Les handicapés mentaux, travailleurs esclaves

Écrit par Xinjiang Metropolis News
26.03.2011

  • La une du Xinjiang Metropolis News montre les conditions de vie insalubres des travailleurs handicapés kidnappés. (Xinjiang Metropolis News)(攝影: / 大紀元)

  Une enquête réalisée par un journaliste de Hong Kong révèle que des fonctionnaires du parti communiste de la province du Sichuan en Chine sont derrière une structure servant à kidnapper des handicapés mentaux et des sans-abris, pour en faire des travailleurs esclaves. Selon l'enquête, les détenus embauchés au départ comme ouvriers viennent d'aussi loin que  de la province du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine. Pour en faire de « bons travailleurs », ils sont battus et reçoivent des décharges électriques dans des conditions de vie inhumaines.

Exploités et maltraités

Les premiers éléments de l'histoire ont été publiés par le Xinjiang  Metroplolis News. D'après le reportage, plus de dix handicapés mentaux venus du «Groupe Autonome des Handicapés» du comté de Qu (province du Sichuan) travaillaient dans l'usine chimique Jiaersi de Toksun dans la province du Xinjiang. Depuis plus d'un an, ils n’ étaient pas rémunérés et vivaient dans des conditions décrites comme «pires que celles des porcs et des chiens». Tous ceux qui tentaient une évasion étaient sévèrement battus, poursuit l'enquête.

Cette histoire a rapidement été relayée par d’autres médias en Chine. Au cours des semaines suivantes, plusieurs journaux ont apporté à l'affaire des éléments nouveaux et des détails parfois saisissants.

Par exemple le Quotidien du Yunnan explique que les nouveaux venus sont battus dès leur arrivée au Centre Autonome afin de les rendre dociles, ceci avant d'être formés. Ainsi Zeng Lingquan – le responsable du centre, depuis arrêté – fouettait les fesses nues des handicapés avec des fils électriques. Lorsque ce traitement n'était pas satisfaisant, il se servait d’une matraque électrique, «ce qui rendait les travailleurs particulièrement obéissants».

Esclavage

L’enquête publiée sur le blog de Yuan Ling, journaliste à l'hebdomadaire Phoenix a révélé le contrat qui liait l'usine chimique Jiaersi au Centre Autonome afin d'obtenir des travailleurs handicapés. Le contrat stipulait que l'usine devait nourrir les travailleurs, mais que les salaires de ces derniers étaient directement versés à Zeng Lingquand.

En outre, l'enquête met en lumière ce qui n'est ni plus ni moins qu’un réseau de trafic d'esclaves, impliquant deux instituts d'aides aux sans-abris et aux handicapés mentaux dans le comté de Qu.

Yuan Ling affirme que dans le comté de Qu, un des camps d'esclavage, appelé «centre de secours et d'assistance de la station de Taipingzai», était soutenu par le gouvernement local.

Le centre de secours de Taipingzhai échangeait des esclaves avec le centre autonome de Zeng Lingquan. Les esclaves étaient envoyés pour travailler jusque dans la province du Xinjiang afin d'être au plus près des usines locales de fabrique de briques, des sites de construction et des champs agricoles dans le comté de Qu. En retour, les salaires revenaient au centre de secours de Taipingzhai – et à ses bienveillants protecteurs dans l’administration locale.

La station Taipingzhai était autrefois un site de mise en quarantaine de patients lépreux. En 2000, le site a été loué par la station de logement et de rapatriement du comté de Qu pour en faire un site de rééducation. Dans les faits, c'était un camp de travail. Lorsqu'en 2003, le programme de rapatriement a été officiellement arrêté en Chine, la station Taipinggzhai a été fermée.

Vingt jours après, elle rouvrait sous le nom de centre de secours et d'assistance, avec pour objectif officiel d'offrir un toit et une assistance aux mendiants, aux sans-abris et aux handicapés mentaux – mais, indique Yuan Ling, c'est en fait devenu un lieu où ces personnes ont été contraintes aux travaux forcés sous la menace de chiens, de coup de bâtons et de fouet.

Liu Dingming, directeur du Centre de secours et d'assistance du comté de Qu a expliqué à Yuan Ling que c'est entre 2005 et 2006 que l'esclavage a atteint son pic. À cette époque, environ 70 esclaves y besognaient quotidiennement.

Le Centre de secours de Taipingzahi a réalisé d'énormes gains grâce au travail des ouvriers. Par exemple, quand une entreprise était facturée 30 à 50 yuans par travailleur et par jour, cette somme revenait au Centre de secours et d'assistance et non aux ouvriers eux-mêmes, peut-on lire sur le blog de Yuan.

Liu parle d'un contrat avec une usine de fabrication de briques d'un village voisin où des dizaines d’handicapés ont travaillé deux années durant. Les travailleurs esclaves du Centre de secours de Taipingzhai n'avaient pas de nom, juste des numéros ou des surnoms. Ils vivaient dans une cave humide sur un sol en ciment légèrement recouvert de paille. En guise d'alimentation, ils avaient la plupart du temps une bouillie de patates accompagnée d'un peu de riz, la viande n'étant servie que quelque fois dans l'année. Constamment affamés, il leur arrivait de voler du tofu ou de la viande crue lorsqu'ils travaillaient au village.

Le Centre de secours de Taipingzhai est entouré de falaises abruptes sur trois côtés, rendant toute évasion périlleuse. Certains ont essayé – et échoué. Abandonnés à l'extérieur dans le froid, certains seraient morts de faim. D'autres se seraient suicidés en se jetant dans le vide et d'autres encore auraient succombé de maladies non soignées.

Des villageois témoins d'une tentative d'évasion d'un esclave ont raconté à Yuan ce qu'ils ont vu. Le jeune garçon a été pendu et sévèrement battu, puis il a été jeté de la falaise. Lorsqu'un paysan a rapporté les faits à la police, le personnel du Centre s'est dépêché de récupérer le corps et de l'enterrer.

D'après un villageois, en été, les sans-abris et handicapés mentaux commençaient leur journée de travail très tôt le matin et finissaient à 22 heures. Même au plus chaud de la journée, ils travaillaient sans aucune protection contre le soleil. Yuan déclare que ces faits ont été rapportés par des paysans au comté et aux fonctionnaires, mais personne n'a voulu poursuivre les responsables.

Enquête

Lorsque cette histoire a éclaté dans les medias, un hebdomadaire du sud a déclaré que la station Taipingzhai avait transféré tous les travailleurs esclaves dans les foyers des comtés et des villes alentours.

Plusieurs villageois et un garde de la station de Taipingzhai ont confirmé que certains des travailleurs esclaves étaient des monsieur-tout-le-monde purement et simplement kidnappés. Une personne handicapée physique a confié au Southern Weekly sa mésaventure. Alors qu'elle marchait dans la rue, une camionnette s'est brusquement arrêtée à côté d'elle. Elle a été saisie et jetée dans le véhicule, c'est ainsi qu'elle s'est retrouvée travailleur dans le Centre de secours de Taipingzhai.

La population chinoise a été choquée de ces évènements, elle qui d'ordinaire ne peut accéder aux informations sur les abus perpétrés par les autorités sur les citoyens, que cela concerne les prisons et hôpitaux psychiatriques ou les camps travaux forcés avec leurs systèmes de «rééducation».

La Chine compte 12 millions de personnes handicapés mentales, d'après un rapport du 10 juin 2010. Le 21 octobre 2010, le journal The Epoch Times avait rendu compte des conclusions d'un rapport de deux organismes d'assistance publique chinoises qui sont Santé mentale et surveillance sociale d'une part et Initiative pour l'Équité et la Justice d'autre part. Ce rapport qui passait à la loupe le système chinois de prise en charge de la santé mentale le qualifiait de très défaillant. À cause des difficultés financières, nombre de malades mentaux ne peuvent recevoir de soins. Dans le même temps, des campagnes politiques forcent des personnes saines d'esprit à entrer dans les hôpitaux psychiatriques. C'est le cas pour certains militants de la démocratie, pour des personnes en conflit avec le parti communiste et pour les membres du mouvement bouddhiste Falun Gong.

Le rapport indique également que selon les statistiques du Centre chinois de la prévention et du contrôle des maladies, plus 100 millions de Chinois sont atteint d'une forme ou d'une autre de maladie mentale. D’après l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les maladies mentales comptent en Chine pour 20% sur l'ensemble des problèmes de santé du pays, soit plus du double de la moyenne mondiale.