La couche d’ozone au-dessus de l’Arctique accuse une diminution de près de 40%

Écrit par Heloise Roc, La Grande Epoque
24.04.2011

  • Station allemande de recherche sur un navire en Antarctique. (Grobe Hannes/Wikipedia)(攝影: / 大紀元)

Dans un communiqué, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), annonce la destruction de la couche d'ozone au-dessus de l’Arctique. La couche d’ozone est indispensable pour protéger les organismes vivants des effets nocifs du rayonnement ultraviolet et ce gaz protecteur vient de chuter au-dessus de l'Arctique. Les spécialistes du PNUE pensent que la raison principale serait la persistance dans l'atmosphère de substances destructrices de ce gaz.

À cet effet, l’Organisation Météorologique Mondiale (l’OMM) précise que: «Les observations effectuées à partir du sol et par ballon-sonde au-dessus de l'Arctique ainsi que par satellite révèlent que la colonne d'ozone a accusé une déperdition d'environ 40% dans cette région entre le début de l'hiver et la fin du mois de mars». Mais, d’après le CNRS, «ce phénomène s'explique par un hiver stratosphérique très froid et persistant qui a conduit à une destruction importante d'ozone, laquelle s'est prolongée de façon inhabituelle jusqu'au printemps».

Dans l’intervalle de six mois des résultats diamétralement opposés

En septembre 2010, le PNUE se félicitait du succès de la préservation de la couche d’ozone et rapportait: «Les efforts internationaux pour protéger la couche d'ozone sont un succès. Ils ont permis d'empêcher de nouvelles pertes d'ozone et ont contribué à limiter l'effet de serre». À ce jour, les efforts internationaux contre la diminution de la couche d’ozone semblent être un fait de pure perte. «Cette déperdition record s'est produite en dépit d'un accord international ayant permis de réduire considérablement la production et la consommation de substances destructrices du gaz d'ozone», rapporte l’ONU.

La couche d'ozone est une sorte d’enveloppe gazeuse qui protège la vie sur terre des rayonnements nocifs. Les concentrations en ozone et son contenu total sont contrôlés en permanence et sont sous la protection du Protocole de Montréal signé en 1987 qui réglemente la production des halocarbures. Les halocarbures regroupent toutes les substances appauvrissant la couche d’ozone, divers composés chimiques qui contiennent du chlore et du brome et d’autres substances qui appauvrissent la couche d'ozone dans la stratosphère.

Objectifs du Millénaire pour le développement

Le pire pourrait être à venir, puisque la diminution de l’ozone a une grande influence sur la température de l’atmosphère, sur le régime des pluies de certaines régions du globe, sur les courants marins et les rendements des cultures agricoles. Comme les halocarbures persistent dans l'atmosphère durant plusieurs dizaines d'années, il faudra encore plusieurs décennies avant que leur concentration ne retrouve leur niveau d'avant 1980. Mais des recherches scientifiques en Antarctique, à la fin des années 1970, ont mis en évidence une diminution périodique de l'ozone dans cette région polaire. Ce que l'on a appelé le «trou de la couche d'ozone». Il se forme au printemps dans l'Antarctique (à la fin de la nuit polaire) et s'agrandit pendant plusieurs mois avant de se réduire.

Le directeur du PNUE, Achim Steiner, avait déclaré en septembre 2010, dans un excès d’optimisme «la couche d'ozone offre de multiples avantages pour les économies, y compris celles destinées à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. Elle offre d’autres bénéfices, ceux du Protocole de Montréal qui devaient permettre l'élimination des substances destructrices de la couche d'ozone, ce qui favorisera de lutter contre le changement climatique et la santé publique».

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait affirmé en septembre 2009 que la suppression des chlorofluorocarbones (CFC) avait ralenti la progression du changement climatique de 12 ans. Il avait ajouté que grâce à la coopération internationale sur ces substances dangereuses, il était possible de minimiser les risques pour la planète et «construire un monde plus sûr pour les générations futures».

Selon le PNUE, grâce au traité qui a empêché des émissions de gaz à effet de serre représentant plus de 135 milliards de tonnes de dioxyde de carbone, ce sont aussi, en terme de santé publique, 20 millions de nouveaux cas de cancer de la peau et 130 millions de cas de cataractes qui ont été évités.

La destruction de l’ozone, une compréhension

D’après le CNRS, la destruction de l'ozone stratosphérique se produit dans les régions polaires lorsque les températures descendent en dessous de -80°C. À basse température, les nuages se forment dans la basse stratosphère et des réactions chimiques transforment des composés issus des halocarbures en composés actifs. Ce processus conduit à une destruction rapide de l'ozone et au retour de la lumière solaire au-dessus du pôle. En Antarctique, le trou d'ozone est un phénomène répétitif en raison des températures extrêmement basses dans la stratosphère chaque hiver. En Arctique en revanche, les températures hivernales sont un peu plus élevées qu'au pôle Sud et les conditions météorologiques sont variables d'une année sur l'autre. Cette année les conditions météorologiques extrêmes sont responsables de l'évènement record observé.

Cependant l’OMM souligne que «le degré de destruction de la couche d'ozone en 2011 au-dessus de l'Arctique est sans précédent, mais que l'on pouvait s'y attendre». Elle passe en revue les substances qui appauvrissent la couche d'ozone, comme les chlorofluorocarbones (CFC) et les halons, utilisés autrefois dans les réfrigérateurs, les propulseurs d'aérosols et les extincteurs. Elle estime également conformément aux dispositions du Protocole de Montréal de 1987, que ces substances ont été progressivement éliminées et à l'exception des régions polaires, la couche d'ozone devrait revenir à son niveau d'avant 1980 aux alentours de 2030-2040 d'après l'évaluation scientifique de l'OMM et du Programme des Nations Unies pour l'environnement. Ce phénomène serait donc normal.

Avec une pointe d’optimisme, l'agence de l'ONU souligne que «si le Protocole de Montréal n'avait pas existé, la déperdition d'ozone cette année aurait été très probablement plus importante, et la reconstitution de la couche d'ozone beaucoup plus lente». Il ne faut donc pas se fier aux apparences!

Des chercheurs sur le terrain

Actuellement, des équipes françaises et européennes sont mobilisées sur le terrain au-delà du cercle polaire (Kiruna, Suède) pour échantillonner finement ces conditions exceptionnelles à l'aide d'instruments embarqués sous ballons stratosphériques réalisés par le CNES, le Centre national d’études spatiale. Quant aux instruments de la station d'observation de Haute-Provence, ils permettront de détecter l'impact de cet évènement sur les plus basses latitudes lorsqu'à la suite du réchauffement de la stratosphère polaire au printemps, les masses d'air appauvries en ozone se déplaceront vers ces régions.