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La France tente d'oublier son «bon ami» tunisien

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque
23.01.2011
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  • Le président français, Nicolas Sarkozy, donne une accolade au président tunisien déchu, Zine El Abidine Ben Ali(Staff: DOMINIQUE FAGET / 2008 AFP)

PARIS – Lorsque le président tunisien déchu, Zine El Abidine Ben Ali, a fui son pays le 14 janvier, son avion s'est tout d'abord dirigé vers la France avant de changer de cap et d'atterrir finalement en Arabie saoudite. Le même jour, des jets privés ont également fait la navette entre la France et la Tunisie pour permettre aux membres de la famille de Ben Ali, et à sa fortune personnelle, de trouver refuge.

Le refus des autorités françaises de permettre à Ben Ali d'atterrir en France illustre la nouvelle position de Paris face à un homme politique qu'elles ont soutenu durant de nombreuses années.

Seulement trois jours avant le renversement de Ben Ali, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a proposé l'envoi de policiers français en Tunisie pour aider à restaurer l'ordre. Sa proposition s'est heurtée à un barrage de huées provenant de l'opposition et des médias français.

Le gouvernement s’est également trouvé sous la pression du changement du vocabulaire médiatique sur le sujet : les «manifestations» sont devenues la «révolution du jasmin» et le «président Ben Ali» est devenu le «dictateur». Des éditorialistes qui, pendant des années, ont gardé le silence au sujet des violations des droits de l'homme en Tunisie décrivent aujourd’hui le pays comme un enfer sur Terre contrôlé par une mafia brutale.

La stratégie de communication du gouvernement français a d’abord été très hésitante alors qu'elle tentait de naviguer au travers des nouvelles circonstances. Le président français, Nicolas Sarkozy, a tout d'abord froidement indiqué que la France «prenait acte de la transition constitutionnelle». Puis, le lendemain, le président a émis une autre déclaration qui laisse transpirer l'inconfort du gouvernement français. Dans un style d’écriture assez inhabituel, la déclaration commence par : « La politique de la France est fondée sur deux principes constants : - La non-ingérence dans les affaires intérieures d'un État souverain; - Le soutien à la démocratie et à la liberté. »

Le premier point est sans doute censé expliquer pourquoi la France n'a pas condamné les violences qui ont fait des dizaines de victimes en Tunisie, le second tente de jeter les bases d'une relation amicale avec le prochain gouvernement tunisien. Une perche confirmée par la phrase suivante de la déclaration : «Depuis plusieurs semaines, le peuple tunisien exprime sa volonté de démocratie. La France, que tant de liens d'amitié unissent à la Tunisie, lui apporte un soutien déterminé.»

Le gouvernement français n'a cependant toujours pas bien réussi à opérer ce qui semble être une volte-face dans sa communication, d’autant que l'amitié exprimée au nouveau gouvernement tunisien ressemble passablement aux marques de soutien que recevait Ben Ali.

Les propos tenus par l'ex-président français, Jacques Chirac, lors d'une visite en Tunisie en 2003 sont toujours dans l'air : «Le premier des droits de l'homme c'est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat. De ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays.»

Le président Sarkozy a adopté la même position lorsqu'il a rencontré Ben Ali en Tunisie en 2008 : «La relation entre nos deux pays est faite de confiance, de respect, d’estime et d’amitié. Elle est tournée vers l’avenir.»

«Aujourd’hui, l’espace des libertés progresse. Ce sont des signaux encourageants, que je veux saluer», avait-il ajouté.

Fin de la rotation à 180 degrés, François Baroin, ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, a indiqué que la famille Ben Ali n’était pas bienvenue en France. Il y a des amis que la France a besoin d’oublier.

Version originale : France Tries to Forget a Tunisian "Good Friend"

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