Qu’il s’agisse d’isolation acoustique ou thermique, le sujet est d’actualité. Cela permet de faire des économies de chauffage, d’améliorer la qualité de l’habitat et de réduire la pollution. Mais voilà, quel isolant choisir?

Plusieurs facteurs sont à considérer à l’heure de choisir l’isolant : son impact environnemental, de la production à l’élimination, en passant par le transport; sa toxicité  lors de la pose ou lors de la libération de gaz au fil du temps; sa résistance au feu, à l’humidité et aux parasites; sa performance; sa durée de vie; la facilité de pose et son prix.

Quelques données techniques

Une bonne isolation acoustique se fait en trois couches : un matériau dur, un isolant souple et une paroi souple afin de ralentir toutes les tonalités qu’elles soient aiguës ou basses. Certains matériaux sont plus efficaces que d’autres.

En ce qui concerne l’isolation thermique, la capacité d’un matériau à limiter les transferts de chaleur dépend de sa résistance thermique qui s’exprime en coefficient Lambda W/m.K (Watt par mètre par Kelvin, un Kelvin étant égal à une variation d'un degré Celsius). Plus il est petit, plus il est efficace.

La résistance thermique ou coefficient R est un autre point important. Elle est d’autant plus élevée que l’épaisseur du matériau est grande et que son coefficient de conductivité (lambda) est faible. Elle s’exprime en m2.K/W (en comparaison, le polystyrène et la laine de verre ont un indice de 2,5 m2.K/W pour une épaisseur de 10 centimètres). Plus la résistance thermique d’un matériau est élevée, plus son inertie thermique atténuera l’effet de la canicule ou du grand froid.

On parle aussi de déphasage. Il s’agit de la capacité d’un matériau à conserver sa température. Par exemple, en été, une bonne isolation laissera passer le front de chaleur dans la maison en fin de journée plutôt qu'en matinée, pour autant que les fenêtres restent fermées. On les ouvrira la nuit pour rafraîchir la maison. Quand on parle d’inertie thermique, on tient compte de la paroi entière, mur extérieur, isolant et paroi interne, chacun y contribuant. Il est clair que l'étanchéité des parois, plafonds et sols est capital pour assurer une bonne isolation.

Voici quelques propositions de matériaux dépourvus de toxine, assurant une régulation de l’humidité et dont le coût environnemental est minime. Toutefois, en comparaison au prix d’un isolant traditionnel, les matériaux verts sont en moyenne 30 % plus chers. Alors, pourquoi payer plus? Parce que le prix réel n’est pas si élevé si l’on tient compte de l’impact environnemental du produit et surtout parce que ce sont des matériaux qui apportent un bien-être nettement supérieur grâce à leur capacité à laisser respirer la maison. Par exemple, le fait qu’ils absorbent l’humidité durant l’hiver et la restituent par temps chaud offre un climat harmonieux dans la maison.

L’herbe des prés

En poussant, l’herbe absorbe le CO2 et la production de cet isolant est locale. Un hectare de pré suffit pour isoler sept maisons individuelles, ce qui signifie que cet isolant n’entre pas en concurrence avec la production alimentaire. Les Européens ont une longueur d’avance sur les Québécois à ce sujet avec des entreprises comme Gramitherm. Cette entreprise Suisse transforme l’herbe des prés en un isolant flexible qui convient à tout bâtiment neuf ou à rénover. Les fibres sont séparées de la matière digestible, cette dernière est recyclée en biogaz. C’est un isolant contre le froid et la chaleur (sa densité est de 30 à 80 kg/m3 pour 0,034-0,038 W/m.K et 2,63 W/m2.K pour une épaisseur de 10 centimètres) et contre le bruit (36 dB). Il ne résiste malheureusement pas au feu (E), mais est protégé contre les champignons. Sa résistance à la diffusion de vapeur est de 1 à 2 µ (µ étant le coefficient de résistance à la diffusion de vapeur d’un matériau). Il ne dégage aucune toxine, est facile à mettre en place et est plutôt économique.

La laine de mouton

Les moutons sont très utiles pour entretenir la nature, la laine de mouton permet aux éleveurs de se développer. Rassemblée, lavée, traitée antimite, la laine est entièrement naturelle et totalement recyclable. Elle respire et absorbe les particules nocives qui se trouvent dans l’air. Elle peut retenir jusqu’à 33 % d’humidité qu’elle restitue par temps chaud. Elle est utilisée en vrac principalement et en rouleau pour les parois et les planchers. Elle est aussi efficace comme isolant phonique (54 dB). Pour une densité de 0,6 à 1,3 kg/m3 et une épaisseur de 10 centimètres, elle offre une conductivité thermique de 0,035 W/m.K et 2,86 W/m2.K. Sa résistance à la diffusion de vapeur est de 1 à 2 µ et sa résistance au feu est de niveau B.

Le chanvre

Comme l’herbe des prés, le chanvre absorbe du CO2 durant sa croissance. C’est un isolant dont la balance de CO2 est positive. Sa culture ne nécessite ni pesticide, ni engrais. Quelle que soit sa présentation, en rouleau ou en panneaux, il ne se tasse pas et ne se dégrade pas dans le temps. Il s’utilise dans toutes les parties de la maison, tant lors de la construction qu’au moment de la rénovation. Sa mise en place est facile et le matériau est recyclable. Pour une densité de 30 kg/m3 et une épaisseur de 10 centimètres, elle offre une conductivité thermique de 0,039 W/m.K, une isolation phonique de 50 dB, une inertie thermique de 2,63 m².K/W. Il absorbe jusqu’à 15 % de son poids en humidité qu’il restitue par temps sec. Sa résistance à la diffusion de vapeur est de 1 à 2 µ et sa résistance au feu est de niveau E.

L’ouate de cellulose

Issue du recyclage de journaux et débarrassée de l’encre, l’ouate de cellulose peut être utilisée lors de la construction d’un bâtiment ou lors de sa rénovation en soufflage (30 à 35 kg/m3) dans les combles, en insufflation (45 à 70 kg/m3) pour les planchers et les murs ou en flocage (35 à 45 kg/m3) pour les parois à faible épaisseur ou ayant des tuyaux et gaines techniques. Sa conductivité thermique est de 0,04 W/m,K. Elle a une bonne inertie thermique (2,56 m².K/W) et peut absorber 10 % d’humidité qu’elle restitue en été. Sa résistance à la diffusion de vapeur est de 1 µ. Sa résistance au feu est de niveau B. Elle demande une protection lors de son installation.

Le lin

Les fibres courtes du lin qui ne sont pas utilisées par l'industrie textile sont récupérées pour faire des feutres d'isolation sous forme de panneaux semi-rigides isolants thermiques et acoustiques. Sa conductivité thermique avec une densité de 25 Kg/m3 est de 0.037 W/m,K. Pour une épaisseur de 10 centimètres, il a une résistance thermique de 2,7 m².K/W. Il absorbe 12 % d’humidité et sa résistance à la vapeur est de 1 à 2 µ. Sa résistance au feu est de niveau B2 et son isolation phonique est de 55 dB. Son utilisation est facile.

La paille

La paille est un excellent isolant, mais on ne peut l’utiliser comme les autres isolants. On construit une maison en paille. Les murs sont très épais. Il y a très peu d’artisans qui utilisent cette technique et, bien souvent, ce sont les futurs propriétaires qui construisent leur maison. Il existe des associations qui regroupent les amoureux des maisons de paille. Ils se regroupent pour s’entraider.

Pour en savoir davantage : www.gramitherm.ch , www.isolena.at, www.thermo-chanvre.com , www.nrgaia.eu, www.naturlin.fr