Vers une recapitalisation «ordonnée» des banques européennes

Écrit par Lauren Smith
25.10.2011

  • José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, présente le projet de récapitalisation des banques à Bruxelles le 12 octobre 2011. (John Thus/AFP/Getty Images)(攝影: / 大紀元)

A l’issue d’un sommet franco-allemand le 9 octobre à Berlin, Nicolas Sarkozy, président français, et Angela Merkel, chancelière allemande, ont annoncé vouloir «apporter une réponse durable et globale» à la crise de la dette dans la zone euro. Les deux chefs d’État se sont mis d’accord sur la nécessité de récapitaliser le secteur bancaire et ont rejoint finalement la vision du Fond monétaire international (FMI) qui appelait à la récapitalisation des banques européennes.

Le 12 octobre, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a confirmé que «pour restaurer la confiance dans le secteur bancaire européen, un effort de récapitalisation, coordonné et ciblé, est nécessaire». Il a appelé à une récapitalisation «d’urgence» et proposé de relever le niveau minimum de fonds propres pour tous les  établissements financiers dont l’éventuelle défaillance pourrait avoir un effet sur l’ensemble du système financier. D’après le communiqué du régulateur, le renforcement des fonds propres des banques devrait intervenir avant la mise en place effective des nouvelles règles dites de Bâle III prévues en janvier 2013, mais à ce stade aucune date n’a été avancée. Quant au niveau de besoin de capital, le ratio de fonds propres des banques par rapport à leurs engagements pourrait être réévalué au-delà du seuil de 7 % prévu par les accords de Bâle III à l’horizon 2015. «Un niveau de 9 % de fonds propres d’ici à la fin du premier semestre de l’année prochaine, c’est bien», a déclaré François Baroin, le ministre français des Finances, vendredi 14 octobre à la radio Europe1.

Des nouveaux tests sur la solvabilité des banques

Une nouvelle série de tests sur la solvabilité des banques est actuellement menée par l’Autorité bancaire européenne (EBA). Les bilans des banques sont réévalués en prenant en compte les pertes potentielles sur la dette souveraine de certains pays les plus fragiles de la zone euro comme la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. Les travaux de l’EBA sur l’estimation des besoins en capital des banques devraient être rendus lors de la prochaine réunion des ministres européens des Finances le 21 octobre.

La récapitalisation des banques européennes a été au centre de discussions du Conseil européen le 23 octobre à Bruxelles. Enfin, la liste des banques et des établissements financiers présentant le risque «systémique» pour le secteur financier mondial devrait être publiée à l’occasion du sommet du G20 prévu les 3 et 4 novembre à Cannes, a indiqué François Baroin à la conférence de presse à l’issue de la réunion des ministres des Finances des pays du G20 réunis samedi dernier à Paris.

Quant aux moyens à mener pour une telle récapitalisation, le président de la Commission européenne a expliqué, dans l’ordre de priorité, les banques devraient tout d’abord se tourner vers les investisseurs privés en levant du capital sur le marché, puis en second lieu si nécessaire vers leurs gouvernements nationaux et en dernier recours utiliser des capitaux via un prêt du Fonds européen de stabilisation financière (FESF). Ce fonds de soutien à la zone euro, en vertu des accords du 21 juillet dernier, est devenu un véritable Fonds monétaire européen avec notamment les taux d’intérêts de ses prêts aux États alignés sur ceux du FMI fixé à 3,5 % avec une capacité effective d’emprunt de 440 milliards d’euros contre 400 milliards de dollars pour le FMI. 

Des décotes sur les dettes souveraines

Selon les décotes appliquées à la dette souveraine des pays en difficultés, les estimations du besoin de recapitalisation des banques européennes varient de façon significative. Dans une simulation avec les hypothèses macro-économiques retenues lors des précédents stress-test en ajoutant une décote sur la valeur des dettes grecque, irlandaise, portugaise, espagnole et italienne, le besoin de capital s’élèverait à 298 milliards d’euros, selon l’étude de la banque américaine Goldman Sachs. Une fourchette de besoin de récapitalisation a été communiquée par Antonio Borges, directeur du FMI pour Europe: «Nous avons parlé de chiffres compris entre 100 et 200 milliards d'euros, c'est une très petite quantité par rapport aux ressources du nouveau fonds européen de stabilité», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles le 5 octobre.

Le plan de récapitalisation du secteur bancaire sera-t-il une solution efficace pour résorber la crise de la dette souveraine en Europe? Permettra-t-il d’éviter l’effet de contagion de défauts grecs aux autre pays membres et le scénario catastrophe de défaut d’Italie tant redouté par les investisseurs?