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Au cinéma, le religieux trouve-t-il des solutions dans la politique?

Écrit par Alain Penso, La Grande Epoque
12.10.2011
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  • Les hommes libres (2010)(攝影: / 大紀元)

CHRONIQUE D’UN OBSERVATEUR DU 7e

Le cinéma iranien sous surveillance

Avec Au Revoir de Mohammad Rasoulof (2011), le cinéma iranien montre aujourd’hui l’impasse dans laquelle se trouvent ses citoyens, confrontés à un régime politique qui utilise la religion comme discours légitime. Nul ne peut être à la hauteur de la pensée divine. Et il n’est pas raisonnable de la mettre en doute, pour sa propre sécurité. Les responsables religieux qui se sont emparés du pouvoir politiques le savent. Dans Une Séparation réalisé par Asghar Farhadi (2010) tout un déséquilibre social est décrit. Une année plus tôt, ce même réalisateur exprimait toute sa désorientation avec À Propos d’Elly (2009), dans lequel une jeune femme disparaît. Les arts ne peuvent pas être exercés sans un contrôle strict. Le cinéma en particulier est dans le collimateur du pouvoir. Les cinéastes sont sous surveillance et une liste noire circule, comparable à celle qu’avait prôné le 9 février 1950 Joseph McCarthy, sénateur républicain du Wisconsin.

Les fantômes du maccarthysme

Le 9 février 1950, dans un discours, Joseph MacCarthy accuse la mainmise de fonctionnaires communistes sur le département d’État. Il fait perdre ainsi l’emploi de plusieurs centaines d’Américains soupçonnés à tort de trafic avec les ennemis de l’Amérique. Des hommes de cinéma comme le scénariste Dalton Trumbo sera condamné à la prison. Il devra, sous peine de rester au chômage, travailler sous des noms d’emprunt. Il tournera beaucoup plus tard un petit bijou Johnny Got His Gun (1971), son seul film. Dans Le Prête-nom réalisé par Martin Ritt (1976), Woody Allen joue le rôle de Howard Prince, simple barman sans convictions politiques qui accepte par amitié de servir de prête-nom à un scénariste. MacCarthy fabrique ainsi avec ses accusations infondées une sorte de religion.

Les républicains se chargent de combattre le communisme, qui devait mieux répartir les richesses. Cela a donné des régimes meurtriers et corrompus exposés dans La Déchirure de Roland Joffé (1984). Au moment où la guerre américano-vietnamienne déborde sur le Cambodge, Phnom Penh est pris par les Khmers-rouges. Un journaliste risque sa vie si nul n’intervient.

Propagande et censure, même combat?

Sergueï Eisenstein tourne Alexandre Nevski (1938), un film de propagande commandé par Staline lui-même, destiné à relever le moral des troupes et du peuple craignant des menaces de guerre émanant de toutes parts. La puissance du religieux n’est pas absente de l’œuvre. Surveillé par le parti communiste dont tous les acteurs font partie, Eisenstein arrive à marquer son film de son empreinte notamment sur le plan esthétique et formel. La scène de fin sur le lac glacé où les Teutons perdent une bataille et leur puissance devant leur lourdeur naturelle, est significative. L’interprétation du film doit télescoper le temps pour se restituer dans le contemporain dans le conflit potentiel avec l’Allemagne. Tous les accessoires du film sont presque des contrefaçons du matériel de guerre utilisé aujourd’hui. Les casques des chevaliers teutoniques font penser à ceux des Nazis. La musique de Prokoviev accentue la lourdeur des Teutons alias les Allemands.

  • Des hommes et des Dieux (2010)(攝影: / 大紀元)

Au XIIIe siècle, Alexandre Nevski harangue le peuple face à une double menace: à l’ouest des chevaliers teutoniques, bénis par leur prêtre avant de perpétrer des massacres, à l’est les Mongols sûrs de leur droit à régner au nom de la puissance de Dieu qui les a choisis. Tourné comme un film de propagande destiné à faire comprendre à l’ennemi potentiel que l’URSS n’est pas résolue à rester passive face à la menace d’une invasion et qu’il s’y préparent. Il est remarquable de constater que le film est sorti sur les écrans deux mois après les accords de Munich (30 septembre 1938) et que ce traité permettra à l’Union Soviétique de se positionner comme un allié de l’Allemagne et de signer un peu plus tard le pacte germano-soviétique (23 août 1939) face des alliés soupçonneux et indécis.

Pour maîtriser le pouvoir sur le peuple, Staline substitue le communisme à la religion orthodoxe. Comme Mao, il va devenir le nouvel opium du peuple. René Viénet explicite bien les mécanisme utilisés par les maîtres de la Chine dans son film Chinois, encore un effort pour être révolutionnaires (1973).

Aujourd’hui la confusion entre le politique et le religieux a envahi la planète. Bertrand Tavernier débusque des détails pertinents sur les méthodes de massacres de l’époque dans La princesse de Montpensier (2010). Pendant des décennies, l’Iran a même contaminé la Turquie qui se débat entre sa laïcité historique et l’avènement d’un mouvement politique religieux l’AKP de tendance islamique qui ne dit pas pour l’instant son nom.

Restauration de l’histoire pour saisir le présent

Les hommes de Dieu sont parfois proches des réalités qui devraient toujours habiter les vocations dans Des Hommes et des dieux de Xavier Beauvois (2010) avec d’excellents acteurs dont Michaël Londale et Lambert Wilson. Le film s’inspire de la vie des moines de Tibhirine. Ayant refusé la protection de l’armée, les moines sont enlevés et assassinés par des terroristes en 1996, il discutaient et prônaient la non-violence. Soucieux du bien-être des musulmans modestes avec lesquels ils avaient des relations humaines avant tout.

Dans Les Hommes libres, Ismael Ferroukhi (2010) traite d’un sujet inconnu, l’implication du monde musulman dans la résistance et le sauvetage de juifs pendant la seconde guerre. Le recteur de la mosquée de Paris a fourni des faux-papiers pour permettre à des enfants d’être sauvés des multiples rafles notamment celle du 11e arrondissement en1942. Younes, jeune immigré algérien, fait du marché noir. Il se fait arrêter par la police française. Il se voit obligé pour sauver sa peau de devenir leur espion. Il rencontre un chanteur juif arabo-andalou, devient son ami et entre dans la résistance. Ce film n’est pas sans rappeler le film de Louis Malle, Lacombe Lucien (1974) qui à l’époque fit sensation. Là dans Les Hommes libres (2010) le héros du film devient résistant en ayant fait un stage chez l’ennemi que l’amitié transformera.

Dans Et maintenant on va où? de Nadine Labaki (2011), la réalisatrice de Caramel (2007) conte une fable libanaise où les femmes chrétiennes et musulmanes dans une solidarité fraternelle mettent un plan en place pour mettre fin aux antagonismes typiquement masculins qui risquent d’ébranler mortellement leur village. La danse, la musique, les mets délicieux détournés pour calmer les esprits enjolivent cette œuvre belle et exemplaire. Dans Le Cochon de Gaza (2011) c’est sur un mode d’humour pacifique que le réalisateur Sylvain Estibal évoque la vie d’un modeste pêcheur palestinien qui découvre dans ses filets un cochon. Absurde et décalé de la stricte réalité, le film semble vouloir être décrypté pour être vraiment compris.

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