Un projet de loi vise la réciprocité dans les relations médiatiques entre Washington et Pékin

Écrit par Wei Tuo, La Grande Époque
24.10.2011

  • Manifestation d'étudiants pour un Tibet libre(Staff: STAN HONDA / 2011 AFP)

Un projet de loi récemment déposé à la Chambre des représentants américaine vise à corriger un grand déséquilibre entre la présence des médias officiels chinois aux États-Unis et la présence des médias officiels américains en Chine.

H.R. 2899, le Chinese Media Reciprocity Act of 2011 (la loi sur la réciprocité avec les médias chinois) a été présenté à la mi-septembre par les membres du Congrès Dana Rohrabacher (R-CA), Randy Forbes (R-VA) et Ted Poe (R-TX).

    

«Il y a une disparité très inquiétante entre le nombre de travailleurs des médias officiels chinois à qui nous accordons des visas et le nombre de visas que la Chine émet à leurs homologues américains», a déclaré M. Rohrabacher par voie de communiqué.

Rohrabacher a souligné le fait qu’au cours de l'année 2010, environ 650 citoyens chinois sont entrés aux États-Unis avec des visas de journaliste, alors que seuls deux journalistes américains qui travaillent pour des agences gérées par le Broadcasting Board of Governors (BBG) ont obtenu la permission de s'établir en Chine continentale. Le BBG administre les médias financés par le gouvernement américain, tels que Voice of America et Radio Free Asia.

Le communiqué de presse mentionne que «H.R. 2899 vise à modifier la Loi sur l'immigration et la nationalité pour assurer le libre accès du journalisme en Chine en mettant en application la relation réciproque établie entre le nombre de visas émis aux employés des médias officiels de chaque pays».

Alors que les journalistes des médias officiels chinois profitent de l'environnement médiatique libre et non censuré aux États-Unis, les deux journalistes en Chine de Radio Free Asia et Voice America sont «régulièrement harcelés par la police chinoise et ont été agressés et détenus par des responsables chinois», a déclaré M. Rorhabacher. «Voice of America et Radio Free Asia sont systématiquement bloquées par le gouvernement communiste depuis des années.»

En août 2010, le directeur du bureau de Washington de l'agence officielle Xinhua, Ge Xiangwen, a déclaré au 21st Century Economy Report de Guangzhou avoir augmenté le nombre de ses bureaux à l'étranger de 102 à 120 au cours des trois dernières années et propose d'augmenter le nombre à 200.

En août 2011, Xinhua a lancé un panneau d'affichage géant sur Times Square et a également emménagé dans un espace de bureau dispendieux adjacent à Times Square.

Le rédacteur en chef de Beijing Spring, Hu Ping, a déclaré à l'hebdomadaire The New Epoch Weekly que le nombre de bureaux que Xinhua avait réussi à établir hors de Chine n'était pas le problème. «Le point important est ceci : alors que la Chine peut s'exprimer librement ici, les autres ne sont pas autorisés à s'exprimer librement en Chine. En outre, de nombreux travailleurs des médias chinois ne sont pas réellement des journalistes, mais effectuent des missions spéciales.»

«Le Parti communiste chinois (PCC) établit ses médias dans d'autres pays en profitant de la liberté de la presse, mais les États-Unis n'ont aucune chance d'établir une présence médiatique en Chine. Les médias tels que The New Epoch Weekly et Beijing Spring ne peuvent être vus! C'est l'inégalité la plus importante et la plus fondamentale», estime M. Hu.

Concernant la liberté de la presse, M. Zhang Weiguo, rédacteur en chef de Trend Magazine, a mentionné que les deux pays sont aux antipodes : «La Chine a déjà exploité l'ouverture de la société occidentale pour influencer la politique, effectuer des transactions illégales et mener des activités de collecte de renseignements.»

«Pouvez-vous lire les journaux et magazines américains à Pékin? L'Internet aux États-Unis ne censure pas la Chine, alors vous pouvez accéder à tous les sites web en Chine continentale. Les gens en Chine ne peuvent accéder aux sites étrangers, la majorité étant censurés. En Chine, les médias étrangers ne sont-ils pas la cible du pare-feu Internet Golden Shield? C'est l'inégalité totale», déplore Hu Ping.

«Depuis l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce, l'inégalité entre les médias en Chine et ceux des États-Unis est devenue évidente. Il est évident que le PCC utilise les politiques peu contraignantes des pays occidentaux pour pénétrer dans le système et influencer l'opinion américaine», affirme Zhang Weiguo.

«Ce nouveau projet de loi au Congrès a généré une nouvelle prise de conscience. Pendant de nombreuses années, la classe dirigeante chinoise et certains groupes américains se sont associés pour faire pression auprès des décideurs américains, de la Chambre et du Sénat. Ce n'est pas évident que ce projet de loi va passer, mais il montre une direction, une sensibilisation et un début de prise de position», ajoute-t-il.

 

Version originale : Bill Seeks Reciprocity in US-China Media Relations