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Gaz de schiste: le «Non, mais...» des députés français

Écrit par Charles Callewaert, La Grande Epoque
19.05.2011
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  • Des militants de nombreuses associations contre la loi sur le gaz de schiste à Paris devant l’Assemblée nationale le 10 mai 2011. (A. Charpentier)(攝影: / 大紀元)

Le texte interdit l’utilisation de la technique de fracturation hydraulique, mais permet l’exploitation de cette source d’énergie non conventionnelle.

Après une séance de nuit marathon et malgré la présence de manifestants résolument contre l’exploitation des réserves de gaz de schiste, l’Assemblée nationale a finalement adopté ce mercredi 11 mai la proposition de loi présentée par le député de la 4e circonscription de Seine-et-Marne, Christian Jacob, et soutenue par la ministre de l’Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet.

Le texte, qui a été approuvé par 287 voix contre 186, interdit l’utilisation de la technique de fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des gaz et huiles de schiste en France. L’opposition espérait un texte interdisant complètement l’exploitation de cette source d’énergie non conventionnelle ainsi que l’abrogation totale de tous les permis d’exploration déjà délivrés, et n’a donc finalement pas rallié la majorité. Le texte sera ensuite soumis à l’approbation du Sénat le 1er juin prochain.

Une croissance exponentielle du marché

Il faut dire que le marché des gaz de schistes est en croissance exponentielle aux États-Unis et que les estimations de réserves effectuées par l’Energy Information Administration (EIA) s’avèrent très prometteuses: au niveau mondial, elles seraient de 185.000 milliards de m3 environ, donc à peu près égales aux réserves de gaz naturel. Les gisements les plus importants seraient en Chine (35.000 milliards m3), aux États-Unis (24.000), en Argentine (21.000) et au Mexique (19.000). En Europe, la Pologne (5.000) et la France (5.000) auraient les deux gisements les plus importants, ce qui leur permettrait d’espérer une indépendance énergétique complète pendant de nombreuses années.

L’occasion étant inespérée, trois permis d’exploiter des gisements de gaz de schiste dans les régions les plus prometteuses, celles du bassin parisien et de Montélimar, ont donc été accordés en mars 2010 par l’ancien ministre de l’Écologie Jean-Louis Borloo, et sans susciter le moindre débat public ni la moindre controverse depuis 2007, année du dépôt des demandes d’autorisation. Fin 2010 cependant, l’évaluation faite par l’Environmental Protection Agency (EPA) aux États-Unis met en cause la technique de «fracturation hydraulique» en arguant de dégâts environnementaux importants sur certains gisements américains, en raison notamment d’un pompage d’eau potable en quantités considérables, d’un traitement insuffisant des eaux rejetées, et de remontées de gaz dans des habitations après la fermeture des puits. Il a donc fallu attendre fin 2010 et que la presse se fasse l’écho du rapport de l’EPA pour que les élus locaux français exigent plus de transparence sur ce dossier de la part du gouvernement.

Une technique d’exploitation à risque

En effet, pour libérer les gaz et huiles emprisonnés dans les roches de schistes situées entre 1.000 et 2.000 mètres de profondeur, les industriels utilisent actuellement cette technique, dont les risques environnementaux peuvent être considérables. La technique consiste à forer un grand nombre de puits sur la zone prospectée, puis à provoquer des explosions afin de provoquer un grand nombre de micro-fractures permettant la libération des gaz emprisonnés tout en injectant un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques sous très forte pression, afin de maintenir les fissurations ouvertes et faire remonter le mélange obtenu via les puits. Une fois à la surface, il faut ensuite extraire le gaz, puis épurer les eaux chargées de produits chimiques avant leur rejet dans l’environnement. Enfin, lorsque les puits ne produisent plus de gaz, il est nécessaire de les cimenter sur toute leur longueur pour éviter les remontées inopinées de gaz résiduel. À ces dégâts directs s’ajoute le risque de renforcement du réchauffement climatique, non seulement par la combustion du gaz qui émet du CO2, mais aussi par les migrations de gaz en surface des gisements, dont le méthane qui est un gaz très puissant sur l’effet de serre.

En fermant la porte à la technique de fracturation hydraulique mais sans supprimer formellement les permis d’exploration déjà accordés, et en laissant la porte ouverte à de nouvelles techniques d’extraction plus «propres», la loi votée par les députés est donc un compromis, permettant de satisfaire une grande partie de l’opinion par l’utilisation du principe de précaution, tout en essayant d’encadrer les industriels vers l’utilisation de techniques moins nocives pour l’environnement. Christophe de Margerie, le président de Total, l’a très bien compris, lorsqu’il a confirmé que son groupe espérait pouvoir bientôt exploiter «proprement» les réserves de gaz de schiste. Il reste que, même propre, leur exploitation n’est pas une bonne nouvelle pour le réchauffement climatique, ni pour les économies d’énergie, ni pour les énergies renouvelables, dont le développement risque d’être fortement ralenti.

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