Le classique des classiques

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, La Grande Époque
16.12.2011

  • Bérénice Bejo(攝影: Peter Iovino / 大紀元)

L’Artiste

Ayant remporté divers prix du public partout dans le monde, c'est au tour du Québec à être bouche bée devant le fameux film L'Artiste, réalisé par Michel Hazanavicius (OSS 117 : Le Caire nid d'espions, OSS 117 : Rio ne répond plus). Il réunit les deux vedettes du premier OSS 117, Jean Dujardin et Bérénice Bejo, pour une aventure cinématographique teintée de l'esprit de Sunset Boulevard et des films de Charlie Chaplin. L'histoire est aussi inspirée de la véritable histoire de John Gilbert et Greta Garbo et du scénario du film A Star is Born.

Hollywood 1927, George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit jusqu’à l’arrivée des films parlants qui le feront sombrer dans l’oubli, alors que la jeune figurante Peppy Miller sera, quant à elle, propulsée au firmament des stars.

Ne se réduisant pas à une série de clins d'œil, L'Artiste recèle des attributs qui lui sont propres et qui émergent du lot de classiques sous-entendus. Entre autres, durant les différentes mises en abîmes (les films projetés dans le film), le public retrouve un réalisateur habitué à la bonne comédie contemporaine. Michel Hazanavicius conserve humour et absurde, mais à vitesse de croisière. Hazanavicius va aussi avec heureuse surprise aux limites dans lesquelles il s'était fixé un cadre. L'aliénation du personnage principal vis-à-vis le cinéma parlant et aux prises avec son orgueil donne droit à des passages surréalistes et émouvants qui contribuent avantageusement au film.

Sélectionné meilleur acteur au dernier Festival de Cannes, Jean Dujardin confirme le talent qui va sans dire et que plusieurs avaient discerné depuis son apparition à la télévision dans l'adaptation française de la série télévisuelle québécoise Un gars, une fille. Une performance sublime qui amène à se demander quel aurait été l'avenir de L'Artiste sans lui. Son talent comique déjà confirmé par ses personnages de Brice de Nice ou d'agent secret OSS 117, L'Artiste lui demande toutefois d'aller plus loin autant au niveau des chorégraphies que dans les différents niveaux dramatiques qu’il explore.

Bérénice Bejo avait déjà captivé comme femme fatale dans le premier OSS 117 mais, dans L'Artiste, ce n’est rien de moins qu'un couronnement dans sa carrière. Il lui fallait L'Artiste pour qu'on puisse la reconnaître à sa juste valeur. Qui de mieux placé que son mari pour la diriger et la mettre en valeur!

Parmi la distribution de L'Artiste se trouvent l'acteur John Goodman (The Flintstones, The Big Lebowski, Fallen ) et James Cromwell (Six Feet Under, 24, The Green Mile ). Dans le cas de Goodman, son retour au grand écran est fort louable, alors que l'acteur a beaucoup travaillé en voix et à la télévision durant les dernières années. Tout comme Dujardin, son visage est très éloquent et parfait pour ce genre de rôle. Son personnage d'impresario exige qu'il soit expressif à outrance : il y parvient avec facilité. Cromwell se démarque plutôt dans les poses songeuses et neutres qu'il mène à bien avec discrétion.

Cinéma muet en salle

L'initiative du film muet est si inusitée en 2011 que le spectateur est frappé d’étonnement bien avant de voir le film. Ajoutant à cela que Dujardin et Bejo subjuguent tout simplement. Ludovic Bource qui a composé la musique originale de L'Artiste est essentiel à ce bijou, tout comme la musique l'était durant des films muets de l'époque, indissociable de leur succès. L'image est si loquace que c'est seulement à la fin du film qu'on prend conscience que le film était sans mot.

Un film est haut en couleur même s'il tire sur le noir blanc. Film duquel on dira beaucoup de bien malgré qu'il soit muet. Selon Peter Pearson, spécialiste en cinéma de Cinémagique (où le film a été présenté quelques jours avant son lancement officiel), L'Artiste devrait gagner l'Oscar du meilleur film étranger et possiblement dans d'autres catégories.

À l'affiche dès maintenant à Montréal en version originale muette avec intertitres en français et le 25 décembre dans le reste du Québec.