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Filières & recyclage : le colloque des professionnels

Écrit par Henri Durrenbach
16.03.2011
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  • urne a telephones(攝影: / 大紀元)

Depuis 2002 sont organisées par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) les journées nationales d’étude intitulées « Filières et recyclage ». Elles se déroulent traditionnellement à la Maison de la Chimie à Paris, en octobre, tous les deux ans. La session de 2010, les 19 et 20 octobre dernier s’est révélée particulièrement riche d’informations et de retours d’expérience communiqués par les partenaires de plus en plus nombreux de cette manifestation clé et ce d’autant plus que l’on commence à bénéficier d’un véritable recul grâce auquel s’orientent de plus en plus utilement toutes initiatives.

 

C’est aussi le moyen de donner la mesure de l’immense effort d’assainissement accompli désormais et presque exclusivement en aval en raison des puissants intérêts installés en amont veillant opiniâtrement à ce que reste limité le plus possible tout réaménagement de la société de consommation. Mais cet effort perpétuellement croissant en raison de l’ampleur des nécessités ne peut s’exercer sans coûts, ils sont de plus en plus élevés et nous y revenons plus loin. 

On s’aperçoit aussi qu’il entraîne l’implication personnelle des consommateurs au titre de leur citoyenneté : ils se voient de plus en plus invités à accepter de désopilantes contraintes dépassant leurs moyens d’action privés et débouchant pour eux sur toujours plus de débours, alors que ce n’est certes pas vers eux qu’il faut se tourner pour gérer sérieusement l’afflux actuellement démentiel des produits ou matériels hors d’usage, qui sont des déchets si l’on n’entreprend pas d’en faire ou récupérer quelque chose, avec les problèmes au plan juridique qui peuvent même en découler… 

Par ailleurs, il ne faut pas non plus perdre de vue le contexte de l’échec de fait des grandes résolutions prises naguère au plan international (accords de Kyoto), bien trop de nations encore dans le monde négligeant délibérément toute préservation environnementale.

Pour ce qui est du Grenelle de l’Environnement (premières initiatives en octobre 2007) et de ses ajustements successifs, son bilan au bout de trois ans apparaît mitigé et sujet à interrogations, ce dont tous les médias se sont fait l’écho début novembre 2010, en termes évidemment divers quoique choisis, tant il est vrai que plus d’une mesure reçue comme positive s’est avérée plutôt conjoncturelle et donc discutable et que rien n’est plus difficile que de tenir ce que l’on a cru possible de promettre.

  • manifestation(攝影: / 大紀元)

L’ouverture du colloque

Ce n’est à l’évidence pas fortuitement que l’ouverture officielle du colloque a été confiée à Michel Peltier, collaborateur direct de Chantal Jouanno, alors encore secrétaire d’État chargée de l’Écologie. Face au caractère déstabilisant à tous points de vue de la marée des déchets du « progrès », il a énoncé les objectifs qu’il faudrait atteindre absolument dans un avenir très proche : recycler à hauteur de 35 % d’ici à 2012 et de 45 % d’ici à 2015, ceci correspondant à des coûts largement supérieurs au milliard d’euros dès 2012, lesquels seront inéluctablement in fine à la charge du contribuable, même dans le cas de la responsabilisation élargie des producteurs (REP).

Pour l’heure, de telles ambitions restent encore dans le domaine du vœu pieux, les tonnages des diverses catégories de déchets à traiter étant énormes, sauf cas particuliers comme les DASRI (déchets d’activités de soins à risques infectieux) et le degré de développement des bientôt 14 filières de récupération mises en place toujours insuffisant et lié à l’ampleur de leur financement par les collectivités locales, aujourd’hui à hauteur de quelque 6 milliards d’euros par an. Remarquons au passage que les bonnes gens paient deux fois, d’abord par le biais de cette fiscalité locale, mais aussi du fait que tout ce qu’ils achètent est frappé à leur insu d’une contribution vouée aux opérations d’élimination et traitement de ce qui va devenir déchet.

Les proportions de ce qui échappe à la décharge pour faire l’objet d’un processus de récupération sont pour le moment bien faibles, un des exemples les plus favorables étant celui des cartes électroniques dont le quart des 19.000 tonnes jetées est collecté, mais sur d’autres postes comme celui des déchets des équipements électriques et électroniques (D3E) la récupération n’est que de 2,5 à 3 % ; parmi ces objets, les téléphones portables sont les plus précieux (en raison des éléments entrant dans leur fabrication) et les exportations (illégales) qui ont encore cours vers les pays émergents se soldent par de grandes pertes pour les pays européens. Certains objets doivent être démontés préalablement à toute action de récupération, d’autres non, chaque cas étant bientôt à considérer isolément. Autant dire que rien n’est simple. Les firmes qui en ont les moyens financiers dépensent de leur coté des millions d’euros en R&D (recherche et développement) de telle sorte à faciliter par l’ «écoconception » la récupération ou le recyclage des matériels devenus hors d’usage ou de leur constituants.

  • manifestants(攝影: / 大紀元)

{mospagebreak} Nous ne pouvons multiplier les exemples, mais énumérons ci-après les différentes catégories ou sources de déchets entrant dans le cadre vocationnel de « filières & recyclage », selon les ateliers qui leur ont été consacrés lors de la cinquième session d’octobre 2010, et même en dehors de celles examinées durant ces deux journées : les DASRI, déjà évoqués, limités à ceux produits par les patients en auto-traitement, l’ameublement usagé, les DEEE (ou D3E) professionnels, les VHU (véhicules hors d’usage) et déchets des garages, les emballages ménagers, les papiers graphiques ou tous documents sur papier finissant à la poubelle… , les déchets diffus spécifiques (DDS), recouvrant à quelques différences près les déchets dangereux des ménages (DDM) ou encore les déchets ménagers spéciaux (DMS), tous résultant, d’ailleurs en petites quantités, d’activités de bricolage, d’entretien ou de loisir, qui présentent l’inconvénient de perturber le fonctionnement des filières classiques de traitement des déchets ménagers : solvants, peintures (soulignons à ce sujet la remarquable contribution du Québécois Mario Clermont), vernis, encres, colles, décapants et produits chimiques divers, diluants, insecticides, fongicides, désherbants, etc., et leurs emballages souillés… qui nécessitent maintenant filière particulière.

À toute cette liste s’ajoutent à l’évidence : coté VHU (un poste gigantesque), les pneus usagés (qui s’amoncellent en montagnes spectaculaires), les huiles usagées (quelque 500.000 tonnes par an en France), les batteries, etc., la démolition des VHU est également très encadrée et réglementée depuis 2001 en direction des broyeurs et démolisseurs et des dispositions revues doivent voir le jour à brève échéance. Sont à prendre aussi en compte les fluides frigorigènes fluorés, les textiles d’habillement, linge de maison et chaussures (TLC), les emballages industriels, commerciaux et ménagers, les médicaments, etc.

La très cruciale question du recyclage des éléments chimiques rares

35 éléments chimiques rares (dits métaux) indispensables à la mise en œuvre des technologies de pointe doivent impérativement être récupérés des déchets qui en contiennent, certains d’entre eux étant presque épuisés dans le monde. Leur approvisionnement fait donc problème et se complique au plan politique par la dépendance dans laquelle on se trouve vis-à-vis de certains pays seuls à pouvoir les fournir : par exemple l’Afrique du Sud (platine), la Russie (palladium), la Chine (qui contrôle 97 % de la production des terres rares ou lanthadines. Les plus menacés sont le terbium, le dysprosium, le néodyme, l’yttrium ; pour ce qui est d’autres métaux, l’argent est en voie de disparition (les réserves sont estimées à 13 ans !), l’indium, le rhénium et le tungstène correspondraient à des réserves de moins de 50 ans. Les platinoïdes sont beaucoup plus abondants, ainsi que les autres éléments.

Les domaines d’application font sentir l’urgence de pallier à toute rupture d’approvisionnement, au Japon, par exemple, 20 millions de téléphones portables, de téléviseurs, d’ordinateurs, de baladeurs MP3 et de caméras numériques sont remplacés chaque année, avec à la clé l’immobilisation de tonnes d’argent, de cuivre, sans compter l’or et autres métaux précieux.

Les domaines d’application

- Équipements électriques et électroniques : ordinateurs, téléphones portables, écrans, lampes fluo-compactes, aimants, etc., piles et accumulateurs (NIMH, Li-ion, piles au lithium) ; pots catalytiques pour l’automobile et autres équipements, outils industriels de haute technicité, catalyseurs (en chimie et pétrochimie) ; médecine et recherche ; armement et défense (aciers spéciaux, missiles, radars…) ; production d’énergie (turbines, panneaux photovoltaïques, aimants d’éoliennes) ; verre, céramique, photographie, etc. Et pour l’heure, sauf exception, la plupart des filières de récupération restent à créer ou à développer. Il est évident que le plus clair des éléments et métaux précieux engagés jusqu’à présent au plan mondial est définitivement perdu.

 

C’est la navrante rançon de la société de consommation devenue celle du gaspillage et de l’obsolescence accélérée de ses produits pour des raisons de profits. C’est ainsi que s’exerce le pillage éhonté des ressources de la planète jusqu’à ce que l’extrême difficulté pratique et la cherté de leur recouvrement prennent de vitesse les pays développés, les laissant dans une gêne sans précédent. C’est à l’évidence, dans le souci d’y pallier que la session de 2010 a abrité l’atelier « optimiser le tri pour recycler plus » et les « premières assises nationales du réemploi » (en deux parties).

Quelle que soit la fortune à terme du déploiement de tant de vertu, il convient de saluer l’effort de l’ADEME et de tous les partenaires dont elle sait s’entourer pour constituer le trésor d’informations et de données ensuite largement dispensé, pour l’action aussi de sensibilisation qu’elle ne cesse d’orchestrer tant en direction de l’aval que de l’amont, origine de toutes difficultés.

 

Devant l’ignorance d’encore une grande majorité d’entreprises quant aux coûts externes et internes de leurs déchets, elle a lancé le 30 novembre 2010 un appel à candidatures auprès d’entreprises souhaitant agir sur leurs déchets, afin de sélectionner 50 entreprises qui seront accompagnées gratuitement dans leur démarche de réduction et tri à la source par un expert de l’ADEME et deviendront ainsi un noyau d’exemplarité. Souhaitons-leur le plus heureux aboutissement.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.