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Al-Qaïda amochée doit se rabattre sur la propagande

Écrit par Affaires-stratégiques.info
13.12.2011
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  • Ayman Al-Zawahiri aurait remplacé Oussama Ben Laden à la tête d'Al-Qaïda(Stringer: AFP / 2006 AFP)

L’utilisation d’Internet à des fins de recrutement, de propagande ou de coordination logistique et technique est chose commune au sein des organisations terroristes. Al-Qaïda présente la caractéristique singulière d’être l’une des seules à placer Internet au cœur de sa stratégie. Ayman al-Zawahiri, «cerveau» et numéro un de l’organisation, a affirmé qu’il s’agit «d’un combat médiatique pour gagner les cœurs et les esprits». Les autres leaders perçoivent la communication comme contribuant à 90 % de la lutte, ceci en dépit des dangers auxquels elle les expose. Les autorités américaines mènent une véritable chasse à l’homme aux figures de proue du réseau depuis le 11 septembre 2001. Une étude de la RAND Corporation revient sur la stratégie marketing d’Al-Qaïda.

Les leaders les plus charismatiques, à l’image d’Anwar al-Awlaki décédé le 30 septembre 2011, ont l’habitude de communiquer par des vidéos ou des enregistrements sonores. Al-Awlaki considérait Internet comme «un excellent média pour diffuser l’appel au jihad et suivre les nouvelles des moudjahidin». Certaines de ses prêches étaient non violentes et basées sur des enseignements religieux, d’autres en revanche appelaient directement à la violence ou à l’exécution d’opérations terroristes, comme son serment 44 manières de soutenir le jihad. Ses prêches étaient diffusées sur des réseaux sociaux tels que Facebook, Myspace, Youtube, ou encore disponibles sous format de livres ou de cassettes audio.

Il faut noter que le nombre de sites anglophones, liés de près ou de loin à la mouvance, est passé d’une poignée à plusieurs milliers. Le discours de Brian Michael Jenkins, publié par la RAND Corporation le 6 décembre 2011, distingue trois catégories de sites Internet. Des sites diffusent des messages des plus hauts membres du réseau terroriste, d’autres relatent les dires et «les exploits» de chefs régionaux ou locaux. Enfin, la troisième catégorie, comptant le plus grand nombre de sites, inclut des salles de clavardage ou des sites d’amateurs, fruits d’initiatives privées. «Les forums créent un sentiment de communauté qui permet de s’assurer que le message diffusé va être repris», décrypte Gilbert Ramsay pour France 24, professeur associé à l’université de Saint Andrews. «L’entreprise jihadiste» a de plus créé des magazines en ligne, tel qu’Inspire. «L’équipe de communication» regroupe de nombreux anglophones, comprenant parfaitement bien la culture américaine et la psychologie de leurs futurs adeptes.

Le réseau opérationnel est aujourd’hui très décentralisé, dépendant directement de bases de terrain et du soutien de populations locales au Pakistan, en Irak, en Somalie ou au Yémen.

Les opinions exprimées par les populations locales, quant à leur perception des actions menées par les principaux leaders du mouvement terroriste, jouent grandement en la défaveur de la stratégie de recherche de soutiens locaux. D’après les données récoltées par le Pew Research Center, seulement 2 % des musulmans libanais et 5 % des musulmans en Turquie en auraient une vision positive. Al-Qaïda serait donc en perte croissante de popularité dans le monde islamique. D’autre part, les forums et les sites ressentis comme les plus officiels, subissent constamment des attaques pirates, à l’image du piratage de Shamukh al-Islam fin juin 2011.

La myriade d’autres sites, comme les forums de discussion, ne créent que des armées virtuelles, loin de toute capacité opérationnelle. Il est de plus estimé que de nombreux visiteurs de ces sites viennent y trouver le réconfort que pourrait procurer un jeu vidéo. La plupart des terroristes n’ont pas appris à faire une bombe sur le net, bien que certains sites en détaillent la conception, mais bien avant, dans le cadre de formations.

Le «jihadisme en ligne» ne recrute donc que peu de fidèles pour des opérations effectives. La pression de la communauté joue certes un rôle dans l’incitation au passage à l’acte, ceci-dit, un simple clic de souris permet au visiteur de couper le contact avec le site et de se détacher de cette communauté virtuelle. Le fait de ne pas limiter la participation uniquement à des candidats qualifiés et déterminés pour mener des opérations efficaces est ainsi l’une des faiblesses incontestables du réseau. La mort d’Anwar al-Awlaki, suivant de quelques mois celle d’Oussama Ben Laden, affaiblira davantage l’impact médiatique d’Al-Qaïda, le charisme d'Ayman al-Zawahiri étant moindre comparé à celui de son prédécesseur.

La stratégie d’Al-Qaïda a évolué vers une approche type «mode d’emploi pour futur terroriste», avec pour mot d’ordre : «Faites ce que vous pourrez, partout où vous le pourrez.» L’organisation prône donc l’initiative individuelle, ce qui est à l’opposé de la stratégie initiale d’actions de groupe coordonnées, comme en 2001.

La plupart des visiteurs des sites sont des personnes cherchant des réponses à des crises personnelles. D’autre part, le nombre de jihadistes est en constant déclin. Il serait estimé à 180 personnes, sur trois millions de musulmans aux États-Unis. Peu d’attaques prévues présentaient les moyens techniques et logistiques d’aboutir à des dégâts matériels et humains. Les médias et Internet seraient donc le nouveau champ de bataille. Plutôt que d’agir sur le plan législatif en interdisant les forums, il est recommandé aux services de renseignements d’en tirer le plus grand bénéfice par des techniques plus pragmatiques de collectes des données et d’infiltration. Il faut de plus garder à l’esprit que le jihadisme en ligne pourrait évoluer vers le cyberterrorisme avec des opérations de sabotage ou de désinformation.

Sources : Rand Corporation, BBC News, France 24

Source :  Affaires-stratégiques.info

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