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Obama annonce une nouvelle politique étrangère américaine

Écrit par Jack Phillips, La Grande Époque
21.05.2011
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  • Un combattant rebelle libyen écoute le discours de Barack Obama(Staff: SAEED KHAN / 2011 AFP)

Analyse

«Ce sera la politique des États-Unis de promouvoir les réformes dans toute la région et de soutenir les transitions à la démocratie.» – Barack Obama

Pris au pied de la lettre, le discours du 19 mai du président américain sur sa nouvelle politique dans le monde arabe est historique. Si les paroles deviennent réalité, il s'agira d'une véritable transformation de la politique étrangère américaine. Mais à quel point les États-Unis pourront-ils se détacher de leur habituel réalisme politique qui place les intérêts nationaux avant tout? À quel point la première puissance mondiale pourra vraiment se soucier du petit marchand de légumes auquel Barack Obama a fait allusion?

Devant des diplomates et des fonctionnaires du département d'État à Washington, Obama a applaudi les changements qui bouleversent le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord depuis quelques mois alors que des milliers de manifestants se sont mobilisés pour demander droits, liberté, démocratie et réformes.

«Les gens se sont soulevés pour demander les droits de l'homme fondamentaux. Deux dirigeants se sont retirés. D'autres vont suivre», a souligné Obama, en référence à Hosni Moubarak et Zine El Abidine Ben Ali, ex-dirigeants respectifs de l'Égypte et de la Tunisie.

Ceci est venu en quelque sorte marquer la fin de l'ambiguïté américaine sur la question alors que, dans les premières semaines du printemps arabe, Washington peinait à réconcilier la perte d'alliés de longue date dans la région et son discours en faveur des droits de la personne et de la démocratie.

Obama a déclaré qu'une stratégie basée seulement sur la poursuite d'intérêts étroits (pétrole et sécurité) «ne pouvait remplir un ventre vide ou permettre à quelqu'un de s'exprimer». Il est allé plus loin en reconnaissant que «le statu quo n'est pas durable. Les sociétés maintenues ensemble par la peur et la répression peuvent offrir l'illusion de stabilité pour un temps, mais elles sont construites sur des lignes de failles qui vont éventuellement se déchirer».

Le président américain a mentionné trois évènements importants qui semblent avoir créé la conjoncture parfaite pour annoncer la nouvelle politique de son administration. Tout d'abord, le retrait de 100 000 troupes américaines en Irak et la fin de la mission de combat. Ensuite, le début en juin du rapatriement des soldats déployés en Afghanistan. Et, finalement, la mort d'Oussama Ben Laden et de ce qu'Obama a qualifié de faillite de l'idéologie terroriste d'Al-Qaïda dans le monde arabo-musulman au profit du pouvoir populaire en faveur des droits. «Par la force morale de la non-violence, les gens de la région ont accompli plus de changements en six mois que les terroristes ne l'ont fait en plusieurs décennies.»

Les États-Unis doivent appuyer les appels à la réforme qui résonnent dans toute la région, a indiqué Obama, et ce, en aidant à «fournir un accès libre à Internet et en défendant le droit des journalistes d'être entendus, qu'ils fassent partie d'une grande organisation médiatique ou qu'ils soient des blogueurs solitaires».

À travers les différents bouleversements, le président américain a identifié la Libye comme le pays où la répression a été la plus violente, alors que Mouammar Kadhafi a promis un massacre et qu'un conflit avec les rebelles dure depuis trois mois.

«En Libye, nous avons vu la possibilité d'un massacre imminent, nous avions un mandat pour agir et nous avons entendu les appels à l'aide du peuple libyen», a-t-il mentionné. «Si nous n'avions pas agi avec nos alliés de l'OTAN et nos partenaires régionaux, des milliers de personnes auraient péri.»

Alors que certains considéraient que les États-Unis appliquaient la vieille formule du deux poids deux mesures en s'impliquant militairement en Libye mais en se retenant de prendre une position ferme et d'agir sur la Syrie, Obama a envoyé un message clair au président syrien, Bachar Al-Assad. Le massacre de civils par Al-Assad a quelque peu dissipé son image de réformiste qui semblait prévaloir dans différentes chancelleries occidentales. Néanmoins, cette perception s'est reflétée dans le message d'Obama : «Le peuple syrien a démontré son courage en demandant une transition à la démocratie. Le président Assad a le choix : il peut mener cette transition ou se tasser du chemin.»

Obama a déclaré que le régime syrien imitait son «allié iranien, demandant de l'aide à Téhéran dans les tactiques de répression». Il a ajouté : «Rappelons-nous que les premières manifestations pacifiques sont survenues dans les rues de Téhéran, où le gouvernement a brutalisé femmes et hommes et a envoyé des gens innocents en prison.»

Après avoir adopté des sanctions contre des responsables du régime syrien sans toucher au président, les États-Unis ont finalement adopté des sanctions contre Bachar Al-Assad le 18 mai.

Le cas du conflit israélo-palestinien a aussi été abordé par Obama et il a créé des remous en reconnaissant une des demandes fondamentales des Palestiniens modérés, soit la création d'un État palestinien au sein des frontières de 1967. Quant à la question de Jérusalem et du droit de retour, le président américain ne s'est pas avancé.

Malgré un «engagement inébranlable envers la sécurité» d'Israël, Obama a déclaré que le statu quo «n'est pas viable et qu'Israël doit agir avec audace afin d'établir une paix durable».

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réagi très négativement à ce développement, indiquant que les frontières de 1967 étaient «indéfendables». Avec l'instabilité qui entoure Israël (Hezbollah libanais au nord, Syrie à l'est, perte de son allié égyptien au sud et réconciliation récente des factions palestiniennes), la nouvelle politique américaine de soutien au changement ajoute un élément d'incertitude important pour l'État hébreu.

Réception du message

Outre Israël, d'autres alliés américains dans la région – cette fois, des régimes autoritaires – ont probablement aussi été choqués par le discours d'Obama. Néanmoins, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite n'ont pas été nommés dans l'allocution. Ceci pourrait diluer dans les yeux de certains l'intégrité d'Obama, alors que Riyad a envoyé des troupes à Bahreïn et qu'elle n'hésite pas à réprimer sa propre population. En fait, l'Arabie saoudite incarne l'opposé complet de l'idéal américain professé.

«Les États-Unis défendent un lot de droits universels, et ces droits incluent la liberté d'expression, le droit de rassemblement pacifique, la liberté de religion, l'égalité entre l'homme et la femme selon la primauté du droit, et le droit de choisir ses propres dirigeants – que vous habitiez à Bagdad ou Damas, Sanaa ou Téhéran […] Notre soutien à ces principes ne constitue pas un intérêt secondaire. Aujourd'hui, je veux clarifier qu'il s'agit d'une priorité qui doit se traduire en gestes concrets et être appuyée par tous les outils diplomatiques, économiques et stratégiques à notre disposition», a déclaré Obama.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.