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La transition énergétique: oui, mais à quel coût?

Écrit par Charles Callewaert, La Grande Époque
29.10.2011
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  • La centrale nucléaire du Bugey dans les environs de Lyon. (Jean-Pierre Clatot/AFP/Getty Images)(攝影: / 大紀元)

Suite à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, le Bundestag allemand a ratifié le 30 juin dernier la décision du gouvernement de cesser toute production d’électricité d’origine nucléaire d’ici à fin 2022, tout en réduisant fortement ses émissions de gaz à effet de serre. À l’inverse, la France a réaffirmé avec force sa politique nucléaire et maintenu la construction en cours des centrales EPR (Evolutionary Power Reactor), malgré les écologistes et le récent changement d’attitude de l’opposition.    

Une transition énergétique «verte», sans précédent

L’Allemagne ne se contente pas d’établir le calendrier de mise à l’arrêt des 9 centrales nucléaires qui produisent actuellement environ 25 % de l’électricité consommée. Pour éviter d’être prise à partie au sujet du réchauffement climatique, elle ambitionne parallèlement une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2020 et 80 % en 2050 (par rapport à 1990)!

 

Ces objectifs sont détaillés dans plusieurs lois de programmation: ainsi, la part d’électricité produite par les énergies renouvelables, c’est-à-dire pour l’essentiel énergies éolienne, solaire photovoltaïque et biomasse, passera de 17 % actuellement à 35 % en 2020, 50 % en 2030, et 80 % en 2050. Le rythme des rénovations de logements sera doublé et passera de 1 % à 2 % du parc chaque année. Il est également prévu de construire des centrales de cogénération gaz et charbon, pour une puissance totale de 10.000 mégawatts, ainsi que 4.450 kilomètres de nouvelles lignes électriques à haute tension. Enfin, l’investissement dans les énergies renouvelables et l’efficience énergétique seront encouragés financièrement grâce au fonds «énergie et climat», dont l’enveloppe est rehaussée à 3,3 milliards d’euros par an.

 

Ce programme sans précédent est bien celui d’une «transition verte», d’un changement de paradigme énergétique, et va au-delà des objectifs pourtant ambitieux que l’Europe envisage: 20 % d’économies d’énergie et 20 % d’électricité produite par les énergies renouvelables d’ici à 2020.

Un coût de 250 milliards d’euros et 20% de surcoût sur l’électricité

On ne peut songer à ce programme sans se demander quel en est le coût et si l’Allemagne a les moyens de ses ambitions. En fait, plusieurs organismes ont déjà procédé à une évaluation, qui a été confirmée mi-septembre dernier par un rapport de la banque d’état KfW, l’équivalent de la Caisse des Dépôts et Consignations : une facture de l’ordre de 250 milliards d’euros, qui conduira, selon l’Agence de l’Environnement allemande (DENA), à une hausse d’environ 5 centimes sur le prix du Kwh (dont 2 centimes pour les énergies renouvelables, 1 centime pour les réseaux électriques, et 2 centimes pour les énergies fossiles et le stockage d’énergie), soit près de 20 % de la facture du consommateur privé.

 

On peut se demander si la population allemande acceptera ce surcoût sur une énergie électrique pourtant déjà parmi les plus chères en Europe. Mais, suite à un récent sondage, le Centre d’Information et de Documentation sur l’Allemagne (CIDAL) s’est montré très confiant: «La population allemande témoigne un soutien croissant à la politique menée par le gouvernement fédéral, 94 % des Allemands jugent ‘importante’, voire ‘très importante’ l’accélération de la transition vers les énergies ‘vertes’».

L’Allemagne, futur champion industriel des énergies vertes?

En France, où la part de l’électricité nucléaire dans la consommation est environ trois fois plus importante, le pari allemand laisse encore sceptique. Ainsi, dans une interview au Figaro, Bernard Bigot, l’administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives en France, évoquait un coût de 750 milliards d’euros, «insupportable» pour les finances publiques et l’économie françaises, et soulignait les risques inhérents à la transition allemande, comme l’intermittence des énergies renouvelables et la dépendance aux importations de gaz.

 

Cette transition verte ne peut cependant se résumer à une simple question de coûts ou à une démarche risquée. N’est-ce pas plutôt pour l’industrie allemande une formidable opportunité de devenir le champion occidental des énergies vertes? La question était au centre d’un débat franco-allemand organisé le 13 octobre dernier à Paris par le CIDAL, à l’occasion de la fête de l’énergie. Klaus Töpfer, l’ancien ministre allemand de l’Environnement, y a rappelé que l’accélération de la sortie du nucléaire allemand est le fruit d’une « décision rationnelle », engagée après Tchernobyl, et mûrement réfléchie. La rareté, a-t-il expliqué, «a la vertu de susciter l’invention de nouvelles solutions».

 

La prédominance de l’industrie allemande sur le reste de l’Europe, France y compris, et son caractère durable depuis plusieurs décennies, permet de douter des certitudes françaises en matière de choix énergétiques. Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler les balances commerciales respectives sur les douze derniers mois des deux voisins du Rhin: excédentaire de 194 milliards d’euros pour l’Allemagne, déficitaire de 93 milliards d’euros pour la France. La campagne présidentielle permettra peut-être de relancer ce débat crucial pour l’avenir de notre pays et de son économie.

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