de futures injustices sociales : « Après la signature par Hong Kong du CEPA, elle est devenue la ville enregistrant les plus grandes inégalités pour la santé, au monde. Nous ne voulons pas d’un ECFA qui permet au riche de devenir plus riche et au pauvre de devenir plus pauvre. »

Après le débat, l’Union pour la Solidarité de Taïwan (UST) a demandé la tenue d’un référendum sur la question suivante : « Acceptez-vous que le gouvernement signe l’ECFA avec la Chine ? » Cependant ce référendum a été rejeté par la commission de réexamen du référendum. Malgré ses détracteurs, l’ECFA a été signé par les représentants semi-officiels de Taiwan et de la Chine le 29 juin 2010. Après que les articles constituant l’EFCA aient été finalement révélés, de nombreuses analyses ont été effectuées. Par exemple, KuanMom a critiqué le comité de coopération économique inter-détroit mentionné dans l’article 11 :

« L’article 11 (de l’ECFA) fait référence à la création du comité de coopération économique inter-détroit, mais il ne mentionne pas comment le parlement Yuan de Taïwan peut superviser ce comité. En d’autres termes, les membres du comité nommés par le SEF et l’ARATS, sans autorisation appropriée, vont décider de l’exécution et de l’explication de l’EFCA, de l’arbitrage des conflits, et de toutes les négociations qui vont en découler. L’article 11 ne mentionne pas comment le comité sera organisé, qui en sera responsable, d’où vont émaner les autorisations, qui la supervisera, ses sources de financement, ou sa localisation. »

Malgré les contentieux, l’EFCA a été envoyé au parlement Yuan. Hehe écrit : « Des médias, on ne voit que les confrontations physiques entre quelques législateurs. Cependant, la vraie violence provient de la tyrannie de la majorité lors de rassemblements sans aucune justice. Pour être honnête, je n’ai pas une opinion figée sur le fait de signer ou non l’EFCA. Je pense que la plupart des Taiwanais sont comme moi, et ce que nous voulons est un consensus qui soit trouvé dans des débats effectués sous différentes perspectives et en conformité avec les règles de la démocratie. Même si nous ne pouvons pas trouver un consensus, nous espérons que le gouvernement pourra bénéficier de ces débats et protéger ceux qui seront concernés par l’EFCA. Néanmoins, la manière dont l’EFCA, qui pourrait inclure des dizaines ou des centaines d’articles, a été voté nous fait douter de ce que l’on peut attendre de ce genre de procédure législative. »

 

Voir aussi:

Accord historique entre Taïwan et Pékin

http://www.lagrandeepoque.com/LGE/Chine-/-Asie/Accord-historique-entre-Taiwan-et-Pekin.html