Ben Laden est mort, mais pas le terrorisme

Écrit par Affaires-stratégiques.info
02.05.2011
  • La page du FBI concernant Oussama Ben Laden a été actualisée pour signaler son nouveau statut : décédé.(攝影: / 大紀元)

Analyse

La mort du leader historique d’Al-Qaïda le 2 mars au Pakistan a surpris le monde entier. Son visage avait fait le tour du monde après les attentats de 2001 et la rançon qui lui était associée s’élevait à 25 millions de dollars. Alors que la présence des forces occidentales en Afghanistan s’éternise, l’homme qu’on venait chercher dans les grottes afghanes a finalement été tué par un commando américain dix ans plus tard. Est-ce pour autant la fin du terrorisme international? Non, car s’il restait un symbole, son poids politique avait fortement diminué ces dernières années. Décryptage avec Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS).

Lancée par les républicains, la traque d’Oussama Ben Laden se conclut sous administration démocrate. Peut-on considérer cette mort comme une victoire d’Obama? La stratégie américaine de lutte contre le terrorisme en sort-elle renforcée?

C’est une victoire personnelle pour Barack Obama qui a réussi là où George W. Bush a échoué. Alors que ce dernier avait eu pour priorité l’Irak, le choix d’Obama de se concentrer sur l’Afghanistan et le Pakistan a conduit à la traque, l’arrestation et la mort de Ben Laden. Cela peut-il le servir pour les élections de 2012? C’est trop tôt pour en juger. D’autres évènements peuvent intervenir. Habilement, Barack Obama a associé son prédécesseur à ce succès, puisque George W. Bush a été l’un des premiers informés. Obama a voulu faire quelque chose de bipartisan, dans la grande tradition américaine. En effet, la meilleure façon de tirer un bénéfice politique de l’affaire est certainement de ne pas paraître tirer la couverture à soi.

Comment la mort de Ben Laden peut-elle être interprétée par l’opinion arabe?

Le monde arabe est pour l’instant bien plus préoccupé par les différents évènements politiques en cours et de toute façon, l’impact de Ben Laden avait déjà fortement diminué. Son grand moment de gloire, outre le 11 septembre 2001, a été la guerre d’Irak où il a très largement recruté. Mais Al-Qaïda était déjà en perte de vitesse avant même la mort de Ben Laden, et celle-ci va accélérer sa régression, sans pour autant en signifier la fin.

Avec la mort d’un chef charismatique, entre-t-on dans une nouvelle ère du terrorisme?

La mort de Ben Laden est un élément important. C’est bien-sûr la disparition de celui qui incarnait le terrorisme, qui en était la figure emblématique. Mais en même temps, les formes et les modalités du terrorisme ne dépendent pas d’une personne mais d’un contexte géopolitique, de conditions socio-économiques. La mort de Ben Laden ne signifie donc pas la fin du terrorisme.

Entre l’attentat de Marrakech et la mort de Ben Laden, doit-on craindre une nouvelle vague d’attentats?

On peut effectivement penser que dans les jours ou les semaines qui viennent, il y aura une tentative d’augmenter le nombre d’attentats pour prouver que le terrorisme n’est pas terminé, qu’Al-Qaïda n’est pas morte. C’est un peu une constante : lorsqu’un mouvement terroriste est en perte de vitesse, il essaie de multiplier les opérations pour montrer que c’est l’inverse et qu’il est au contraire encore vigoureux. On peut donc effectivement craindre qu’Al-Qaïda et des gens autour de cette nébuleuse, dans la période qui s’ouvre, veuillent multiplier les opérations pour démontrer que la disparition de Ben Laden n’a pas conduit à leur affaiblissement.

Source : Affaires-stratégiques.info