La Pologne piégée par un groupe de BTP chinois

Écrit par Lauren Smith, La Grande Époque
18.06.2011

  • Les ouvriers chinois travaillent sur le chantier d’une autoroute Varsovie-Berlin près de Zyrardow au centre de la Pologne le 23 mai 2011. (攝影: / 大紀元)

La société chinoise Covec envisage de renoncer au contrat de construction de l’autoroute en raison de problèmes de financement.

Le contrat avec le groupe chinois Covec (China Overseas Engineering Group) pour la construction de l’autoroute A2 reliant Varsovie à Berlin pourrait être rompu par la Pologne, en raison des factures impayées de la société chinoise à ses sous-traitants polonais. «Nous savons aujourd’hui que la société a des problèmes de financement. Je verrai avec le ministre des Infrastructures comment faire pour éviter un retard dans les travaux, si nous choisissons de renoncer aux services de cette société», a déclaré le Premier ministre polonais Donald Tusk au début de juin. Les impayés sont estimés à plusieurs dizaines de millions d’euros.

Un grand coup de dumping

La Pologne a été le premier pays de l’Union européenne à ouvrir son marché à une entreprise chinoise de BTP. Covec a décroché le contrat grâce aux prix défiant toute concurrence : pour un tronçon d’autoroute de 49,2 kilomètres, la société chinoise a proposé 1,3 milliard de zlotys (330 millions d’euros) tandis que l’offre du groupe allemand qui suivait immédiatement Covec était deux fois plus élevée. Pour Pékin l’enjeu était de taille, il fallait y entrer, car il s’agit d’une construction de «prestige» qui pouvait donner un «passeport» d’entrée pour tous les contrats du marché européen. En revanche pour les Polonais, il fallait reconstruire le réseau routier et disposer de 1.800 km d’autoroutes pour l’Euro-2012 de football, que la Pologne accueillera en juin de l’année prochaine conjointement avec l’Ukraine.

L’attribution du marché de construction de l’autoroute à la société chinoise fut dès le début un sujet très controversé parmi les Polonais. «Le prix proposé était irréaliste», se souvient avoir dit Wojciech Malsi, le président de la Chambre polonaise des constructeurs de routes, en septembre 2009 lorsque Covec a remporté le contrat. «Maintenant je ne peux que le confirmer», a-t-il ajouté. À la conférence de presse à Wloclawek le 2 juin dernier, Donald Tusk a fait remarquer que le ministre polonais des Infrastructures, Cezary Grabarczyk «a pris un certain risque» en entrant dans la coopération avec Covec, ce nouveau partenaire sur le marché européen et polonais.

 

…et une concurrence déloyale du régime chinois

Les travaux de Covec ont commencé en janvier 2011 avec l’arrivée de 500 travailleurs chinois. Les conditions de vie de ces ouvriers permettent de comprendre comment Covec, société contrôlée par le régime chinois, a pu arracher le contrat à ses concurrents européens : un travail de 12 heures par jour, jour et nuit, sept jours sur sept ; un logement dans des dortoirs collectifs aménagés dans une ancienne école ; les repas, préparés par des cuisiniers chinois dans un garage transformé en cuisine, sont servis directement sur le chantier ; enfin, le salaire des ouvriers est versé directement en Chine.

Aujourd’hui la société chinoise envisage de renoncer à son contrat de construction. L’énigme reste entière : quelles sont les garanties bancaire de Covec et pourquoi l’État chinois ne le renfloue-t-il pas alors dans le cas de problèmes financiers? À la signature du contrat, «Covec assurait qu’il disposait d’un montant de 100 millions de dollars pour commencer la réalisation de cette construction et qu’il n’a pas besoin de recourir aux crédits, c’est pourquoi le prix proposé était plus bas», a expliqué Cezary Grabarczyk à la radio polonaise Zet.

En cas de rupture de contrat provoquée par la faute de Covec, le Trésor polonais peut réclamer «des indemnités d’un montant d’au moins 741 millions de zlotys (185 millions d’euros)», selon la direction polonaise des routes. Ce coup de théâtre de Covec risque cependant de provoquer un retard important du chantier et d’augmenter le coût de la construction.