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Lorsque vous censurez Internet, suivez le chef

Écrit par Matthew Robertson, La Grande Époque
28.04.2011
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La Chine est à l'avant-garde de la répression en ligne, et d'autres suivent l'exemple

  • La Chine est le chef de file en matière de censure (Staff: PHILIPPE LOPEZ / 2010 AFP)

Lorsque le régime d'Hosni Moubarak en Égypte a coupé l'accès de ses citoyens à Internet en janvier dernier, on a qualifié le geste de «sans précédent» pour une économie moderne. En fait, les techniciens égyptiens n'ont fait que copier ce que la Chine avait réussi 18 mois auparavant.

De juillet 2009 à mai 2010, les autorités chinoises ont complètement isolé la région du Xinjiang, au nord-ouest, du reste du monde. Elles ont par la suite envoyé des troupes de choc pour effectuer des arrestations massives et étouffer les troubles.

Un nouveau rapport sur la liberté sur Internet démontre que les gouvernements du monde entier ne peuvent s'empêcher d'interférer avec les vies en ligne de leurs citoyens. Des 37 pays étudiés, les chercheurs ont trouvé que 15 d'entre eux participent au «blocage substantiel» des sites à caractère politique. En tête du contrôle et de la surveillance est la Chine communiste, qui possède l'appareil de censure le plus sophistiqué au monde.

Le rapport Freedom on the Net 2011 de Freedom House, un organisme de défense des libertés civiles basé à Washington, démontre aussi que les techniques de cooptation et de censure en ligne développées par les autorités chinoises sont également adoptées par d'autres États.

Ce ne sont pas toutes les méthodes de contrôle d'Internet qui utilisent la manière forte. Une méthode potentiellement plus dangereuse est la méthode nuancée, où les sources d'information extérieures sont bloquées tandis qu'un environnement favorable au régime est cultivé de l'intérieur.

Il en découle une communauté en ligne de toute apparence très animée, ce qui s'apparente en surface à ce que l'on retrouve ailleurs, mais en réalité tout se déroule dans les confins définis par les autorités. Le Parti communiste chinois (PCC) a été le plus innovateur dans ce domaine. Il a bloqué Facebook, YouTube et Twitter, mais a permis à des clones chinois comme Renren, Youku et Sina d'exister, qui sont beaucoup plus faciles à contrôler. Tout comme des entreprises normales, elles rivalisent dans un marché florissant, mais le gouvernement leur «externalise» ses obligations en matière de censure et de propagande. Au sein de leurs départements de marketing se trouvent les «autocenseurs», et ne pas censurer le contenu indésirable peut signifier la fin des opérations.

En rendant les hôtes responsables de l'information publiée sur leurs sites, en empêchant les portails de générer leurs propres nouvelles en les rendant dépendant des médias officiels, en manipulant et en limitant les résultats des moteurs de recherche, et en soutenant des hordes de marionnettes qui commentent sur les forums de discussion, «on en arrive à cet environnement autocontrôlé, ressemblant presque à un intranet», affirme Sarah Cook, une des auteurs du rapport.

«On voit vraiment la Chine et le Parti communiste chinois être à l'avant-garde du développement de ces modèles de contrôle d'Internet», explique Mme Cook.

«Aucun autre pays, à part peut-être l'Iran, ne se rapproche de cela», ajoute-t-elle.

Après leur entrée dans la noosphère, ces idées sont adoptées par d'autres dictateurs. Le Kazakhstan et le Vietnam ont commencé à exercer un contrôle similaire sur les réseaux sociaux, en bloquant ceux qui sont libres et en dirigeant les citoyens vers des espaces plus facilement contrôlables. Le Cambodge et le Venezuela ont adopté des lois accordant plus de pouvoir à l'État sur l'infrastructure des télécommunications.

Les dissidents et autres individus qui mettent sur pied leurs propres sites Internet peuvent voir leurs activités terminées ou des agents du gouvernement peuvent les rendre hors service avec des cyberattaques.

La Chine semble mener le bal en matière de cyberguerre, s'attaquant à la fois aux gouvernements du monde et aux défenseurs des droits de la personne. Ces derniers reçoivent des courriels conçus sur mesure avec des documents attachés infectés qui, lorsqu'ouverts, permettent au régime de s'introduire dans l'ordinateur de la cible.

En Chine et ailleurs, la diffusion à grande échelle du pouvoir de publication a mené à la déqualification du dissident. Tandis que cela permet une plus grande participation dans le débat politique, cela élargit également le filet de répression, et c'est ce qui se déroule en Chine actuellement.

Version originale : When Censoring the Internet, Follow the Leader

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.