Werther : aimer d'amour

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque
26.01.2011

  • Charlotte (Michèle Losier) et Werther (Phillip Addis) dans Werther(攝影: / 大紀元)

L’histoire, créée par Goethe en 1774 et adaptée en français pour l’opéra par Massenet en 1892, est fort simple. Tout est basé sur le discours amoureux entretenu entre Charlotte (Michèle Losier) et Werther (Phillip Addis). La demoiselle déjà promise à Albert (Stephen Hegedus) et devant s’occuper de ses sept frères et sœurs, suivra son devoir, non sans espérer Werther qui ne se remettra pas de sa liaison avortée.

Cette histoire et son opéra, plus que d’entrer dans l’intime, plonge dans la solitude d’un amour impossible. La lente progression sensuelle de la musique accompagne l’attente inassouvie de cet amour pendant 2 h 45. Un premier acte qui donne à saisir ce rythme, un second pour accompagner la triste destinée de cet amour et les deux autres pour ressentir les tourments de cet amour. Triste, mais beau. Les voix ne peuvent laisser indifférent.

 

Le Werther de l’Opéra de Montréal est présenté dans la version baryton pour la première fois. L’occasion est belle pour entendre le célèbre Phillip Addis dans le rôle-titre. Le chanteur canadien a conquis l’auditoire parisien grâce à son interprétation de Pelléas, rôle qui lui allait comme un gant. Un jeune homme parfait pour jouer les amoureux, mais un peu statique pour incarner un personnage aussi exalté que Werther. Comme l’orchestration est conçue pour un ténor, la voix du baryton se perd un peu dans les passages plus volumineux d’emportement.

Le personnage de Charlotte a la belle part de l’opéra. De longs passages lui sont consacrés et la chanteuse Michèle Losier sait en tirer parti. Déroutée par l’amour, dirigée par son devoir, elle fait naître des contrastes vocaux et corporels puissants, passages dramatiques magnifiques.

Dans le décor sobre dominé par le blanc de Michael Yeargan, l’éclairage d’Anne-Catherine Simard-Deraspe prend une place prépondérante et amène une dimension théâtrale pertinente pour cette pièce romantique. Les costumes de Barilà, se prêtant aux années folles, colorent les scènes sans trop accaparer l’œil. Un bel équilibre scénographique où chaque élément répond à l’ambiance de la passion amoureuse. Une œuvre encore actuelle.

Pour les passionnés de Werther, lire l’ouvrage de Roland Barthes Fragments d’un discours amoureux, consacré à cette histoire tumultueuse. Un opéra qu’on peut aimer d’amour, pour son sujet, sa profondeur, ses interprètes, son visuel intimiste et la part mystérieuse du coup de foudre qui ne s’explique pas toujours. Pour les passionnés d’opéra, ou les fous du cœur battant.