Sexe et sécurité abordés à la conférence sur l'espionnage

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque
05.12.2011
  • L'ex-diplomate canadien, Brian McAdam(攝影: / 大紀元)

GATINEAU – Les lumières se sont soudainement éteintes et un grillage de métal s'est abaissé devant le kiosque d'information. Il était environ 10 h 30 à l'entrée de la Conférence de la sécurité industrielle canadienne, et une des quatre séances confidentielles avec le ministère de la Défense nationale allait être retardée.

Les participants ont lancé la blague qu'il y avait probablement un cambriolage en cours à côté, au Casino du Lac-Leamy, mais ce petit épisode cadrait bien avec l'évènement.

Environ 350 personnes se sont rassemblées à Gatineau pour participer à une conférence sur le contre-espionnage.

Dans cette ère où les menaces semblent venir de partout, il n'est pas surprenant que la conférence connaisse un tel succès, estime Michel Juneau-Katsuya, ancien chef du pupitre Asie au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

«Nous voulions que les gens se rendent compte que ce problème phénoménal existe, comme un cancer dans notre économie – l'espionnage dans les entreprises est répandu», mentionne-t-il.

Les allées du centre de conférence étaient bordées de kiosques démontrant les produits nécessaires pour déjouer les espions : des pellicules pour les fenêtres pouvant faire dévier les microphones laser, des déchiqueteuses qui peuvent réduire des disques durs en petits morceaux de métal tordus et des entreprises de sécurité qui promettent de tout, de la protection informatique aux enquêtes sur le terrain.

Le thème de la conférence était Protéger votre compagnie contre l'espionnage corporatif. Au cours de plus de 40 séances, des experts ont parlé de divers sujets, de la gestion des cotes de sécurité aux efforts de collecte de renseignements de Cuba, une présentation donnée par nul autre qu'un ex-agent cubain.

«Sexpionnage»

Le deuxième jour a commencé par une séance aussi émoustillante que sérieuse. Co-présentée par Brian McAdam, un ex-diplomate, et Ian MacLeod, un correspondant en sécurité nationale au journal Ottawa Citizen, la séance abordait le genre de sujet que les journalistes adorent, mais qui devrait inquiéter les PDG : le «sexpionnage».

M. McAdam, un ex-diplomate canadien ayant occupé un poste à Hong Kong, connaît très bien le sujet et il a des tas d'histoires impliquant les triades et des espionnes chinoises. Lui-même a été la cible, à plus d'une reprise, de femmes ayant tenté des rapprochements non souhaités. Il ne veut pas parler des détails, mais il lance tout de même une mise en garde.

Selon M. McAdam, des pays utilisent le sexe pour recueillir des informations depuis des siècles et cette pratique est toujours courante.

«Plusieurs pays conduisent toujours le «sexpionnage» et le principal pays est la Chine», affirme-t-il.

De telles histoires sont rarement révélées publiquement, bien que l'ex-maire adjoint de Londres, Ian Clement, ait bien fait de se libérer du chantage – ou pire – en révélant en 2008 qu'il avait été victime d'une honey trap [jargon d'espion pour désigner un piège à caractère sexuel], explique M. McAdam.

Comme une mouche qui se fait prendre dans la substance sucrée et collante, certains hommes se font prendre dans des liaisons orchestrées par des agentes spéciales ou des travailleuses du sexe à la solde du gouvernement.

Brian McAdam dérange certains milieux avec ses mises en garde récurrentes concernant les efforts du régime chinois visant à influencer les dirigeants canadiens, dont le chantage qui peut être utilisé contre quelqu'un qui commet un écart de conduite.

Les courriels du député Dechert

Le message de M. McAdam a résonné lorsqu'il a été révélé en septembre que le député conservateur Bob Dechert, secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères, envoyait des courriels romantiques à Shi Rong, une journaliste de l'agence officielle chinoise Xinhua.

M. Dechert s'est défendu en disant que la relation était anodine et que le gouvernement était à ses côtés. Comme il est reconnu que Xinhua joue un rôle de collecte de renseignements pour le Parti communiste chinois, le scandale a soulevé des questions quant au jugement du député et à la volonté du gouvernement de protéger le pays contre l'espionnage.

Soudainement, un sujet peu abordé a pris des proportions nationales.

«Finalement, les gens au Canada commencent à parler de ces choses», remarque M. McAdam.

Li Fengzhi était un agent de renseignements au sein du ministère de la Sécurité de l'État (MSE) chinois avant de faire défection aux États-Unis en 2004. Il a commenté qu'un agent serait grandement récompensé pour effectuer un travail comme celui de Shi Rong et que le cas serait géré par des cadres supérieurs du MSE.

Lorsque M. Li a terminé sa conférence, des journalistes lui ont posé plusieurs questions au sujet de la liaison et de sa signification.

«En général, cela devrait être [une pratique] normale. C'est la norme pour le MSE ou d'autres organisations chinoises avec [des fonctions] de renseignements de faire ça», a-t-il indiqué.

M. Li affirme que les politiciens sont toujours une des cibles principales pour les agences. «Particulièrement, les politiciens expérimentés comme lui.»

Les agents de renseignements utilisent souvent le métier de journaliste comme couverture, explique-t-il, bien que tous les journalistes chinois à l'étranger ne soient pas des agents de renseignements.

S'impliquer dans une relation amoureuse pour recueillir des renseignements est tout à fait ordinaire, ajoute-t-il.

M. Li affirme que le régime chinois est vorace en ce qui a trait aux renseignements et qu'il cherche à voler toutes les informations possibles dans les domaines dans lesquels il traîne la patte, tout comme les informations politiques qui peuvent faire avancer ses intérêts diplomatiques.

Version originale : Espionage Conference Talks Sex, Security, and China