Inquiétude grandissante aux Émirats quant aux animaux sauvages de compagnie

Écrit par Ghazal Tavanaei, La Grande Époque
15.12.2011

  • Le footballeur français Franck Ribéry tient dans ses bras un lionceau(攝影: / 大紀元)

DUBAÏ – Lions, guépards, tigres, babouins et serpents sont des animaux que l'on trouve dans les résidences des familles fortunées du Moyen-Orient, ce qui suscite des préoccupations du côté des militants pour la protection des animaux.

Ces dernières années, le commerce d'espèces exotiques et en voie de disparition a pris de l'ampleur aux Émirats arabes unis.

Non seulement ce commerce entre-t-il en violation de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), mais il va à l'encontre des lois des Émirats.

Dr Reza Khan, conseiller sur le bien-être des animaux pour la ville de Dubaï et un militant actif contre la pratique, affirme que, malgré les lois, la pratique est beaucoup trop courante dans la riche pétromonarchie du golfe.

«Certaines personnes se procurent un animal dont l’espèce est en voie de disparition pour démontrer qu'ils sont en possession de quelque chose d'inaccessible pour les autres», explique-t-il.

«Les animaux sauvages ne peuvent être gardés comme des animaux domestiques parce qu'ils sont dangereux. De plus, cela réduit considérablement la population de ces animaux dans la nature», déplore-t-il.

«Ils ne doivent pas être retirés de leur environnement simplement pour combler l’avidité de certaines personnes bizarres dans la société.»

La pratique a attiré davantage l'attention plus tôt cette année lorsque des résidents d'Abu Dhabi ont découvert un guépard qui rôdait dans les rues de la capitale. L'animal, qui était apparemment gardé sur le toit d'un immeuble résidentiel, avait brisé sa chaîne.

Certains résidents gardent même des animaux sauvages dans leur résidence. Des vidéos publiées sur YouTube récemment montrent des adolescents émiratis en train de s'amuser avec une grosse lionne dans un salon.

Les routes que les animaux empruntent pour entrer dans le pays sont souvent illicites. En mai 2011, un citoyen des Émirats a été arrêté en Thaïlande alors que ses valises étaient remplies d'animaux drogués : des bébés léopards, panthères, singes et un ourson.

C'est loin d'être un cas isolé. L'année dernière, un homme a été intercepté à l'aéroport de Birmingham, au Royaume-Uni, alors qu'il tentait de se rendre à Dubaï avec 14 rares œufs de faucon attachés à son corps.

Pareillement, les médias locaux ont titré «Des serpents dans l'avion» l'année dernière lorsqu'un Saoudien a été arrêté alors qu'il était en transit de l'Indonésie à Abu Dhabi. Les autorités avaient trouvé plusieurs pythons, un perroquet et un écureuil dans son bagage à main.

«Il y a un nombre grandissant de rapports de commerce illicite d'animaux sauvages indiquant que les Émirats sont une destination ou un point de transit», a affirmé à Time Out Dubai Richard Thomas, un responsable de l'organisation internationale Traffic, qui surveille le commerce des animaux.

«C'est en partie en raison de son emplacement géographique. Le Moyen-Orient est une plaque tournante du commerce international, et cela inclut le commerce des animaux sauvages, qui est illégal.»

Les Émirats sont signataires de la CITES et tous les animaux en voie de disparition gardés par des investisseurs privés doivent être enregistrés. Les propriétaires doivent également fournir des preuves que les animaux sont gardés dans des conditions adéquates.

Le pays impose des amendes sévères aux contrevenants. Cependant, ce n'est pas suffisant de mettre un frein au marché noir, qui continue de fleurir dans les marchés d'animaux. Selon des reportages locaux, un bébé guépard peut s'y vendre à partir de 30 000 dirhams (8300 $).

Pour illustrer à quel point ces marchands peuvent commercer en toute liberté, un journaliste du quotidien local Gulf News s'est procuré un bébé crocodile du marché d'animaux et d'oiseaux de Sharjah.

Un sondage auprès des animaleries locales par l'Agence environnementale d'Abu Dhabi en 2007 a découvert que 41 % des marchands de la capitale vendaient des espèces protégées par la CITES.

Cependant, l'histoire d'amour entre les propriétaires et leurs animaux domestiques particuliers ne dure souvent pas longtemps. Le zoo de Dubaï est rempli d'animaux en voie de disparition qui servaient autrefois d'animaux domestiques, mais qui ont été abandonnés lorsque les propriétaires se sont rendu compte qu’il était trop difficile de s’occuper d’eux.

Dr Khan, un ancien administrateur du zoo, indique que durant une période d'un mois il avait reçu cinq requêtes de résidents des Émirats désirant faire héberger leurs lions au zoo.

Les Émirats sont devenus signataires de la CITES en 1990, mais ils ont été suspendus brièvement en 2001 à la suite d’allégations de complicité dans le commerce illégal.

Suite à la nouvelle de l'arrestation en Thaïlande, des responsables de la CITES ont demandé la garantie des autorités émiraties qu'elles faisaient tout en leur pouvoir pour freiner le commerce illégal.

Les Émirats ont publié des lignes directrices en 2008 concernant quels animaux sont réglementés ou interdits selon la CITES. Toutefois, on doit faire davantage pour sensibiliser les gens au sujet de ce qui est illégal, selon Dr Khan.

«Les gens qui veulent garder ces animaux ne cherchent habituellement pas à enfreindre les lois sur la contrebande», estime-t-il. «Ils achètent un ou deux animaux et les transportent dans leurs valises sans connaître les lois de leur pays ou du pays d'origine.»

«Ici, il n'y a pas de bons mécanismes et de campagnes de relations publiques pour mieux faire connaître les animaux interdits ou contrôlés selon la CITES.»

Il croit cependant que la tendance actuelle peut être renversée si les changements nécessaires sont apportés.

«En fait, si les membres du public connaissaient la CITES et les lois des Émirats, ils n'achèteraient probablement pas des animaux de contrebande», suggère-t-il.

Version originale : Concern Growing in UAE Over Zoo Animals ‘Kept as Pets’