On peut se sentir, en s’engageant dans le début de cette année 2011 un peu comme ces baigneurs du Nouvel An qui, même s’ils trouvent plutôt séduisante l’idée de plonger dans l’eau glacée avec quelques centaines d’autres, hésitent entre se jeter hardiment et avancer à petit pas. L’année 2010 a été particulièrement dure, marquée par des catastrophes humanitaires majeures et par l’installation, probablement durable, de la crise économique en Europe – Grèce et Irlande proches de la faillite, qui pour la suite ? Pour ne rassurer personne, le 1er janvier 2011 aura surtout été marqué par un massacre dans une église copte en Egypte, ce qui n’encourage pas au plus grand des optimismes.

La seule chose éventuellement rassurante, c’est de façon contradictoire le fait que l’histoire soit essentiellement imprédictible et que 2011 ne doive pas nécessairement suivre le chemin tracé par 2010. Qui sait, peut-être un « effet papillon » pour provoquer de grands bouleversements ? En Birmanie, la démocrate Aung San Suu Kyi a été libérée, en Chine défenseurs des droits sociaux et bouddhistes du Falun Gong continuent leur campagne de désobéissance pacifique, le développement durable est devenu une notion suffisamment palpable pour que certains troquent leur 4x4 contre un véhicule hybride, les panneaux photovoltaïques fleurissent, des traditions artistiques millénaires ressurgissent…

Dans l’immensité de ce que nous ignorons sur 2011, quelques points de certitude. En Europe, la Hongrie assumera les six premiers mois de présidence européenne, avec des responsabilités restreintes puisque l’adoption du traité européen remet en cause la nécessité d’une présidence tournante. Le président français Nicolas Sarkozy ambitionne de son côté, à la présidence du G8 et du G20, de reproduire le succès de la présidence française de l’Union européenne en 2008. En pleine politique de rigueur au niveau national, le président entend se charger de la réforme du système monétaire international. Il aura fort à faire. À Séoul en novembre lors de la dernière réunion du G20, le thermomètre relationnel des grands dirigeants avait atteint le rouge, au point qu’il avait fallu proposer d’attendre quelques mois avant de reprendre les débats sur les déséquilibres commerciaux et la sous-évaluation de la monnaie chinoise, entre autres sujets faciles.

Autres événements, parmi ceux qui peuvent se prédire et s’annoncer : l’Estonie rejoint la zone euro, le Portugal et la Suisse éliront un nouveau président, les Etats-Unis achèveront le retrait de leur troupes d’Irak. Au Royaume-Uni, le prince William épousera une roturière, les conseils généraux français seront renouvelés pour moitié lors des élections cantonales, le mandat de Ban Ki-Moon comme Secrétaire Général des Nations unies s’achèvera. Les Canadiens suivront l’exemple donné par les Etats-Unis en Irak et retireront leurs dernières troupes d’Afghanistan. Enfin, le gaz russe dira « zut » à l’Ukraine avec l’ouverture du North Stream qui offrira une voie alternative d’approvisionnement de l’Europe et il y aura en France de l’eau dans le gaz entre de nombreux anciens amis politiques qui se demanderont quelle est la meilleure solution pour avoir un candidat gagnant aux élections présidentielles de 2012.

Le reste est à découvrir, à petits pas et avec autant de confiance que possible dans nos capacités à faire de 2011 une année meilleure que les précédentes, plus respectueuse de ce qui fait l’essentiel de notre humanité. Recevez tous nos vœux de bonheur et d’harmonie.