Un journaliste en Chine couvrant la sale affaire de «l'huile de caniveau» a été poignardé à mort alors qu'il rentrait chez lui d'une soirée karaoké le 19 septembre.

Li Xiang, âgé de 30 ans, travaillait pour la télévision de Luoyang, province du Henan. Quatre jours avant d’être poignardé, il révélait sur son blog être sur la piste d'une fabrique d’huile alimentaire de source douteuse. Beaucoup d’observateurs croient que le fait d’avoir été poignardé et son travail sont étroitement liés.

Cette huile est issue de la collecte et du raffinage d’huile de friture de restaurants et d'autres déchets, parfois récupérés dans les caniveaux et les égouts, puis reconditionnés et vendus.

Li était avec des amis le 19 septembre, et leur soirée a pris fin vers minuit. Il était sur le chemin de la maison, seul, quand il a été abordé puis poignardé à dix reprises. Son ordinateur portable a été volé. Li devait se marier le 1er octobre.

Le Bureau de la sécurité publique de la ville de Luoyang a déclaré enquêter sur l'affaire. Les collègues journalistes et les observateurs disent que l'incident montre la vulnérabilité des journalistes chercheurs de vérité en Chine.

Reporters sans frontières a publié une déclaration le 20 septembre, en espérant que les autorités vont enquêter sur la question à fond, et «vont sérieusement considérer la possibilité que Li ait été tué dans le cadre de son travail comme journaliste».

Li Jianjun, un journaliste dans la province du Shanxi, n'était pas optimiste quant à la situation de la presse en Chine. Il parlait récemment à la radio Sound of Hope des dangers pour les journalistes qui cherchent à découvrir la corruption en Chine: «Seul (...), un journaliste indépendant est souvent contraint d'affronter l'ensemble du système. Peu importe qu'il s'agisse d’enquêtes sur l'économie ou de tout autre domaine, les journalistes en Chine ne sont pas du tout protégés».

Un internaute a commenté sur l'un des principaux forums en Chine, Tianya: «C’est le prix que nous payons pour avoir dit la vérité et exposer le côté sombre de la société. Il n’y a que lorsque nous trouverons un moyen de faire payer aux criminels une peine encore plus lourde que nous pourrons rétablir la justice dans la société».

Pour un autre internaute, «la mort de Li appelle à des représailles envers le propriétaire de l'usine de recyclage de déchets d'huile. Ce rebut de la société doit être arrêté et sévèrement puni».