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Des manchots suivis dans l’archipel du Crozet

Écrit par Heloïse Roc, La Grande Époque
23.01.2011
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  • Les manchots bagués subissent un inconfort à la nage et à la pêche. Leur survie est inférieure à la normale de 16 %. (攝影: / 大紀元)

Selon l’article «Marqués à vie» de la revue scientifique Nature, «baguer les ailerons des manchots diminue leur forme physique et biaise les données sur le climat». Un groupe de chercheurs du CNRS de l’Institut Hubert Curien de l’université de Strasbourg a équipé les ailerons des manchots de bagues électroniques pour suivre leurs périples dans le cadre d’une étude sur le climat.

En observant la vie des manchots bagués, ils ont remarqué que ces derniers connaissaient un taux de survie inférieure à la normale de 16% et que leur taux de reproduction avait diminué de 39% par rapport à leurs semblables. Les manchots royaux des terres australes ont en effet été choisis parmi d’autres variétés d’oiseaux marins comme sujets d’analyse au niveau écologique, dans le but de connaître l’impact du changement climatique et la réduction de la biodiversité.

Les manchots bagués, un système généralisé

Actuellement les études faites dans le monde sont en général établies à partir de bagues attachées aux ailerons des manchots. Pour des raisons anatomiques il est impossible de fixer le marquage à la patte du manchot. Mais les chercheurs français ont arrêté d’utiliser cette technique de repérage depuis les années 90, remarquant que les manchots pouvaient en souffrir.

Avant de cesser ce mode de repérage, ils ont étudié cent manchots royaux, suivis électroniquement pendant dix ans sur l'île de la Possession dans les Terres Australes. Le suivi électronique était fait à partir de deux systèmes de localisation, l’un étant le baguage autour de l’aileron et l’autre plus discret, constitué d’une puce placée sous la peau. Ainsi, cinquante manchots ont été équipés d’une bague fixée à l’aileron et cinquante autres ont été pourvus d’une étiquette électronique de 0,8 gramme placée sous la peau.

Les bagues attachées aux ailerons des manchots sont métalliques. Elles sont lisibles à distance et devaient permettre d'éviter tout stress aux oiseaux marins. Cependant, ces aspects positifs n’étaient pas aussi idylliques pour l’animal car la ligature était encombrante et créait des troubles fonctionnels. Elle engendrait des blessures à l'aileron, un inconfort à la nage et à la pêche. Les scientifiques pensent qu’il s’agit d’une difficulté hydrodynamique de propulsion dans l’eau.

Reproduction : 39% de poussins en moins

Durant ces dix années, les cinquante manchots bagués ont engendré 39% de poussins en moins – la période concernée s’étalant du moment de la ponte jusqu’à l'indépendance alimentaire du poussin. De plus, leur mortalité a été de 16% supérieure à celle de leurs semblables non bagués et le taux de reproduction est plus faible car ils doivent effectuer des voyages alimentaires toujours plus longs. «En période favorable, quand la température de la mer est basse et les ressources alimentaires abondantes, il n'y a quasiment pas de différence entre les animaux bagués et non bagués. En revanche, lorsque la température de la mer est plus élevée, les manchots doivent aller plus loin pour trouver leur nourriture, les oiseaux bagués restent alors plus longtemps en mer», précise Claire Saraux, dans un communiqué de presse.

  • Les manchots royaux fréquentent le front polaire. Ils sont un choix d’études préférentielles pour les chercheurs du climat.(攝影: / 大紀元)

Observation de 450 manchots royaux sur l’archipel du Crozet

C’est ainsi que l'équipe « Écologie fonctionnelle », dirigée par Yvon Le Maho, chercheur au CNRS à l'Institut pluridisciplinaire, et Hubert Curien, du CNRS/université de Strasbourg et membre de l'Académie des Sciences, ont révélé que les manchots royaux bagués réduisent de moitié leur chance de se reproduire avec succès et diminuent leur espérance de vie. L’équipe française a mis au point un procédé d’étude sur un long terme. Réalisée il y a neuf ans, cette étude s’est faite sur une population de plus de 450 manchots royaux avec une étiquette électronique de 0,8 gramme implantée sous la peau.

Les oiseaux ainsi «marqués» sont alors pistés grâce à des antennes enfouies le long des «autoroutes à manchots». Ces recherches ont été menées sur l'île de la Possession située dans l’archipel de Crozet. C’est là que se reproduisent deux tiers de l’effectif mondial des manchots royaux, soit deux millions d’oiseaux.

L’archipel Crozet, composé de cinq îles principales, est situé au sud de l’océan Indien. Il constitue l'un des cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises. L’île de la Possession possède une surface de 150 km2. Elle est située au sein de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, dans sa partie terrestre. L’île abrite une base permanente de recherche – la base Alfred Faure – qui accueille 18 à 30 personnes pour des travaux de recherche.

Les scientifiques ont observé qu’un réchauffement de la température de surface de la mer à proximité de Crozet entraînait, en été, une diminution immédiate du succès reproducteur des oiseaux. C’est un phénomène inquiétant qui s’explique notamment par le fait qu’une température élevée défavorise le développement des organismes marins. En effet, ces derniers ne peuvent prospérer que sur une gamme de températures très réduite. Les manchots royaux ayant moins de nourriture à ramener au poussin, ce dernier a moins de chance de vivre.

Un second constat, cette fois en hiver : l’augmentation de seulement 0,26 °C de la température de surface de la mer, au niveau de la limite de la glace de mer, se traduit, deux ans plus tard, par une baisse de 9% de la probabilité de survie des manchots. En cause, là aussi, la raréfaction des ressources marines – très probablement du krill – qui sont à la base des chaînes alimentaires antarctiques dont dépendent les manchots royaux.

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