Exemption de demande de visa pour les Taïwanais en Europe ou le résultat d’une «diplomatie flexible»

Écrit par Laurent Gey, La Grande Époque
12.01.2011

  • Depuis le 11 janvier 2011, les citoyens taïwanais sont exemptés de demande de visa pour des séjours touristiques de 90 jours en Europe. (PATRICK LIN/AFP/Getty Images)(Stringer: PATRICK LIN / 2003 AFP)

L’Union Européenne a décidé le 22 décembre 2010 d’exempter de visa les citoyens taïwanais voulant entrer sur le territoire européen de l’espace Schengen. Effective le 11 janvier 2011, cette décision européenne a pour objectif d’ouvrir les pays membres de l’Europe au tourisme taïwanais. Avec la même mesure adoptée par la Croatie ce 10 janvier 2011, ce sont désormais 97 pays dans le monde qui facilitent l’entrée des porteurs d’un passeport de la République de Chine. Des avancées dont s’est félicité le président de la République Ma Ying-jeou, avancées à mettre selon lui sur le compte d’une «diplomatie flexible» menée depuis 2008.

La nouvelle a été publiée dans le Journal Officiel de l’UE le 22 décembre 2010 et a pris effet 20 jours plus tard, selon la procédure, a indiqué Guy Ledoux, représentant européen à Taïwan. D’après lui, un grand nombre de touristes taïwanais sont attendus dans le courant de l’année 2011 et cette mesure va permettre une augmentation de 35 à 40 % du nombre de visites en provenance de Taïwan.

Les pays concernés par cette exemption de visa sont les 25 États membres de l’Espace Schengen (22 États appartenant à l’Union Européenne, auxquels s’ajoutent la Norvège, la Suisse et l’Islande) ainsi que la Roumanie, la Bulgarie et Chypre. La mesure s’applique également aux territoires du Vatican, de Monaco, d’Andorre, du Liechtenstein, de Saint-Martin, des îles Féroé et du Groenland.

Alors que les citoyens de Chine continentale subissent un contrôle strict de leur demande de visa vers l’Europe, cette exemption pour Taïwan démontre l’ouverture vers l’extérieur de ce pays de culture chinoise et la confiance réciproque des pays européens accueillant ses ressortissants. Taïwan, historiquement première République de Chine, subit depuis cinquante ans les pressions de la Chine continentale qui veut en reprendre l’administration. Après son ouverture à la démocratie en 1987 avec la levée de la loi martiale, Taïwan est devenue en une vingtaine d’années une démocratie prospère, ouverte à la communauté internationale.

En 2011, c’est avec les États-Unis que Taïwan espère obtenir l’exemption de demande de visa pour ses ressortissants, a déclaré en décembre à Taipei, Jason Yuan, le représentant de Taïwan à Washington. Selon lui, cette mesure d’exemption des États-Unis, tiendrait à la signature de «trois accords relatifs à l’échange d’informations sur les passeports volés ou contrefaits, à l’échange d’informations en matière terroriste et à la collaboration dans la lutte contre la criminalité». L’obtention d’une mesure similaire à celle de l’Europe de la part des États-Unis serait une priorité de la diplomatie taïwanaise, a confirmé devant les députés Shen Lyu-hsun, le Vice-ministre taïwanais des Affaires étrangères.