L'Iran emprisonne le plus de journalistes en 2011

Écrit par Aron Lamm, La Grande Époque
14.12.2011

  • Une photo du journaliste iranien emprisonné, Mohammad Davarsi,(攝影: / 大紀元)

Un rapport indique que l'Iran a surpassé la Chine, mais que cette dernière ne s'est pas améliorée

Le nombre de journalistes emprisonnés pour nulle autre raison que le simple exercice de leur profession a grimpé de 20 % en 2011, selon un rapport publié le 8 décembre par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

Pendant plus d'une décennie, la Chine occupait le premier rang des pays qui emprisonnent le plus de journalistes. Elle s'est toutefois fait devancer, non pas en raison de progrès réalisés, mais plutôt en raison d'une augmentation substantielle des journalistes emprisonnés en Iran, le nouveau meneur.

D'autres pays reconnus pour leur hostilité envers la presse, comme l'Érythrée ou la Birmanie, ne se sont pas améliorés non plus et ont continué d'emprisonner au même rythme que les années précédentes.

Le recensement annuel du CPJ a déterminé qu'en date du 1er décembre, il y avait 179 journalistes, éditeurs et photojournalistes derrière les barreaux dans le monde, soit une augmentation de 34 par rapport à l'année dernière. La liste ne comprend pas ceux qui sont disparus ou qui ont été kidnappés par des acteurs non étatiques.

Le CPJ effectue ce genre d'étude depuis 1990 et les chiffres de 2011 démontrent que la situation s’aggrave depuis 1996, alors que la répression des journalistes kurdes par la Turquie avait fait grimper le nombre à 185. Les chiffres de 2011 représentent l’augmentation annuelle la plus élevée de la dernière décennie.

En tant que région, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ont le pire dossier, comptant près de 45 % des journalistes incarcérés. L'Iran à lui seul a 42 journalistes en prison, plusieurs d'entre eux ayant été arrêtés suite aux troubles postélectoraux en 2009 et condamnés pour subversion. L'Iran mène également une politique de libération et de ré-arrestation des journalistes, les forçant à payer de larges cautions pour être relâchés et les pressant à garder le silence ou à rapporter sur leurs collègues.

«Il en résulte que de nombreux journalistes savent qu'ils ne doivent pas aborder les sujets sensibles. Cela affecte vraiment la manière dont ils couvrent l'actualité puisqu'ils vivent constamment dans la peur et l'intimidation», explique le journaliste iranien en exil, Omid Memarian, cité dans le rapport.

Dans les Amériques, il n'y a actuellement aucun cas documenté de journaliste emprisonné, quoique Cuba utilise la détention à court terme pour harceler les reporters.

Parmi les démocraties stables, la Turquie attire l’attention avec huit journalistes derrière les barreaux.

La Chine est pointée du doigt dans le rapport alors qu'elle continue de s'en prendre aux journalistes qui sont membres ou qui rapportent sur les minorités ethniques, notamment les Tibétains et les Ouïghours. On soupçonne également que de nombreux cas de voix dissidentes emprisonnées en Chine ne sont pas connus du public.

«Nous connaissons si peu de noms de personnes qui ont été détenues ou emprisonnées pour des crimes de nature politique», affirme dans le rapport John Kamm, président de la Dui Hua Foundation – un organisme œuvrant pour la libération des prisonniers politiques chinois.

Zheng Yichun, un pigiste dont les chroniques étaient souvent publiées dans Époque Times, a été arrêté le 4 décembre 2004 et condamné à sept ans de prison pour «subversion». Le premier lauréat du prix Dr Ranier Hildebrandt pour les droits de l'homme, Zheng a, selon sa famille, été battu en prison et on a refusé de traiter son diabète. Radio Free Asia rapporte qu'il pourrait bientôt être libéré.

Le gouvernement du Vietnam est quant à lui très sévère envers les journalistes et les blogueurs qui abordent des sujets politiquement sensibles sur Internet.

En juin 2010, la répression des journalistes en Chine a fait le saut du côté du Vietnam. Répondant à une note de l'ambassade chinoise, le Vietnam a arrêté deux pratiquants de Falun Gong, Vu Duc Trung et Le Van Thanh, pour avoir diffusé par radio à ondes courtes des émissions en Chine. Les émissions, tirées de la Radio Son de l'Espoir, incluaient des nouvelles au sujet de la persécution du Falun Gong et sur les violations des droits de l'homme en Chine. Dans un procès le mois dernier, décrit par des observateurs comme un simulacre de procès, Trung et Thanh ont été condamnés respectivement à trois et à deux ans de prison.

Au total, 86 des 179 journalistes emprisonnés partout dans le monde travaillaient principalement sur le web. Aux fins de son recensement, le CPJ a défini les journalistes comme étant «des gens qui couvrent l'actualité ou qui commentent les affaires publiques dans les journaux, en photos, à la radio, à la télévision ou en ligne. Les auteurs, rédacteurs, éditeurs, producteurs, techniciens, photographes, caméramans et directeurs d'organisations médiatiques sont tous inclus».

Dans un commentaire adressé à Époque Times, le CPJ a indiqué que la ligne entre blogueur et journaliste web n'était pas tout le temps claire, mais les blogueurs qui rencontrent les critères mentionnés plus haut sont traités comme des journalistes dans l'étude.

L'Érythrée isolée est le deuxième pays après l'Iran à avoir un mauvais dossier, alors qu'elle emprisonne 28 journalistes (un de plus que la Chine). Parmi eux se trouve l'éditeur et auteur suédois-érythréen Dawit Isaak, emprisonné depuis 2001 malgré une campagne internationale d'envergure appelant à sa libération. Ni Isaak ni aucun autre des 27 journalistes n'ont été publiquement accusés de quelque crime que ce soit. Selon le directeur exécutif du CPJ, Joel Simon, il s'agit là d'une abomination.

Par ailleurs, 41 journalistes ont été tués en 2011 et 649 vivent en exil, selon des statistiques du CPJ.

Le CPJ est une organisation indépendante à but non lucratif fondée en 1981. Outre ses recensements, elle octroie également des prix et elle travaille d'arrache-pied pour faire libérer les journalistes en organisant des campagnes, une mesure souvent importante permettant de garder les journalistes en vie.

Version originale : Iran Worst Country for Jailing Journalists in 2011