Israël: un rapport secret rédigé par des diplomates européens fait des remous

Écrit par Affaires-stratégiques.info
18.12.2011
  • Des Arabes israéliens et des Bédouins participent à une manifestation le 11 décembre 2011 (Staff: MENAHEM KAHANA / 2011 AFP)

L’influent quotidien israélien Haaretz révèle le 16 décembre l’existence d’un «rapport secret sans précédent» de 27 pages rédigé par des diplomates européens recommandant à l’Union européenne de s’intéresser de très près à la condition des citoyens arabes d’Israël. Selon des sources diplomatiques européennes, le document aurait été envoyé aux institutions bruxelloises sans que le gouvernement israélien n’en soit averti. Haaretz parle d’un document «sans précédent», car exclusivement dédié à la situation interne en Israël. La réflexion aurait été engagée il y a plus d’un an sous initiative britannique.

Les diplomates en poste dans plusieurs ambassades européennes ont estimé que la condition de la minorité arabe en Israël devait être considérée par l’Union européenne comme une «question centrale, non secondaire par rapport au conflit israélo-palestinien». Les représentants des États-membres considèrent que «l’impasse du processus de paix et l’occupation [...] font qu’il est plus difficile pour les Arabes israéliens d’être pleinement à l’aise avec leur identité alors que le conflit perdure avec les Palestiniens» et ajoutent «nous ne croyons pas que la reconnaissance d’Israël comme un État juif doive porter atteinte d’une façon ou d’une autre à la vision d’égalité pour tous les citoyens. […] Il est dans l’intérêt de tous les Israéliens de montrer qu’Israël n’est pas seulement juif et démocratique, mais aussi tolérant et inclusif». Ils estiment que l’Union européenne se doit d’aborder les questions des relations judéo-arabes avec le gouvernement israélien, responsable d’éviter que le fossé ne se creuse entre la majorité juive et la minorité arabe au risque de remettre en cause la stabilité du pays à long terme.

La version originale du document contenait des propositions d’actions que devait porter l’Union européenne, comme désapprouver officiellement les lois considérées comme discriminatoires discutées à la Knesset, soutenir les projets permettant la cohabitation entre Juifs et Arabes et stimuler les investissements d’entreprises européennes dans les zones à majorité arabe. Ces conclusions ont finalement été retirées face aux réticences de plusieurs États-membres.

Les Arabes israéliens (citoyens israéliens d’origine palestinienne, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou druzes) représentent environ 20 % de la population israélienne. L’égalité des citoyens est reconnue dans les lois fondamentales d’Israël, mais beaucoup d’Arabes israéliens se sentent traités comme des «citoyens de seconde zone» du fait de discriminations quotidiennes et de difficultés d’insertion économique. Ils estiment que considérer Israël comme «État du peuple juif» les discrimine. Leur situation, ainsi que plusieurs lois jugées discriminatoires voire racistes envers la population arabe israélienne, ont été dénoncées par les grandes ONG internationales et locales.

Source : Haaretz

Source :  Affaires-stratégiques.info