Champagne bio : rencontre avec une pionnière

Écrit par Catherine Keller, La Grande Époque
08.06.2011

  • vigne(攝影: / 大紀元)

Le champagne est riche d’une longue histoire qui l’a amené à être mondialement connu. Sur toute la planète, il accompagne les fêtes, les inaugurations et les célébrations. Son succès incite les producteurs à fournir toujours plus pour satisfaire la demande. Or, la production de champagne est régie par des règles très strictes qui limitent la superficie cultivable, le cépage et le mode de fabrication. Pour produire du raisin de qualité, les vignes sont traitées chimiquement, ceci n’est pas sans effet secondaire. Des pionniers ont choisi la culture biologique, voire biodynamique...

Le champagne est riche d’une longue histoire qui l’a amené à être mondialement connu. Sur toute la planète, il accompagne les fêtes, les inaugurations et les célébrations. Son succès incite les producteurs à fournir toujours plus pour satisfaire la demande. Or, la production de champagne est régie par des règles très strictes qui limitent la superficie cultivable, le cépage et le mode de fabrication. Pour produire du raisin de qualité, les vignes sont traitées chimiquement, ceci n’est pas sans effet secondaire.

 

Des pionniers ont choisi la culture biologique, voire biodynamique au grand dam de la viticulture conventionnelle. Avec patience, endurance et tolérance, ils se lancent dans cet inconnu qu’ils apprennent à maitriser pour devenir de vrais artistes. Leur champagne est reconnu, les anciens retrouvent des saveurs perdues et leur production s’enrichit d’une palette de goûts oubliés. 

Chaque terroir offre un parfum typique. La terre de Champagne est crayeuse, ce qui donne aux raisins un goût particulier. La Marne, l’Aube et l’Aisne sont les régions productrices, ce qui représente 35.000 hectares de vignobles. C’est grâce à son climat et son terroir que ce vin est si particulier. Bien que située au nord de la France, la Champagne bénéficie d’automnes ensoleillés et d’hivers tempérés. Le raisin est cueilli à la main (50 à 60 kilos/heure) et soigneusement emmené au pressoir. Les vendanges durent 3 à 4 semaines.

Fabrication du champagne

Seuls les cépages du Chardonnay, du pinot noir et du pinot meunier composent ce nectar. Le raisin est mis en cuve et les levures durant la fermentation transforment le sucre du raisin en alcool. Plusieurs mois après, les différents cépages provenant de divers endroits et diverses années sont assemblés, à cela est ajouté la levure et le sucre. Cette fermentation se fait en bouteille fermée avec une capsule (la prise de mousse).

 

Elles sont stockées horizontalement dans des caves fraîches au minimum neuf mois et sont ensuite placées, toujours à l’horizontale, sur un pupitre. Chaque jour, elles sont tournées d’un quart de tour et inclinées petit à petit la tête vers le bas, afin que le dépôt descende dans la capsule. Vient ensuite la phase du dégorgement : on ouvre rapidement la bouteille pour retirer le dépôt. Cela demande une grande dextérité. Finalement, on appose le fameux bouchon et le muselet. Environ 250 millions de bouteilles sont ainsi produites chaque année.

Françoise Bedel nous parle de sa production biodynamique

Comment êtes- vous arrivée à la biodynamie ?

Françoise Bedel : Mon fils est né en 1980. Il était malade et a pris des médicaments allopathiques durant deux ans. En 1982, je me suis aperçue que ceux-ci l’empoisonnaient. J’ai découvert la médecine anthroposophe homéopathique qui l’a soigné. C’est ainsi que j’ai découvert cette méthode de production. J’ai ressenti le besoin de cultiver autrement. Durant la conversion du domaine, j’ai appris à travailler avec la nature. Au début, ce n’était pas facile de faire accepter cette démarche aux autres producteurs. Mais nous avons remarqué que les choses changent beaucoup et rapidement. Les gens sont bien plus ouverts et l’idée d’un champagne bio fait son chemin.

Comment luttez-vous contre les maladies ?

Françoise Bedel : Pour limiter les attaques de maladies, une observation quotidienne nous indique quelle tisane ou préparation homéopathique nous allons appliquer. Ces plantes (ortie, prêle, achillée) vont réguler l’équilibre de la vigne. Suivant le temps, l’état de la vigne et notre ressenti personnel, nous utiliserons telle ou telle plante. Cela permet de diminuer les doses de cuivre ou de soufre, la réglementation pour la culture biologique les limitant.

Comment cultivez-vous la terre ?

Françoise Bedel : Nous travaillons la terre de trois façons. Premièrement, nous laissons pousser l’herbe comme elle vient. Ce qu’on appelle mauvaises herbes sont en fait des indicatrices de la qualité du sol. Elles choisissent la terre en fonction de leur besoin, acide ou calcaire, riche, pauvre, humide, sèche… Sur les terres lourdes, nous semons en automne différentes céréales qui vont décompacter le sol par la racine.

 

Au printemps, nous coupons la céréale avant la formation de l’épi et griffons la terre. En se décomposant, ces plantes vont nourrir la vigne. La dernière méthode consiste à buter la terre en automne et débuter au printemps. Là aussi, nous observons les réactions de la vigne pour mieux adapter nos méthodes au cépage et à la parcelle.

Comment faites-vous pour que les autres producteurs ne traitent pas vos terres ?

Françoise Bedel : J’essaie d’avoir une bonne entente avec nos voisins. Je leur demande de ne pas traiter l’entre-deux que nous avons en commun, ce qui finit par se réaliser. Il faut être respectivement tolérant et vivre en bons termes. Nous avons la chance d’avoir de grandes parcelles (8,5 hectares), ce qui limite les conflits d’intérêts. De plus, nos parcelles sont marquées pour être repérées par les hélicoptères. Cela les oblige à ne pas traiter à 15 mètres de nos vignes.

Quelle est la différence entre votre mode de vinification et ce qui se pratique couramment ?

Françoise Bedel : Grâce à la qualité de notre moût, il est très rare que nous chaptalisions*. Au moment de la vinification, nous essayons de travailler avec notre propre levure, mais c’est difficile, nous sommes en expérimentation. Nous utilisons du sucre de canne bio. Nous vieillissons nos vins plus longtemps car ils l’exigent.

 

Nous les vendons après 3, 4, 5, 6 ans au lieu de 15 mois. Nous avons fait ce choix pour assurer la qualité de nos champagnes.Mon champagne est vendu au domaine ainsi qu’à des restaurateurs et j’exporte aux USA, en Angleterre, au Japon et en Italie. Je voudrais développer la vente dans les pays du nord comme la Norvège, la Suède ainsi que sur la côte ouest des USA.

* chaptaliser : ajouter du sucre pour augmenter le taux d’alcool du vin

Sources :

Domaine François Bedel Crouttes-sur-Marne : Françoise Bedel fait partie de l’association AIVABC dont le président est M. Bertrand Gauthrot et le syndicat interprofessionnel Biodyvin (qui regroupe uniquement les producteurs biodynamiques) dont le président est M. Humbrecht.

www.champagne-francoise-bedel.fr