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Venezuela: Hugo Chavez retire son offre et maintient ses pouvoirs spéciaux

Écrit par Latin Reporters
07.02.2011
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  • Hugo Chavez devant l’Assemblée Nationale vénézuélienne le 15 janvier. (JUAN BARRETO/AFP/Getty Images)(攝影: / 大紀元)

  CARACAS - Onze jours seulement après avoir proposé de limiter à quatre mois, jusqu'en mai prochain, la durée de pouvoirs spéciaux qui l'habilitent à légiférer par décrets jusqu'en juin 2012, le président du Venezuela, Hugo Chavez, est revenu sur cette offre et sur son attitude conciliante envers l'opposition.

Absente pendant cinq ans de l'hémicycle parlementaire pour avoir boudé les législatives de 2005, l'opposition y siège à nouveau depuis l'ouverture, le 5 janvier, de la nouvelle législature consécutive aux élections du 26 septembre 2010. Samedi, les revenants et Hugo Chavez, venu présenter son bilan annuel, étaient pour la première fois face à face. Au-delà de poignées de main avec ceux qu'il qualifiait encore fin décembre de «troglodytes» à la solde des Yankees, le chef de l'Etat a lancé du haut de la tribune un appel inattendu à la conciliation.

Qualifiant de circonstance «merveilleuse» le retour de l'opposition à l'Assemblée nationale, Hugo Chavez déclarait avec emphase: «Cessons de nous voir comme des ennemis, nous ne sommes pas ici pour nous exterminer. Vous êtes des adversaires politiques, mais non des ennemis». Et d'exhorter tant les élus de son Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) que les députés de l'opposition à «semer ici, comme les agriculteurs, la semence du dialogue, du débat relevé, de la concorde nationale».

Puis, abordant la polémique sur ses pouvoirs spéciaux octroyés en décembre par le Parlement sortant pour une période de 18 mois, jusqu'en juin 2012, le président Chavez augmentait l'effet de surprise en se disant disposé à les abandonner dans 4 mois, le 1er mai prochain. «Nous pourrions alors en avoir terminé, en accélérant les lois que nous sommes en train de faire (...) Je vous les remets sans problème [les pouvoirs spéciaux]. Je vais travailler plus dur et plus rapidement» expliquait-il alors. La proposition a fait long feu.

Le leader bolivarien impute la responsabilité de ce retournement à l'exigence de renoncement immédiat aux pouvoirs spéciaux émise par les députés de l'opposition. «Je voulais leur faire une concession, leur donner un signal, mais ils sont arrogants. Ils disent tout ou rien. Eh bien, alors, ce sera rien!» lançait Chavez le 26 janvier lors d'une intervention télévisée. Il a précisé qu'en conséquence la durée de ses pouvoirs spéciaux, octroyés pour une période de 18 mois, demeurerait inchangée.

C'est l'Assemblée nationale qui avait conféré en décembre au chef de l'Etat la faculté de légiférer par décrets pendant un an et demi afin de parer aux conséquences d'inondations catastrophiques qui ont fait une quarantaine de morts et quelque 130.000 sinistrés. Mais au-delà de cette raison officielle, Chavez a en fait reçu carte blanche pour légiférer tous azimuts sans contrôle parlementaire, du système économique aux relations internationales, en passant par la sécurité publique, les télécommunications et la défense nationale.

L'opposition considéra d'emblée qu'il s'agissait d'une manœuvre dictatoriale pour approfondir un socialisme radical, d'autant que ces pouvoirs exceptionnels de longue durée étaient octroyés par l'Assemblée nationale sortante, quasi monopolisée par les députés chavistes, moins de trois semaines avant l'installation, le 5 janvier dernier, de l'Assemblée issue des élections législatives du 26 septembre 2010. Au sein de cette nouvelle Assemblée, le PSUV présidentiel (Parti socialiste uni du Venezuela) demeure majoritaire, mais il a perdu les majorités qualifiées qui permettent de déléguer le pouvoir de légiférer par décrets.

La députée Maria Corina Machado, personnalité émergente de l'opposition, avait réagi à l'attitude conciliante du président Chavez en lui demandant «de donner la preuve de sa bonne foi» par un renoncement immédiat à ses pouvoirs spéciaux. Selon cette députée, ils sont inutiles dans la mesure où l'opposition appuierait toutes les initiatives visant à soulager les sinistrés des inondations. Hugo Chavez n'a pas apprécié cette revendication, émise par de nombreuses autres personnalités nationales et internationales.

En conclusion, fin apparente, sous réserve de nouveaux retournements, du bref espoir de dialogue entre le pouvoir chaviste et l'opposition pluraliste. Cette dernière, quoique minoritaire à l'Assemblée nationale, avait récolté près de 52% des suffrages aux législatives de septembre dernier.

Les raisons d’une offre qui fait «Pschitt»

Sans surprise, la presse d’opposition affichait dès la formulation de l’offre son scepticisme sur les intentions réelles du leader bolivarien. «Le climat cordial a jeté un voile opaque sur tout le reste» estime l’éditorialiste d’El Nacional. Selon lui, le chef de l’Etat aurait éludé les véritables problèmes du pays dans son bilan annuel distillé pendant près de huit heures à la tribune de l’Assemblée nationale.

«Je ne crois pas à un quelconque virage du modèle» politique du président Chavez affirmait le 18 janvier, interviewé par le quotidien El Universal, l’analyste Luis Vicente Léon, directeur de la société de sondages Datanalisis. A l’en croire, Hugo Chavez viserait essentiellement une audience extérieure avec une apparence d’ouverture qui ne durera pas. Le président, précise Luis Vicente Léon, aurait besoin de recomposer l’image «de grand leader alternatif international» qu’il prétend incarner. Cette image serait flétrie par un autoritarisme excessif, renforcé par les 18 mois d’autocratie.

Dans ce contexte, des observateurs rappelaient que le 5 juillet prochain à Caracas, Hugo Chavez s’efforcera de donner corps, devant les dirigeants de 33 pays (tous ceux des Amériques à l’exception des Etats-Unis et du Canada), à la Communauté des Etats latino-américains et caribéens (CELAC), annoncée sans être concrétisée en février 2010 à Cancun (Mexique).

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