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L’inquiétude de Pékin face aux révolutions arabes

Écrit par Cheryl Chen, La Grande Époque
15.02.2011
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  • Le repos des Égyptiens après la chute du président Moubarak.(攝影: / 大紀元)

La peur de la «réaction en chaîne» suite aux révolutions populaires en Tunisie et en Égypte dépasse le monde arabe. Déjà les citoyens d’Algérie, de Jordanie et du Yémen prennent la rue pour condamner la corruption de leurs gouvernements et demander plus de droits civils, et la Chine aimerait que ce «mauvais exemple» ne fasse pas tâche d’huile vers l’Est. La position des médias d’État chinois illustre l’inquiétude des dirigeants communistes face aux révolutions colorées, dont tous les ingrédients sont également présents en Chine.

La couverture médiatique officielle est donc essentiellement négative, couplée à un blocage strict sur Internet des mots clés liés aux événements de Tunisie et d’Égypte. Le message transmis a été celui d’émeutes violentes, de chaos accompagné de vandalisme. Les manifestants ont été décrit comme des «voyous qui frappent, cassent, volent et brûlent» et Hosni Moubarak comme le héros de l’Égypte. Une vision  bien différente de celle du peuple égyptien et de la presse occidentale qui ont eux vu un appel à la démocratie et la demande du départ d’un dictateur.

Dans un éditorial du 30 janvier intitulé «Les révolutions colorées n’amèneront pas de vraie démocratie», le porte-voix du gouvernement chinois, Global Times, s’interroge sur la qualité du modèle démocratique, citant la multiplication des «échecs», sans citer ceux-ci.

Le Quotidien du Peuple, autre organe officiel, a publié un article le 28 janvier intitulé «Le chaos, dans une Égypte stabilisatrice de la région, nuit à tous», dans lequel il cite de façon élogieuse la promesse du gouvernement égyptien de «punir conformément à la loi ceux qui nuisent à la sécurité nationale et à la stabilité sociale.»

Les raisons de la crainte

Dans une intervention pour Radio Free Asia, le commentateur Hu Shaojiang indique que Zhongnanhai, le cœur du pouvoir communiste chinois, a des raisons de s’inquiéter: «L’effondrement de l’autoritarisme et le début de réforme politique là-bas signifie que Pékin est de plus en plus isolé dans son opposition à la démocratie et sa répression des droits civiques. Cela signifie aussi que l’argumentaire selon lequel les valeurs de démocratie et liberté ne comptent pas pour les pays en développement, est faux».

  • Le soulagement.(攝影: / 大紀元)

Faisant un parallèle avec la Chine, Hu Shaojiang rappelle que la croissance économique était forte en Égypte et Tunisie (7,2%, 4,6%, et 5,3% en Égypte durant les trois dernières années, 4,6%, 3%, et 3,4% en Tunisie), ce qui rend caduque l’idée que la croissance calme les mécontentements. Les deux pays ont également un pouvoir d’achat moyen comparable à celui de la Chine – il est même 30 % supérieur en Tunisie. Mais «ceci ne donne pas plus de légitimité aux dirigeants», affirme Hu.

D’après lui, le Moyen-Orient fait la leçon à la Chine, et dit que la croissance économique n’est qu’une des conditions de la stabilité dans un pays moderne – nécessaire et non-suffisante. En l’absence d’une politique moderne, la «stabilité sociale» ne peut durer.

L’armée chinoise

Gordon G. Chang, expert de la Chine et auteur de L’écroulement prochain de la Chine, écrit sur son blog du site internet Forbes : «Les communistes chinois ont toutes les raisons d’être inquiets. Dans un monde connecté par fibre optique, la ferveur révolutionnaire passe non seulement d’un pays à l’autre, mais d’un continent à l’autre.»

«Les responsables à Pékin savent que le ressentiment des Tunisiens et des Égyptiens est partagé par ceux qu’ils dirigent… il n’est donc pas surprenant que les Chinois aient observé de près les rues du Caire et d’Alexandrie. Les internautes chinois, par exemple, n’arrêtent pas de parler de l’égyptien qui s’est placé seul devant un véhicule armé la semaine dernière.»

Certains ont comparé la révolution égyptienne au printemps de Pékin en 1989. La différence est que l’armée chinoise a accepté de tirer sur la foule, ce qu’a refusé l’armée égyptienne. Mais que se passerait-il si ces événements étaient transposés à 2011 ? Pour Li Tianxiao, commentateur politique de la télévision NTD, l’armée chinoise dans des circonstances comparables profiterait aujourd'hui de l’occasion pour prendre le pouvoir. Déjà en 1989, une partie de l’armée avait refusé d’intervenir contre les étudiants: Xu Qinxian, commandant de la 38e armée, avait ainsi décidé de ne pas répondre aux ordres.

La situation serait plus marquée aujourd’hui. «Par exemple, depuis 2006 beaucoup de personnes dans l’armée ont démissionné du parti communiste. Parmi les militaires, il y a beaucoup de factions différentes, les gradés peuvent aller sur Internet et voir les choses différemment. Des messages sont aussi arrivés à l’étranger de militaires qui disent tenter de s’organiser pour renverser le pouvoir.»

Pour Yuan Hongbing, professeur de droit exilé, la Chine aura sa révolution de jasmin: «Tous les facteurs sociaux et ce qui a provoqué la chute du bloc communiste en Europe sont là et presque mûrs dans la société chinoise. Il suffit d’un incident déclencheur. Je crois qu’une autre situation comme le 4 juin [1989] arrivera bientôt. Et à ce moment les Chinois ne laisseront pas passer leur chance comme en 1989.»

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.