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Un pianiste chinois joue un air de propagande à la Maison Blanche

Écrit par Matthew Robertson, La Grande Epoque
27.01.2011
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  • Lang lang, un pianiste chinois, joue du piano à la Maison Blanche le 19 janvier 2011. La musique qu’il jouait est le thème de la chanson d’un film de propagande anti-américaine à propos de la guerre en Corée (Copie d’écran sur Youtube)(攝影: / 大紀元)

Les États-Unis humiliés aux yeux des Chinois par une chanson qui habituellement inspire l’anti-américanisme

Le pianiste Lang Lang explique qu’il l’a choisie. Le dirigeant Hu Jintao l’a reconnue dès qu’il l’a entendue. Des internautes patriotiques chinois ont été enchantés aussitôt qu’ils ont vu les vidéos en ligne. Les téléspectateurs matinaux en Chine savaient, une ou deux heures à l’avance, qu’elle serait jouée. Au dîner d'État à la Maison-Blanche le 19 janvier, environ six minutes après le début de son interprétation, Lang Lang a commencé à jouer une mélodie de propagande antiaméricaine de la Guerre de Corée : le thème de la chanson du film Bataille sur la montagne Shangganling.

Le film dépeint un groupe de soldats de «l'Armée populaire de volontaires» qui au début sont cernés à Shangganling (ou colline du Triangle) puis, quand les renforts arrivent, prennent leurs fusils et contre-attaquent les «chacals» américains.

Le film et la chanson sont bien connus en Chine et la chanson est une pièce maîtresse de la propagande antiaméricaine du Parti communiste chinois (PCC) depuis des décennies. La propagande du PCC a toujours fait référence à la Guerre de Corée comme le «mouvement pour résister à l’Amérique et aider la Corée [du Nord]». Le message étant que les États-Unis sont un ennemi et que leur but dans la Guerre de Corée était en fait de conquérir la Chine. La victoire à la colline du Triangle a été célébrée comme une victoire sur les impérialistes.

La chanson jouée par Lang Lang décrit combien la Chine est belle et, vers la fin, il y a ce couplet : «Quand les amis sont là, il y a du bon vin / Mais quand le chacal arrive / Il est accueilli par le fusil de chasse.» Le «chacal» dans la chanson se réfère aux États-Unis.

Le titre de la chanson est Ma patrie, intitulée à l’origine Grande rivière. Dans une émission sur la chaîne Phoenix TV, Lang Lang a dit en entrevue qu'il avait personnellement choisi le morceau.

Puis, il a ajouté : «J’ai pensé jouer Ma patrie parce que je crois que jouer cette musique au banquet de la Maison-Blanche peut nous aider, nous les Chinois, à être très fiers de nous-mêmes et exprimer nos sentiments à travers la chanson. Je crois qu'elle est particulièrement bonne. Aussi, j’aime en soi la mélodie, chaque fois que je l’entends, je suis très ému.»

Ultérieurement, il a exprimé cette idée avec plus de franchise sur un blogue : «Jouer cette chanson en louangeant la Chine aux chefs des États du monde entier semble leur dire que notre Chine est formidable, que notre peuple chinois est uni; je me sens profondément honoré et fier.»

Connue d’avance

Il est impossible de confirmer si la décision de Lang Lang de jouer Ma patrie était entièrement la sienne. Toutefois, il est pratiquement impossible que son choix était inconnu des responsables du PCC, alors que chaque geste dans une rencontre diplomatique est calculé au quart de tour.

Cheng Xiaonong a été l'assistant de l’ex-secrétaire général du PCC, feu Zhao Ziyang. Il vit maintenant dans le New Jersey et commente la politique chinoise.

Cheng a dit : «La Maison-Blanche devait annoncer le programme à l'avance à la délégation chinoise qui aurait eu certainement connaissance du choix de Lang Lang.»

Cependant, Cheng croit que la délégation chinoise n’aurait vu aucune raison de suggérer un changement dans le programme. «Le programme n’est pas contre les intérêts de la Chine. En fait, c’est le contraire.»

En plus de la délégation chinoise qui connaissait probablement le programme en avance, les responsables du PCC reliés à Phoenix TV auraient également dû savoir.

Phoenix TV est basée à Hong Kong, et son signal satellite peut être reçu à travers la Chine. Son interview avec Lang Lang a été diffusé à 7 heures du matin, heure de Pékin, le 20 janvier, soit 18 h, heure de Washington D.C., le 19 janvier, peu avant le dîner d'État. L'interview n'était pas en direct.

Phoenix TV, théoriquement indépendante, est connue pour entretenir des liens très étroits avec le PCC. L'universitaire Anne-Marie Brady, dont les recherches se concentrent sur les médias et la propagande en Chine, estime que Phoenix TV est plus loyale au régime chinois que les médias officiels communistes.

À tout le moins, le personnel de Phoenix TV savait à l’avance que Lang Lang avait prévu de jouer la chanson. Étant donné les liens entre la chaîne et le PCC, et le contrôle sur le contenu de n’importe quelle émission à propos de la visite d’État de Hu, il est peu probable que les représentants du PCC n'étaient pas au courant.

Propagande

Ma patrie, jouée à la Maison-Blanche, est considéré en Chine comme un triomphe de propagande.

«Aux yeux de tous les Chinois, ceci est perçu comme rien d'autre qu'une grave insulte aux États-Unis», affirme Yang Jingduan, un psychiatre de Philadelphie qui avait été médecin militaire en Chine. «Cela revient à vous insulter en pleine face et vous ne vous en rendez pas compte, c’est humiliant.»

Yang estime que le choix de cette musique par Lang Lang est une expression de la propagande profondément antiaméricaine constante en Chine.

«Ce chauvinisme profondément antiaméricain a été brandi par le PCC pendant des années; Lang Lang exprime les sentiments de cette génération de jeunes gens en colère», affirme Yang.

Un exemple bien connu de tels sentiments a été constaté le 11 septembre 2001 lorsque les forums de discussion chinois célébraient l'attentat comme une défaite américaine.

Ces derniers jours, enthousiasmés par l'affaire Lang Lang, les Chinois patriotiques font circuler le clip de l’exécution. Un internaute a écrit «le bon endroit, le bon moment, la bonne chanson!»

La formule «le bon endroit, le bon moment, la bonne chanson» fait écho à la propagande chinoise et constitue une déclaration de victoire sur les États-Unis. On a enseigné aux Chinois que les États-Unis ont perdu la Guerre de Corée. Un général américain est cité dans la propagande, décrivant la Guerre de Corée comme étant «la mauvaise guerre au mauvais moment, au mauvais endroit, contre le mauvais ennemi», ce qui a été considéré comme un aveu de défaite. En fait, la citation est du général Omar N. Bradley, témoignant devant le Congrès à propos de la raison pour laquelle les États-Unis ne devraient pas étendre la guerre contre les communistes en Chine.

Un autre Chinois s’exprimant sur un forum de discussion a réagi à l’interprétation de Lang Lang en écrivant : «Vaincre l’Amérique, vaincre Obama» (écrivant le nom d’Obama avec le mauvais premier caractère, signifiant «coulé» ou «cabossé»).

D’autres ont écrit des commentaires comme : «Oh mon dieu!», «Ne savaient-ils pas?», «Où étaient les Affaires étrangères des États-

Unis?» et «Très bien. Mon impression sur Lang Lang a réellement changé.»

Des Chinois modérés ont exprimé leur déception quant à l'attitude de leurs compatriotes.

Un blogueur a écrit : «Supposez un moment qu’Obama soit invité à une réception en Chine et qu’il invite un artiste américain, qui a joué en Chine pendant de nombreuses années, à interpréter une chanson de guerre contre la Chine, quel type de réaction pensez-vous que le gouvernement et le peuple chinois auraient? […] Je pense que le gouvernement américain ne connaît pas le contexte de cette chanson – s’il le savait, il serait offensé, n’est-ce pas?»

Humilier les États-Unis

Dans un communiqué de presse du 21 janvier, le militant prodémocratie, Wei Jingsheng, a commenté l’interprétation de Lang Lang à la Maison-Blanche. Wei a souligné que les administrations américaines n’arrivent pas à comprendre le PCC.

Il a affirmé : «Ces dictateurs […] ne voudront pas les mêmes valeurs et civilisation que l’Occident démocratique. Ils n’ont aucune hésitation à utiliser des subterfuges et à insulter à leur avantage les gens chez eux, aussi bien que leurs hôtes étrangers, même à la Maison-Blanche.»

Si les officiels chinois ont voulu que Lang Lang joue ce morceau, son exécution à la Maison-Blanche s’inscrit dans un schéma général de propagande chinoise attaquant les États-Unis. De subtils détails sont utilisés pour humilier les États-Unis devant le peuple chinois.

Lorsque Nixon s’est rendu en Chine, une photo a été prise de lui alors qu’il sortait de l’avion pour saluer le premier ministre Zhou Enlai. Nixon arborait un large sourire et tendait sa main vers Zhou. À cette époque, ce dernier avait un bras inerte. Il se tenait avec un visage rigide et tenait sa main près de son corps.

La photo a été largement utilisée dans tous les médias chinois pour soutenir l’idée que la visite de Nixon était une victoire pour la Chine. Il a été enseigné aux élèves chinois : «Voyez combien le bras de Nixon s’étire? Cela montre que les États-Unis tendent la main vers nous.»

Lorsque le président Obama s’est rendu en Chine en novembre 2009, il a visité le Palais impérial. Il est sorti par la Shen Wu Men, que l’on pourrait traduire par la «Porte de la prouesse divine». La chaîne de télévision de l'État a rapporté qu’il était sorti par la Shun Zhen Men, que l’on pourrait traduire par la «Porte de l’obéissance et de la pureté».

En fait, la «Porte de la prouesse divine» est la porte extérieure et tout le monde doit sortir par là. Cependant, les médias chinois n’ont pas accordé au président Obama l’honneur de sortir par la «Porte de la prouesse divine».

Ni la Maison-Blanche ni l’ambassade de Chine n’ont répondu aux appels téléphoniques demandant de commenter cette histoire.

Version originale : Chinese Pianist Plays Propaganda Tune at White House

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.