Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Un long chemin à parcourir avant la stabilité en Libye

Écrit par Joshua Philipp, La Grande Époque
19.04.2011
| A-/A+

Après l'actuel conflit, la reconstruction sera guettée par une autre guerre

  • Le rebelle libyen Massoud Abu Assir, Kalashnikov et guitare en bandoulière, chante une chanson pour ses frères d'armes (Staff: MARWAN NAAMANI / 2011 AFP)

L'OTAN devra augmenter son soutien à l'opposition libyenne si elle souhaite que celle-ci puisse finalement renverser Mouammar Kadhafi. Mais même cette première étape ne sera que le début d'un long processus visant à reconstruire la Libye, pas seulement matériellement, mais en tant que pays fonctionnel.

Il faut le reconnaître, la Libye est dirigée depuis 1979 par un système étrange conçu sur mesure par Kadhafi. Il faudra donc probablement une refonte afin de voir émerger un nouveau gouvernement.

Par exemple, Kadhafi n'occupe aucun poste officiel, mais c'est lui qui commande. Il en va de même pour ses fils. Aussi, «Kadhafi prend les décisions importantes, mais il n'y a aucune institution formelle de laquelle il les prend», indique un rapport du Brookings Institution, un centre d'études et de recherches de Washington.

Le système politique libyen est un mélange éclectique de théories socialiste et islamique regroupées dans le Livre vert écrit par Kadhafi, et sa structure comprend l'alternance fréquente des rôles de ses lieutenants.

La construction de la nation en Libye devra non seulement s'attarder aux dimensions politique, sociale, judiciaire et économique, mais aussi créer «pour la première fois le genre de règles, d'obligations mutuelles, de freins et contrepoids qui définissent les États modernes et comment ils interagissent avec leurs sociétés», a expliqué Dirk Vandewalle, professeur au Dartmouth College, le 6 avril 2011, devant le Comité des Affaires étrangères du Sénat américain.

Étant donné que 95 % des revenus du pays proviennent des hydrocarbures, la répartition de cette richesse afin d'éviter qu'elle soit concentrée dans quelques mains sera nécessaire pour empêcher l'émergence d'un autre dictateur, selon M. Vandewalle, auteur de Libya Since 1969.

Il y a tout de même certains signes positifs, alors que le Conseil national de transition se dit prêt à mener le pays vers des élections et la rédaction d'une constitution.

«Soit nous atteignons la liberté et nous nous efforçons de rattraper l'humanité et les développements dans le monde, soit nous sommes enchaînés et asservis sous la botte du tyran Mouammar Kadhafi», indique le Conseil sur son site web.

Une des inquiétudes principales concerne la possibilité de la poursuite des combats lorsque Kadhafi aura chuté. C'est ce facteur qui marquera la différence entre le besoin d'une force d'occupation pour protéger les civils contre les insurgés ou simplement une force d'assistance au développement de la gouvernance.

Le pays est actuellement divisé de plus d'une façon, alors que les tensions entre différentes tribus ou différentes provinces s'ajoutent au conflit armé entre rebelles et forces pro-Kadhafi. Entre-temps, le Conseil national de transition n'a pas de «vue d’ensemble vraiment claire» sur la manière de réconcilier les différents acteurs ou sur la manière de traiter à l'avenir les partisans de Kadhafi, selon M. Vandewalle.

Une bataille terrestre

Le président américain, Barack Obama, a indiqué pourquoi il pense qu'il est important pour les États-Unis de soutenir les rebelles.

Si on avait laissé Kadhafi se débarrasser de l'opposition, «Les pulsions démocratiques qui apparaissent à travers la région auraient été éclipsées par la forme la plus obscure de dictature, alors que les dirigeants répressifs auraient conclu que la violence est la meilleure stratégie pour s'accrocher au pouvoir», a déclaré Obama le 28 mars au National Defense University.

La décision des États-Unis de s'en tenir à l'application d'une zone d'exclusion aérienne et à fournir un appui aérien aux rebelles a été motivée par le souhait de ne pas s'engager dans une autre guerre terrestre. Cependant, les frappes aériennes ont leur limite et tout soutien sincère à l'opposition devra en tenir compte.

Mal équipés et mal entraînés, il est pénible pour les rebelles de faire face à l'armée de Kadhafi.

Aussi, pour les États-Unis ouvrir un troisième front terrestre voudrait dire que le travail ne serait pas terminé une fois Kadhafi parti, alors qu'une partie des efforts de reconstruction et des coûts impliqués lui incomberait.

«Le plus troublant, c'est que nous ne savons pas ce qui sera attendu des États-Unis s'il y a une escalade non prévue de la guerre ou un résultat qui amène les États-Unis à participer à la reconstruction de la Libye», a souligné le 6 avril Richard Lugar, membre républicain du Comité des Affaires étrangères du Sénat.

Toutefois, puisque l'OTAN s'est déjà engagée dans ce conflit, il lui faudra probablement le traverser jusqu'à la fin.

L'opposition s'est «démontrée incapable de conserver le terrain profondément en territoire pro-Kadhafi», a déclaré le président du Comité, le sénateur démocrate John Kerry. «Ils ont de toute évidence besoin d'aide et il est approprié pour la communauté internationale de mettre l'épaule à la roue.»

«Peu importe comment ça se termine en Libye – l'effondrement du régime, une victoire militaire des rebelles ou une impasse prolongée – le processus visant à rapiécer la Libye sera ardu. Mais c'est une tâche dans laquelle les États-Unis, les Nations Unies et la Ligue arabe ont un rôle à jouer», a ajouté M. Kerry.

Version originale : The Long Road Ahead for Libya

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.