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Un récit tragique du royaume Hermite

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque
10.02.2011
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La vie dans un camp de concentration en Corée du Nord

  • Un dessin de la transfuge nord-coréenne Hye Sook Kim dépeint une des nombreuses exécutions publiques qu'elle a vues durant plus de 20 années passées dans un camp de concentration en Corée du Nord. (Matthew Little/Époque Times)(攝影: / 大紀元)

OTTAWA – Le député libéral Mario Silva a dit qu'il s'agissait d'une des histoires les plus tragiques et les plus incroyables jamais racontées devant le Sous-comité des droits internationaux de la personne du Parlement.

La dame qui a témoigné portait de grosses lunettes de soleil, elle a expliqué au comité que des membres de sa famille habitaient encore en Corée du Nord et que ses propos au sujet du pays le plus reclus au monde pourraient les mettre en danger.

Hye Sook Kim a passé la plus grande partie de sa vie dans le camp de concentration no 18, sa famille entière ayant été placée sur une liste noire lorsque son grand-père est disparu durant la guerre civile. Quatre générations de membres de sa famille ont vécu – et plusieurs sont morts – dans le camp, survivant sous une tyrannie pratiquement impossible à imaginer.

Elle a été envoyée au camp à l'âge de 13 ans. Sa mère et son père y avaient été envoyés des années auparavant, mais elle avait habité à l'extérieur du camp avec sa grand-mère jusqu'à ce que des gardes l'incarcèrent également.

Elle a été accueillie par sa mère et sa famille avec un repas spécial, un gruau d'herbe et de maïs impossible à digérer, bien que ses plus jeunes frères et sœurs l'aient dévoré comme un festin. Leur domicile était moins que modeste.

«On ne pouvait pas vraiment appeler ça des maisons; des petites huttes qui pourraient abriter des bêtes», a-t-elle raconté au comité par l'entremise d'un interprète.

Le père de Hye Sook Kim était déjà décédé lorsqu'elle est arrivée au camp, et sa mère est morte peu après dans un accident alors qu'elle cueillait des légumes le long d'une falaise.

Outre la famine, il y avait les bastonnades et la menace de mort était constante. Les exécutions publiques étaient courantes, pour des crimes allant du vol de légumes au meurtre d'enfants. «Tout le monde souffrait», a-t-elle expliqué.

Ayant été emprisonnée pendant 28 ans, Hye Sook Kim a souhaité mourir. Elle a plutôt été soumise à des humiliations, comme être forcée à avaler le crachat d'autres prisonniers qui détestaient la classe de prisonniers à laquelle elle appartenait, soit celle des soi-disant «gens relocalisés».

  • (攝影: / 大紀元)

Leur porridge de maïs contenait parfois un peu de sel pour ajouter du goût. Les rations étaient plus généreuses pour les prisonniers qui travaillaient dans la mine. Son frère est mort dans la mine, et plusieurs autres ont développé des maladies respiratoires.

Un quart de travail devait durer seulement 8 heures, mais généralement s'étirait à 12 ou 16 heures. Ensuite, le même temps était utilisé pour trouver des plantes comestibles sur la montagne. Il n'y avait pas assez d'eau, laquelle était rationnée, pour se garder propre, et il n'y avait pas de savon non plus.

Les exécutions publiques ont monté en flèche en 1994 lorsque Kim Jong-il a remplacé à la tête du pays son défunt père Kim Il-sung, le dirigeant communiste ayant fondé le régime.

Les dépouilles traînaient dans la rue, trop nombreuses pour s'en charger, jusqu'à ce que des équipes spéciales soient formées pour s'occuper du problème.

«Au début, j'avais peur», a raconté Hye Sook Kim mais, par la suite, ces scènes étaient trop courantes pour être effrayantes.

Après plus de 20 ans de comportement exemplaire, Hye Sook Kim a été libérée en 2001. Elle a quitté le camp avec ses enfants, mais seulement pour les perdre deux ans plus tard lorsqu'une inondation a ravagé la ville alors qu'elle était absente, colportant des tissus et autres produits.

Elle a passé des mois à ratisser le pays, espérant que ses enfants, au milieu de la confusion, se soient simplement rendus dans une autre ville. Elle a finalement perdu tout espoir de les retrouver et, en 2005, elle a fait comme beaucoup d'autres Nord-Coréens : elle s'est enfuie en Chine.

Un entremetteur a organisé son périple et elle s'est retrouvée en compagnie de deux jeunes femmes, âgées de 24 et 27 ans, qui ont été vendues à des acheteurs chinois. Personne n'a voulu de Hye Sook Kim puisqu'elle avait l'air d'avoir plus de 50 ans, elle a donc fini par travailler dans un restaurant. Entre-temps, elle était terrifiée d'être découverte par la police chinoise qui allait de porte en porte pour débusquer des transfuges nord-coréens.

«Vous vous cachez, terrifiés, lorsque vous voyez des voitures de police passer», a-t-elle dit, ajoutant qu'il y avait des récompenses allant jusqu'à 5000 yuans (750 dollars) pour ceux qui rapportaient des transfuges nord-coréens.

Toutefois, les propriétaires du restaurant l'ont renvoyée plus tard en Corée du Nord pour acheter des porcs d'élevage. Après être revenue avec dix porcs, ils l'ont envoyée en chercher cinq autres, mais cette fois elle s'est fait prendre alors qu'elle attendait dans un marché.

Avant de retourner au camp no 18, Hye Sook Kim a fait tout son possible pour s'accrocher à l'argent qu'elle avait amené avec elle, plaidant au comité qu'à l'intérieur du camp, l'argent c'est la vie.

Elle a caché la plus grande partie de l'argent dans son vagin et a avalé le reste.

Cette fois dans le camp, en 2008, Hye Sook Kim avait des frères et sœurs à l'extérieur qui lui apportaient de la nourriture.

Elle a dit que la situation dans le camp s'était détériorée. Elle a raconté l'histoire d'une mère qui avait tué son fils avec une hache lorsqu'elle s'est aperçue que celui-ci avait mangé toutes leurs rations de riz. La mère a ensuite coupé son corps en morceaux pour les vendre en faisant croire que c'était du porc.

Hye Sook Kim avait acheté un des morceaux de «porc» de la femme. «Je ne savais pas qu'elle avait tué son fils à l'époque, mais j'ai plus tard appris ce qu'elle avait fait.»

La fille d'une autre femme avait la fièvre, et cette femme a plus tard été exécutée pour avoir tué et mangé sa fille.

Hye Sook Kim a été en mesure de s'évader du camp en mars 2010, pieds nus, mais déterminée. Elle a trouvé un entremetteur qui l'a aidée à se rendre au Laos, où elle a rencontré une femme qui avait été déportée en Corée du Nord à sept reprises. Hye Sook Kim s'est ensuite rendue en Thaïlande et finalement en Corée du Sud.

«À chaque respiration, je me souviens de mon fils et de ma fille», a-t-elle dit.

Lisant une lettre adressée à ses enfants, qui ne s'est jamais rendue à destination, elle demandait pardon de n'avoir jamais été en mesure de leur offrir un bol de riz chaud.

«Il n'y a pas une seconde où je vous ai oubliés», a-t-elle ajouté.

Lorsque le comité lui a demandé ce qu'il pouvait faire pour aider les Nord-Coréens, Hye Sook Kim a dit qu'il pouvait envoyer des aliments pour animaux. La nourriture pour les humains ne se rendra jamais à la population nord-coréenne, mais celle pour les animaux, oui.

 

Version originale : A Tale From the Hermit Kingdom

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