Des femmes saoudiennes défient la loi et conduisent

Écrit par Christina Zhang, La Grande Époque
20.06.2011
  • Des femmes saoudiennes entrent à l'arrière d'un véhicule à Riyad(Staff: FAYEZ NURELDINE / 2011 AFP)

Réclamant leur droit, de nombreuses femmes en Arabie saoudite se sont assises derrière le volant le 17 juin dans une campagne visant à lever l'interdiction de conduire pour la gente féminine. On n'a pas rapporté d'arrestations de femmes conductrices.

Le ministère de l'Intérieur saoudien a formellement interdit aux femmes de conduire en 1990, lorsque des protestations semblables avaient été organisées par des femmes pour remettre en question une pratique qui, jusqu'à ce point, n'était que coutumière, selon Amnesty International.

L'action du 17 juin, visant à changer la loi actuelle, a été soutenue par le groupe Women2Drive sur Facebook.

Manali Al-Sharif, qui a été emprisonnée au mois de mai pour avoir conduit et publié une vidéo de sa désobéissance sur YouTube, affirme dans la vidéo que les femmes saoudiennes sont «ignorantes et illettrées en ce qui a trait à la conduite».

«Vous trouverez une femme avec un doctorat, une professeure dans une université, mais elle ne sait pas conduire», déplore Al-Sharif.

La pionnière de 32 ans s'est vu forcer de signer une garantie de ne plus conduire avant d'être relâchée après dix jours de détention, selon Amnesty International.

Al-Sharif a inspiré d'autres femmes à mettre sur pied une école de conduite en ligne portant son nom et à encourager les femmes à apprendre à conduire.

Al-Sharif et d'autres personnes avec des permis internationaux apprennent aussi à conduire à d'autres femmes, selon CNN.

Women2Drive et Al-Sharif affirment que le but de la campagne n'était pas d'enfreindre la loi, mais plutôt d'affirmer leur droit.

«Nous sommes ici pour réclamer un de nos droits les plus simples», déclare Women2Drive sur son canal YouTube.

Dans une entrevue sur The Stream, un média social de la chaîne Al Jazeera, une Saoudienne qui milite pour les droits des femmes est d'accord : «Nous luttons pour le droit de choisir.»

La campagne a recueilli de nombreux appuis internationaux. De l'Australie à l'Équateur, des mots de soutien ont été affichés sur la page Facebook Women2Drive et sur Twitter.

Nancy Pelosi, chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants américaine, a exprimé son soutien sur Twitter : «Bip, bip et solidarité aux femmes saoudiennes qui défient l'interdiction de conduire!»

Khalid bin Alwaleed, un prince saoudien, a fait de même depuis l'extérieur de son pays : «Je soutiens entièrement le mouvement et la liberté de choisir pour mes sœurs en Arabie saoudite.»

Bien que la campagne s'attaque spécifiquement au code de la route saoudien, «ce n'est qu'un des aspects de la vie où les droits des femmes saoudiennes ne sont pas respectés», affirme Philip Luther, sous-directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord chez Amnesty International.

«Ne pas permettre aux femmes de conduire en Arabie saoudite est un immense obstacle à leur liberté de mouvement et cela limite sévèrement leur habileté à mener leurs activités quotidiennes comme elles l'entendent, comme aller au travail ou au supermarché, ou aller chercher leurs enfants à l'école», ajoute M. Luther.

Version originale : No Arrests Reported of Saudi Women Drivers