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Le Japon après la catastrophe

Écrit par Cindy Drukier, La Grande Époque
26.10.2011
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  • Un message d'encouragement dans une gare de train : u00abFaisons de notre mieux, Japon».(攝影: / 大紀元)

KYOTO, Japon – Assise sur un petit tatami dans un café de Kyoto, j'ai engagé la conversation avec un résident du coin qui travaille pour une grande firme électronique. Il revenait tout juste d'un marché à proximité qui vendait des produits de Fukushima. Selon lui les produits sont sans danger, mais personne ne les achète de peur qu'ils soient contaminés. Cela ne fait rien pour aider l'économie dans les régions déjà affligées. Il a acheté quelque chose pour exprimer son soutien, tout comme il avait soutenu les sinistrés en allant les aider immédiatement après que le tremblement et le tsunami ont frappé la région de Tohoku le 11 mars dernier.

Un propriétaire d’un magasin de vélos et courrier à vélo que je connais est aussi allé donner un coup de main après le désastre. Il m'a raconté combien la communauté des courriers à vélo avait été importante dans les premiers jours, transportant de l'eau et des denrées aux régions isolées. Il a même sacrifié sa longue tignasse pour la cause. Pour mieux creuser dans la boue et les décombres, et sans eau pour se laver et avec la contamination nucléaire dans l'air, il fallait la couper.

Ce ne sont que deux hommes parmi tant d'autres. J'ai été impressionnée par le nombre et la diversité de gens que j'ai rencontrés et qui se sont mobilisés pour mettre l'épaule à la roue après les catastrophes. Ces gens comme le vieux conteur d'histoires qui possède un restaurant de nouilles centenaire dans le village de Monzen, préfecture d'Ishikawa. Il a perdu sa maison dans le séisme de Noto d'une magnitude de 6,9 en 2007, alors cette année il est allé aider les victimes des désastres, car il ressentait de l'empathie.

Un médecin et auteur, renommé pour son enseignement sur la lutte contre le vieillissement et le cancer – à travers une diète et un programme d'exercices visant à faire augmenter la température du corps, effectue des voyages fréquents pour enseigner aux survivants ses techniques et pour étudier les résultats.

Une femme appartenant à une secte bouddhiste ésotérique a offert du réconfort et du divertissement aux enfants logés dans des abris temporaires.

Hystérie et suspicion

J'ai également constaté deux opinions prédominantes au sujet des désastres parmi les Japonais. Le premier camp affirme qu'il y a eu quatre désastres : le séisme, le tsunami, l'incident nucléaire – et l'hystérie.

Les rumeurs et l'hystérie n'ont aidé en rien la remise sur pied des régions affligées. Même les régions situées loin des endroits touchés, comme à Kyoto – où il n'y a pas de trace de poussière radioactive – les craintes de contamination terrorisent les esprits. Et cette peur n'est pas que locale, les touristes également se tiennent loin du Japon.

Un assistant-gérant dans un hôtel cinq étoiles de Kyoto m'a dit qu'avant le 3-11 (nom attribué aux désastres par les habitants), le ratio entre clients locaux et étrangers était de 50/50. Après la catastrophe, 100 % des étrangers ont annulé leurs réservations, et ce n'est que graduellement que le chiffre a grimpé à environ 20 %. L'histoire est la même partout.

Heureusement, l'économie japonaise ne dépend pas du tourisme. Alors que le tourisme compte pour 6,8 % du PIB, les visiteurs étrangers ne contribuent qu’à seulement 6 % de ce chiffre, selon un récent rapport du World Travel and Tourism Council. Néanmoins, pour les gens dans l'industrie et pour le moral des Japonais en général, le coup est vraiment dur.

Je transporte avec moi un prototype de détecteur de radiation installé sur une plateforme cellulaire Android, un logiciel appelé Gamma Pix, qui analyse les rayons gamma détectés par le capteur de lumière de la caméra du cellulaire. Pour être complètement transparente, mon frère est un des concepteurs principaux du produit mais, en toute objectivité, c'est assez formidable. Les lectures enregistrées du côté ouest de l'île de Honshu et à Kyoto indiquant que l'environnement est sécuritaire ont certainement aidé à rassurer les habitants à qui j'ai fait la démonstration.

Secret nucléaire

Le deuxième camp au Japon est constitué de gens très sceptiques par rapport au niveau de transparence du gouvernement et de TEPCO, l'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima qui a été gravement endommagée par le séisme. Les sceptiques peuvent énumérer de nombreuses informations qui, lorsque mises ensemble, contredisent le discours officiel. Ce deuxième camp estime que les autorités ont menti de manière éhontée, particulièrement durant les premiers jours de la crise, et la situation serait beaucoup plus grave autour de la centrale que ce qu'on laisse entendre.

J'ai rencontré un couple âgé de Fukushima en visite à Kyoto. Ils habitent encore dans leur maison à environ 60 km de la centrale. La vie est difficile, ont-ils partagé, tous deux l'air dépité en songeant à leur chez-soi.

Le plus gros problème est comment décontaminer le sol. Les rues et les trottoirs sont lavés avec des jets puissants ces jours-ci, mais quoi faire avec le sol? Idéalement, la terre en surface devrait être complètement enlevée, mais la région affectée est tellement vaste qu'il n'y aurait nulle part où en disposer. Habituellement, le couple entretient un potager, mais cette saison il n'a rien planté. Certaines plantes qui sont censées être bénéfiques pour la purification du sol, comme les tournesols, semblent n'avoir eu aucun effet. Ils savent que la situation est difficile, mais quel choix ont-ils? Si la situation est pire qu'ils ne l'imaginent, où pourraient-ils aller?

Les gens disent qu'il faudra du temps pour se remettre du 3-11. La zone affectée a besoin d'investissements massifs pour la reconstruction, et des communautés entières à proximité de la centrale vont demeurer des zones prohibées pour des décennies ou plus encore.

Toutefois, le pays fait face à l'adversité. J'ai entendu à plus d'une reprise qu'il y a maintenant un sens plus fort de fierté et d’appartenance à la communauté, peu importe l’opinion des gens sur la manière dont les dirigeants gèrent la situation.

Version originale : Global Dispatches: Japan After the Quake

 

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