Parcours franco-chinois entre une école de commerce parisienne et l’université de Fudan à Shanghaï

Écrit par Laurent Gey, La Grande Époque
29.05.2011

  • Le campus de l’ICD à Paris, près du canal Saint Martin.(攝影: / 大紀元)

L’ICD, l’Institut International du Commerce et du Développement, appartient au groupe IGS spécialisé dans les études professionnalisantes à l’international. Depuis 1975, le groupe IGS défend trois valeurs de l’enseignement professionnel que sont l’éthique, l’humanisme et l’entreprise. Créé en 1980, l'ICD a pour but d’accompagner les étudiants vers les grandes entreprises du marché mondial en leur proposant un programme interculturel et une ouverture à l’international.  Depuis 2005, l’école a mis en place un « parcours franco-chinois» en collaboration avec l’université de Fudan à Shanghai, troisième université chinoise, à vocation de former des managers trilingues futurs experts commerciaux avec l’Asie.

Annabelle Chang Yang, étudiante chinoise 2010 de quatrième année à Paris, explique ce que cette formation lui a apporté en tant que Chinoise: «Nous avons eu un professeur d’affaires internationales qui nous a appris à avoir un esprit critique, à avoir du recul par rapport aux évènements que l’on a vécus en Chine et par rapport aux problèmes que la Chine est en train de surmonter». «Il est très passionnant de regarder son pays à travers les yeux des occidentaux et de savoir ce qu’ils pensent de la Chine d’hier, d’aujourd’hui et de demain», explique-t-elle en précisant qu’il s’agit de son impression personnelle.

Pour Homéric de Sarthe, étudiant français 2010 en quatrième année sur le campus de Fudan à Shanghai, ce parcours franco-chinois lui a permis de débuter une carrière commerciale en même temps que de comprendre la réalité économique de la Chine : «Mon intégration dans la société chinoise m’a fait prendre conscience de l’existence des ‘laissés pour compte’, de la croissance de cette deuxième puissance mondiale.» Il a d’ailleurs pris l’initiative d’organiser, en partenariat avec la Shanghai Charity Foundation, le Rotary club de Shanghai et Carrefour Chine, une collecte alimentaire en faveur des démunis, réunissant plus de 2,5 tonnes de denrées alimentaires.

Pour nous présenter ce cursus franco-chinois, nous avons rencontré Serge Guarino, directeur des Programmes Internationaux de l’ICD et passionné par l’aspect interculturel de ce parcours.

  • Serge Guarino, Directeur des Programmes Internationaux de l’ICD (攝影: / 大紀元)

Tout d’abord, pouvez-vous présenter votre parcours personnel et la naissance de votre intérêt pour la Chine?

J’ai toujours été intéressé par l’extraordinaire dynamisme de l’Asie ; j’ai vécu et travaillé au Japon plusieurs années. Puis ce fut la Chine avec tout d’abord le Semestre de Management Interculturel (SMI) dont l’ICD assure l’ingénierie pédagogique depuis sa création il y a dix ans maintenant. Programme d’un semestre qui s’articule selon une dynamique d’études managériales comparées entre les USA (deux mois à San Diego State University) et l’Asie pendant trois mois : Pékin – au campus de Fudan à Shanghai durant deux mois –, Hong Kong pour tout ce qui touche à la finance internationale, la logistique aéroportuaire et enfin le Vietnam à Hanoï où nous sommes reçus par l’Académie Diplomatique du Vietnam.

Votre école de commerce propose depuis 2005 un parcours franco-chinois, comment a-t-il été créé?

Tout simplement à la demande de mes amis et collègues de Fudan qui «hébergeaient» déjà le SMI (Semestre de Management Interculturel) et qui souhaitaient expérimenter un programme plus long et diplômant entre l’ICD et Fudan. Cette coopération a duré plusieurs années, des  dizaines d’étudiants chinois et français en ont bénéficié et en bénéficient encore aujourd’hui. L’université de Fudan s’est tournée ensuite vers d’autres programmes et l’ICD a continué à envoyer ses étudiants  passer deux  années scolaires à Fudan où ceux-ci suivent en chinois au sein de la School of Economics  des cours en chinois.

Durant les deux premières années passées à Paris, les étudiants suivent des cours de langue intensifs et apprennent le chinois, ce qui leur permet d’atteindre un niveau et une aisance suffisante pour vivre et étudier en Chine.  Le quatrième semestre est consacré à un stage en entreprise facile à trouver pour des étudiants parfaitement trilingues et au fait des mécanismes commerciaux en Chine et des problématiques des entreprises internationales.

Votre programme contient des cours de marketing, de droit, de comptabilité et également des cours de culture et civilisation chinoise et  de communication interculturelle. En quoi ces deux aspects - commercial et culturel - sont- ils compatibles?

Je suis convaincu que les chinois apprécient que des occidentaux soient capables de s’intéresser à leur culture cinq fois millénaire. Je dis toujours à mes étudiants que l’on s’enrichit des différences de l’autre. Une des clés du succès de nos étudiants dans leur vie professionnelle une fois diplômés, est leur très grande capacité d’adaptation. Ils savent intégrer les méthodes enseignées pendant leurs études ou leurs stages et les adapter au marché chinois qu’ils connaissent.

La formation, accessible à Paris se poursuit à l’université de Fudan à Shanghai en troisième et quatrième année, avec notamment un apprentissage du cadre réglementaire chinois et l’immersion dans le système chinois. Quelles sont les différences entre les systèmes économiques et commerciaux de la Chine et de l’Europe?

Je vous dirais brièvement que depuis l’entrée de la Chine dans l’Organisation Mondiale du Commerce (l’OMC) ces différences se sont estompées et qu’aujourd’hui les acteurs chinois et européens, dans une négociation, utilisent les mêmes arguments et les mêmes techniques de communication. Les mutations intenses qu’a connues le système économique chinois depuis la Politique d’Ouverture de Deng Xiaoping furent si fondamentales et rapides que connaître l’histoire de l’économie chinoise est absolument indispensable. Tous les grands chefs d’entreprises chinois ont vécu l’évolution du système et tous ont encore en tête les anciens modèles de la société chinoise. Encore une fois, pour réussir et être compris il est vital de chercher à comprendre l’autre et de connaître son propre cheminement.

Selon M. Guarino, c’est dans un esprit de partage et de respect que les Français et Chinois peuvent bénéficier de leurs histoires millénaires. Selon lui, cette ouverture d’esprit, ces échanges sont la véritable richesse qui marque la vie d’un étudiant dans ce parcours. En termes d’accueil et d’accompagnement, le directeur de la programmation indique que les étudiants actuels sont découragés par les rigueurs du marché, alors dans cette formation franco-chinoise proposée à l’ICD, les professeurs se placent comme des accompagnateurs de talents et d’études. Des dispositions que l’on retrouve dans certains avantages spécifiques à l’école : un dossier d’APL rempli pour les étudiants chinois, une association d’anciens étudiants dynamique et un job store à côté du campus.

Pour en savoir plus:

www.icd-ecoles.com