Au Cameroun, il y a 25 ans, le 21 août 1986 au soir, venant du lac Nyos, plusieurs centaines de millions de mètres cubes de gaz carbonique sont brusquement sortis des eaux. Une explosion entraînant la mort par asphyxie de près de 1.700 personnes vivant aux environs de la zone. Ce sont aussi 10.000 autres personnes qui ont été évacuées et 3.000 têtes de bétail qui ont disparu. Ce lac occupe le cratère d’un ancien volcan, et le gaz carbonique dissout se reconstitue en permanence, il proviendrait d’un magma sous-jacent. Che Ephraïm, 45 ans, qui vivait près du lac à l’époque raconte: «J'ai perdu plus de 21 membres de ma famille et tout notre troupeau après l'explosion».

Deux énormes tuyaux situés aux deux extrémités

Actuellement, le gouvernement camerounais avec le Programme des Nations Unies pour le développement et l'Union européenne viennent de lancer un projet dans le nord-ouest du Cameroun qui serait destiné à réduire les poches de dioxyde de carbone retenues au fond du lac Nyos. Le lac Nyos est situé à 1.200 mètres d'altitude, sur le flanc d'un volcan inactif. Le PNUD et ses partenaires ont installé au milieu du lac deux énormes tuyaux, ouverts aux deux extrémités pour permettre aux gaz de s’échapper, de manière contrôlée. En 2001, un tuyau de dégazage avait été installé par la communauté camerounaise en collaboration avec les chercheurs, géologues et ingénieurs des mines et des partenaires internationaux désireux de trouver des moyens de lutter contre le phénomène des lacs explosifs.

Un volcan inactif près du mont Oku

Selon les experts de l’Institut de recherches géologiques et minières, le lac ne causera plus de danger d’ici à deux ans. Ils espèrent ainsi permettre aux anciens habitants de s’installer aux abords de ses eaux. Le lac Nyos s’appelle en réalité le lac Lwi, il est devenu populaire sous le nom de lac Nyos qui était le nom du village voisin. Le lac est situé à 1.200 mètres d’altitude, sur le flanc d’un volcan inactif près du mont Oku, le long de la ceinture camerounaise de volcans actifs, longue de 1.400 kilomètres. C’est donc un lac de barrage volcanique situé au nord ouest du Cameroun. Le mont Cameroun d’une hauteur de 4.095 mètres est le seul volcan en activité de cette chaîne.

Un système d’alarme fonctionnant à l’énergie solaire

Les autorités de la région de Menchum, où se trouve le lac, ont également mis en place des mesures d’intervention d’urgence, notamment un système d’alarme fonctionnant à l’énergie solaire. Ce système se déclencherait si le dioxyde de carbone atteignait un niveau excessif, Ils ont prévu de former les populations aux premiers secours et une carte des refuges. Une évacuation a été simulée avec succès en mars 2011.

Le lac Nyos est l’un des trois lacs explosifs connus dans le monde. Les deux autres sont le lac Monoun, également au Cameroun, et le lac Kivu au Rwanda. L’explosion des lacs se nomme éruption limnique, c’est un type d'éruption volcanique caractérisé par le dégazage brutal d’un lac. Les gaz volcaniques sont émis en continu par un volcan et s’accumulent durant des années dans les couches profondes du lac.

Le lac Monoun, une similitude de danger

En 1984, le lac Monoun, avait causé la mort de 37 personnes, les émissions sont comparables à celles du lac Nyos. Le lac Nyos est situé au-dessus d'une poche magmatique. Les émanations gazeuses s'accumulent en permanence au fond du lac. Ainsi, il existe des lignes de failles qui partent de cette poche magmatique et entrent en contact avec le fond du lac. Et, contrairement aux lacs de cratère des zones tempérées qui connaissent un brassage de leurs eaux du fait de l'alternance des saisons, les lacs tropicaux ne connaissent point ou peu de brassage.

Sous l'action d'un facteur externe comme un séisme, ou bien des variations importantes de la densité, voire des précipitations abondantes, la stabilité du système est rompue. L'inversion des eaux profondes avec les eaux de surface et la dépressurisation des couches saturées en CO2 provoquent l'émission massive des gaz contenus dans ces dernières. La catastrophe de Nyos qui a entraîné de nombreuses victimes a été causée par la chute d'un pan de la falaise qui surplombe le lac. Une opération de dégazage a aussi été menée au lac Monoun depuis 2003.

Cependant, ces deux lacs Nyos et Monoun sont toujours dangereux. Ils contiennent plus de gaz à l’heure actuelle que ce qui a été libéré lors de la catastrophe. Les concentrations de gaz ainsi que les quantités totales de gaz dans les lacs sont en augmentation selon un rapport de la revue scientifique PNAS. Ainsi un dégazage constant organisé par les permanences internationales peut donner un peu de sérénité à la région.