Al-Zawahiri ne sera pas aussi influent que Ben Laden

Écrit par Jasper Fakkert, La Grande Époque
19.06.2011
  • Ayman Al-Zawahiri aurait remplacé Oussama Ben Laden à la tête d'Al-Qaïda(Stringer: AFP / 2006 AFP)

Pendant treize ans, il a joué les seconds violons à Oussama Ben Laden et voilà qu'Ayman Al-Zawahiri a été nommé en tant que nouveau dirigeant d'Al-Qaïda.

La nomination d'Al-Zawahiri a été annoncée sur plusieurs sites Internet jihadistes.

«Al-Qaïda utilise fréquemment Internet pour rapporter des développements importants concernant l'organisation. C'est sa méthode pour diffuser ses messages», explique Max Abrahms, un chercheur postdoctoral au Dickey Center for International Understanding du Dartmouth College.

Al-Zawahiri ne fait pas l'unanimité au sein du leadership d'Al-Qaïda, affirme M. Abrahms. Cela pourrait expliquer pourquoi l'organisation a pris six semaines pour choisir un nouveau chef suite à l'assassinat de Ben Laden.

Avec le succès des opérations antiterroristes, dont la découverte de renseignements dans la résidence de Ben Laden, il a été plus difficile pour les hauts dirigeants d'Al-Qaïda de se rencontrer.

Al-Zawahiri, un Égyptien formé en médecine, a rencontré Ben Laden dans les années 1980 dans la région frontalière entre l'Afghanistan et le Pakistan, selon le Council on Foreign Relations. Il est le fondateur du Jihad islamique égyptien, dont l'objectif était de renverser par la force le régime laïque égyptien afin d'instaurer une théocratie islamiste. En 1998, le Jihad islamique égyptien s'est fusionné avec Al-Qaïda.

Selon M. Abrahms, Al-Zawahiri n'aura pas le même statut que Ben Laden dans Al-Qaïda ou le monde musulman. Ben Laden s'était fait beaucoup de capital de sympathie dans certains cercles dans les années 1980, lui qui provient d'une famille saoudienne fortunée et qui a combattu les Soviétiques en Afghanistan.

«Al-Zawahiri n'a jamais été considéré comme un héros, contrairement à Ben Laden […] Il ne sera pas aussi populaire en raison de leurs histoires différentes», explique M. Abrahms.

Étant donné qu'Al-Zawahiri ne jouit pas de la même influence au sein d'Al-Qaïda, il est possible qu'il y ait davantage de conflits internes sous son leadership. Les disputes intra-musulmanes ont toujours existé dans les sphères dirigeantes de l'organisation terroriste.

«Même lorsque Ben Laden dirigeait, Al-Qaïda éprouvait de grandes difficultés. Son remplaçant a été nommé au moment où les capacités d'Al-Qaïda sont à leur plus bas», ajoute M. Abrahms.

Afin de conférer une certaine légitimité à sa nomination, Al-Zawahiri «fera tout son possible pour perpétrer un gros attentat», prédit l'expert sur le terrorisme.

Al-Zawahiri est recherché par les États-Unis et il y a une prime de 25 millions de dollars sur sa tête pour son rôle dans les attentats de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie.

Version originale : Bin Laden's Successor to Al-Qaeda Won't Have Same Support