Chaque année, en Chine, des dizaines de manifestants venant de tout le pays affluent vers Pékin. Ils espèrent déposer des plaintes non traitées par les autorités locales. Leur renvoi pur et simple ou la détention illégale de nombreux manifestants constitue un problème social croissant. A Pékin le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, aurait rencontré lundi 24 janvier 2011, pour la première fois, des pétitionnaires afin d’écouter leurs doléances. Mais l’événement hautement médiatisé suscite déjà des doutes.

Wu Huaying, manifestante de Fujian, a dit: 

«Il n’y avait que huit personnes dans le bureau des pétitions. Lorsque j’y allais, il y avait toujours de longues files de centaines de personnes. C’est un fait connu que nous faisons des pétitions depuis longtemps et vivons cette situation. Des conditions comme celle-ci ne nous encouragent plus, parce que nous avons été trop souvent déçus».

La télévision publique a largement diffusé la visite de Wen au Bureau d’Etat chargé des lettres de plaintes et des appels. L’avocate des droits de l’homme, Ni Yulan, installée à Pékin et ancienne manifestante, pensent qu’il s’agit probablement d’une mise en scène.

«Je pense que c’est parce que le public n’a plus confiance dans le gouvernement que  Wen  tente de s’intéresser à ces problèmes. On se demande si les pétitionnaires qui l’ont rencontré étaient de véritables manifestants ou des personnes engagées par le gouvernement», a précisé l’avocate des droits de l’homme.

L’activiste pékinoise Zhou Li approuve. Elle a expliqué à l’Associated Press n’avoir jamais entendu parler des deux pétitionnaires cités dans les reportages. Elle a aussi ajouté qu’avant la visite de Wen, trois manifestants au moins avaient été placés en résidence surveillée.

Que cette démonstration publique soit réelle ou mise en scène, certains pétitionnaires ne croient pas que cela aidera à résoudre leurs problèmes.

«Nous sommes venus à Pékin pour manifester auprès du gouvernement, mais ils ne nous ont pas reçus, nous renvoient vers le gouvernement central et ce dernier ne fait que nous récupérer pour nous renvoyer chez nous. Ainsi, nous n’avons nulle part où aller», a déclaré Cao Qingnian un des pétitionnaires.

Au lieu de voir leurs problèmes résolus, les manifestants sont souvent maintenus dans un centre public de Pékin ou détenus dans une «prison noire» illégale.

Pour avoir accès à cette information en vidéo:

http://fr.ntdtv.com/ntdtv_fra/actualite/2011-02-06/817716024267.html