Après un an de querelles politiques, la Belgique est toujours sans gouvernement

Écrit par Par Wim Degent, La Grande Epoque
30.06.2011

  • IMPASSE: Une photo de la Chambre des représentants belges vide. Depuis les dernières élections du 13 Juin 2010, la Belgique fonctionne sans gouvernement officiel, la Chambre assurant les fonctions de base. (Mark Renders/Getty Images )(攝影: / 大紀元)

GAND, Belgique: L'impasse politique qui existe depuis un an en Belgique, laisse le pays sans gouvernement central - et peu d'espoir subsiste d'en voir un se former dans l’immédiat. Si la crise qui perdure n'a rien arrangé, elle aura montré tout de même que l’Etat pouvait fonctionner sans gouvernement.

Située au centre de l'Europe, la Belgique compte une population de 11 millions d'habitants répartie en deux communautés distinctes: la Flandre néerlandophone et la Wallonie francophone. Au centre se trouve la Région de la Capitale de Bruxelles, laquelle est majoritairement bilingue et échappe donc au conflit.

La constitution Belge stipule que les recettes fiscales sont réparties en parts égales entre les deux communautés. Le hic pour les Flamands est qu'en plus d'avoir une économie plus forte, leur population est plus nombreuse que celle de la Wallonie, respectivement 57,7% contre 31,6%. Aussi beaucoup de Flamands vivent mal le fait de voir des milliards d'euros quitter leurs poches chaque année pour rejoindre le côté francophone.

Peu avant les élections de 2010, la fierté flamande en a pris un coup lorsque les Wallons ont tenté de gagner quelques avantages régionaux. Par exemple, des politiciens francophones ont souhaité que certains comtés Flamands, près de Bruxelles adoptent le français comme langue de communication.

En 2007 après les élections, la Belgique était restée sans gouvernement pendant six mois pour les mêmes raisons, et au cours des trois dernières années, trois Premiers ministres ont dû démissionner. 

Plus les élections de 2010 approchaient et  plus  les demandes des flamands d’arrêter le flux de trésorerie – et donc de modifier la constitution- devenaient pressantes.  

La Nouvelle Alliance Flamande (NV-A) fut la grande gagnante des élections, en remportant un siège de plus que le Parti Socialiste (PS) de Wallonie.

La constitution ne pouvant être modifiée qu’en cas de majorité aux deux-tiers, tout changement devrait nécessiter une coalition entre deux partis qui sont aujourd’hui dos à dos - d'où l'impasse.

Gestion des Affaires courantes

En l’absence d’un nouveau gouvernement, c’est l'ancien qui a géré «les affaires courantes» de la nation. Il s'agissait en théorie de jouer ce rôle de transition avant l’avènement d'un nouveau gouvernement. Il n'a jamais été prévu que cela dure aussi longtemps.

Carl Devos, professeur de sciences politiques à l'Université de Gand, explique que «La Loi stipule vaguement que le gouvernement des affaires courantes doit gérer les choses 'comme un bon responsable' avant la prise de fonction du nouveau gouvernement. Avec l'aide du Sénat, ils ont  donc géré les affaires urgentes  afin d'éviter une situation plus préjudiciable au pays».

Cependant les pouvoirs du gouvernement provisoire sont limités. Il n'a pas l'autorité légale pour mettre en œuvre des réformes politiques, et ne peut pas non plus utiliser le budget réservé au futur gouvernement.

Selon Devos, malgré l'échec du gouvernement, la démocratie dans son ensemble n’est pas bloquée en Belgique. 

«Nos gouvernements régionaux fonctionnent, notre bureaucratie fonctionne, et notre économie est relativement en bonne forme aussi» explique-t-il.

«Pour certaines personnes, le fait qu’aucun des deux camps n'acceptent de compromis reflète le choix des électeurs, du coup ce que nous voyons là est en fait la démocratie en fonctionnement» poursuit-il. Devos critique donc le fait que les Belges veulent en apparence que leurs politiciens soient d'accord sans faire de compromis, pour lui «ça ne marche pas ainsi».

Paralysie Politique

Face à la situation politique du pays, et exceptées quelques scènes d'autodérision typiquement belges -telles les étudiants à Gand qui fêtaient le Guiness Record de la plus longue période sans gouvernement pour un pays en temps de paix, record que la Belgique vient de ravir à l'Iraq- ce sont l'apathie et l’indifférence qui règnent.

D'après Devos, c'est justement là que le danger guette. «Les gens se mettent à rêver maintenant d'une démocratie sans politiciens. Je les avertis que c'est une illusion à court terme. Pourquoi? Nous devons urgemment réformer la justice, nous devons prendre des décisions difficiles concernant l'âge de la retraite, nous devons faire des coupes budgétaires, l'énergie est trop chère, l'immigration est une catastrophe et ainsi de suite. Si on ne résout pas ces questions, nous marchons au devant de problèmes».

Certains ne voient aucun problème au fait de reporter la prise de ces décisions, pourtant l’absence d'un gouvernement soutenu de tous ne règle pas le fait qu'on n’ait personne à qui s'adresser pour les problématiques du bien-être futur de la nation. «Ce n'est absolument pas une bonne chose pour le pays»  affirme Devos.

Bien que la Belgique dispose de 12 grands partis politiques et d'une multitude de petits autres, pour Devos il y a dans le système politique belge un défaut structurel: clairement dit, la Belgique a deux démocraties en une.

Il n'y a aucun vrai parti politique «belge»  en Belgique - ils sont soit Flamands soit Wallons. Il n'y a pas non plus de langue belge, ni  de média national puisque la TV, la radio et les journaux sont soit Flamands, soit Wallons. Chaque nation dispose de son propre système éducatif et même de ses équipes sportives.

«Si nous disposions de partis politiques fédéraux [composés de politiciens tant flamands que wallons], ils auraient un effet modérateur sur les aspirations régionales. Ils adopteraient des positions qui conviennent aux deux communautés» déclare Devos, qui admet toutefois: «Je crains que cela n'arrive jamais».

Article en anglais : http://www.theepochtimes.com/n2/world/after-a-year-of-squabbling-belgium-still-has-no-government-57579.html