Facebook, un modèle économique inédit

Écrit par Florian Storm, La Grande Époque
20.01.2011

  • Mark Zuckerberg, patron de Facebook, annonce la nouvelle application u00abPlaces» à la conférence au siège de la société le 18 avril 2010 à Palo Alto en Californie.(攝影: / 大紀元)

Depuis des mois, la question de la valorisation boursière du réseau social Facebook revenait sur l’avant de la scène. Au début de cette année, après que la banque d’investissement Goldman Sachs a investi 450 millions de dollars dans Facebook, avec un partenaire russe Digital Sky Technology qui pour sa part a contribué à hauteur de 50 millions, la polémique a pris de l’ampleur. Cette transaction valoriserait Facebook à environ 50 milliards de dollars. Et pourtant, jusqu’à ce jour, Facebook n’a jamais communiqué le moindre chiffre de profit.

Facebook, fondée en 2004 par Mark Zuckerberg, se trouve parmi les 15 premiers sites Web visités dans le monde et compte plus de 500 millions d’utilisateurs. Ce succès, dû au phénomène massif de communication via le réseau social du Web, continuera-t-il dans les années à venir ? Son modèle économique est-il viable ?  

Facebook offre une façon rapide et simple de communiquer entre les gens avec des informations personnelles sur les utilisateurs via leurs profils. La relation client est dépendante de leur fidélité. Le succès de Facebook est lié au nombre et au niveau d'activité de ses membres car le site gagne de l'argent chaque fois qu’un utilisateur clique sur une publicité. Facebook a un modèle économique inhabituel dans lequel les clients sont en même temps fournisseurs.

La connexion entre consommateurs et fournisseurs est la raison du succès de Facebook, mais pourrait aussi être la cause de son échec. Autrement dit, cette spécificité de Facebook est sa force et sa vulnérabilité. Pour l'instant le nombre et le niveau d'activité de ses membres sont la force principale de Facebook, mais sa source de revenus principale – la publicité – dépend totalement des utilisateurs. Aussi longtemps que les utilisateurs sont loyaux envers le réseau social et sont sensibles aux publicités, il produira des recettes.

Néanmoins, la deuxième faiblesse de ce modèle économique est la dépendance des annonceurs aux utilisateurs, ces derniers n’étant pas nécessairement sensibles aux publicités. On estime en effet que 78% des utilisateurs actuels de Facebook rejettent les messages marketing et les publicités ciblées. Combien de temps les annonceurs accepteront-ils de financer Facebook ? Si Facebook ne trouve pas une façon de rendre ses utilisateurs plus réactifs à la publicité, il risque de perdre ses revenus.

Adapter la stratégie à la société

Pour maintenir sa position, Facebook devra continuer à ajuster les paramètres de compte de chaque utilisateur pour mieux contrôler des informations. Ainsi, pour dépasser le manque de réactivité des utilisateurs aux publicités, Facebook a lancé une nouvelle application «Places» qui permet aux utilisateurs de donner leur localisation et qui aidera les annonceurs à entrer en relation avec eux. En outre, Facebook a créé un nouveau système de points de crédit. Selon le site Web de Facebook, chaque fois qu’un utilisateur participe à une étude et à un vote, il reçoit les points de crédit qui peuvent être échangés contre des produits.

Les facteurs de risques peuvent provenir des valeurs engendrées dans les processus sociaux : les gens sont enclins à exposer leurs vies sur le réseau social, mais seulement à certains individus et veulent garder le contrôle des informations affichées. Il est possible que l’attraction des utilisateurs par Facebook soit passagère si les utilisateurs perdent le contrôle de leurs données personnelles. Par ailleurs, si d’autres réseaux sociaux se mettent en place, la position de Facebook risque d’être fragilisée.

Avec les problèmes de respect mutuel entre les personnes et d’atteinte à la vie privée qui apparaissent depuis quelque temps et auquel le site fait actuellement face, il y a un risque que les utilisateurs perdent confiance entre eux et se détournent de Facebook. Ainsi, c’est le concept même de réseau social qui pourrait se démoder aussi rapidement qu’il est apparu et devenu un phénomène de masse.

Les concurrents commencent à surgir

L'ère du réseau social est au début de son développement. Facebook domine actuellement, mais la période de changement progressif n’est pas loin avec les concurrents qui surgissent sur des réseaux spécialisés.

Facebook a pour l’instant l'avantage des coûts, mais s’il échoue à satisfaire ses utilisateurs dans la durée, ces derniers n'hésiteront pas à rejoindre d’autres réseaux sociaux comme My-space, Bebo, Friendster, Hi5 ou Quora. Quelques mois après sa création, le réseau Quora, dont les fonctionnalités sont un mix de celles de Google, Facebook et Wikipedia réunis, est un concurrent potentiel important avec ses 60.000 utilisateurs. De même avec iTunes, le réseau social d’Apple spécialisé en musique constitue un autre sérieux concurrent. Enfin, en mettant en œuvre un réseau social qui ne montre pas d'informations privées, le site Diaspora a déjà conquis une partie des utilisateurs de Facebook.

Cette frénésie des investisseurs autour de Facebook semble disproportionnée par rapport à la taille de la société aux revenus certes positifs, mais pas mirobolants. Selon la presse, le site ne dégageait pas de profit avant 2009. Les spéculations ont déjà commencé quant à sa valorisation boursière potentielle, dont certaines évaluations vont jusqu’à 200 milliards de dollars d’ici à quatre ans.

Le projet d’introduction en bourse stimulera certainement la réputation de Facebook autant que son succès. En effet, une fois leur argent investi, les gens auront tendance à influencer le succès de Facebook puisqu’ils sont à la fois clients et fournisseurs. Les actionnaires seront en effet motivés à utiliser le réseau social pour augmenter les revenus de Facebook afin d’augmenter la valeur de leurs propres actions. Reste à savoir si Facebook aura la capacité d’engranger des recettes considérables et de captiver ses utilisateurs à temps. Une réussite ou un fiasco ?