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Vers un divorce entre Washington et Islamabad?

Écrit par Affaires-stratégiques.info
28.06.2011
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  • Des Pakistanais brûlent des drapeaux américains(Stringer: ARIF ALI / 2011 AFP)

Le Pakistan serait-il en train de sortir lentement, mais sûrement, de l’orbite de Washington? Impensable il y a peu, un tel scénario est désormais sérieusement envisagé, tant les relations entre les deux pays se sont dégradées au cours des dernières années. Le Pew Research Institute souligne ainsi que les États-Unis et le Pakistan seraient aujourd’hui au bord de la rupture, malgré les dénégations de l’ambassadeur pakistanais à Washington, Husain Haqqani, pour qui il n’y pas de rupture mais de simples «points de friction». Des études montrent cependant un sentiment d’antiaméricanisme sans précédent au sein de la population civile pakistanaise, ainsi qu’un soutien de moins en moins prononcé aux opérations antiterroristes menées conjointement par Washington et Islamabad.

L’opinion des Pakistanais à l’égard des États-Unis est particulièrement révélatrice. Des civils interrogés, 73 % disent avoir aujourd’hui une mauvaise opinion des États-Unis, contre seulement 12 % d’opinion favorable. Plus inquiétant, deux tiers des Pakistanais considèrent les États-Unis comme une menace militaire crédible. Par contraste, seuls 6 % disent voir dans les États-Unis un partenaire militaire ou commercial. La mort de Ben Laden, loin de redorer le blason de l’Amérique, fut interprétée au Pakistan comme une violation intolérable de la souveraineté du pays. Ainsi, 63 % des personnes interrogées se sont dits opposés à l’opération menée par les SEALs américains en mai dernier. Plus grave encore, 55 % disent regretter la mort du fondateur d’Al-Qaïda.

Cependant, c’est en matière de lutte antiterroriste que les divergences entre Washington et le peuple pakistanais sont les plus profondes. Alors que le Pakistan occupe une place centrale dans la stratégie américaine de lutte contre les talibans et Al-Qaïda, ses habitants sont de plus en plus nombreux à s’y opposer et à dénoncer l’implication de leurs propres forces armées. Ils ne sont aujourd’hui que 37 % à cautionner la collaboration de l’armée pakistanaise avec les troupes américaines, contre 53 % en 2009. Plus généralement, c’est la méthode utilisée par les États-Unis en matière de lutte contre le terrorisme qui recueille le plus de critiques. En effet, 69 % des Pakistanais seraient favorables à un départ des troupes de la coalition d’Afghanistan, tandis que 62 % d’entre eux se disent fermement opposés à tout effort américain destiné à combattre le terrorisme. De plus, 56 % des sondés affirment que la lutte contre le terrorisme islamiste n’est pas dans l’intérêt du Pakistan.

Ces résultats ne sont cependant que le reflet d’un découplage entre ce que Washington et Islamabad considèrent comme leur priorité respective. Si les États-Unis considèrent Al-Qaïda comme la principale menace, une majorité écrasante de Pakistanais continuent à voir l’Inde comme le grand ennemi. Beaucoup de Pakistanais estiment donc que Washington les entraîne sur un faux problème et contribue ainsi à rendre le pays plus vulnérable.

Sources : Pew Research Institute, Courrier International

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